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« The Last of Us » et l’espoir

Une série sur la fin du monde avec un personnage principal qui donne espoir en l'humanité

Par
Benoît Lelièvre
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Hier soir, c’était la grande première de la série télé The Last of Us. Encore une autre série post-pandémique, cauchemardesque et alarmiste pour nous rappeler que malgré tout ce qu’on a enduré, ça a failli être la fin du monde tel qu’on le connaît.

Il y a peut-être un peu de ça, oui, mais pas que.

Voyez-vous, The Last of Us est l’adaptation d’un jeu vidéo paru il y a déjà dix ans. À l’époque, les zombies et l’imaginaire post-apocalyptique avaient la côte. Tout le monde parlait de The Walking Dead autour de la machine à café et jouait à qui-choisir-dans-son-équipe-de-fin-du-monde autour d’une bière. Malgré la compétition féroce, The Last of Us a quand même marqué son auditoire au fer rouge et hier soir, un trauma bien enfoui se réveillait sur les ondes de HBO.

Fidèle à sa réputation, The Last of Us a annoncé haut et fort qu’elle ne sera pas une série comme les autres, car elle explore un sentiment viscéral et fédérateur malgré tout : l’espoir.

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Perdus dans les ténèbres

Dans l’univers de The Last of Us, la société a été détruite par une infection fongique au cerveau qui transforme le commun des mortels en zombies hyperviolents. Les humain.e.s restant.e.s vivent dans des zones de quarantaines placées sous le contrôle du gouvernement et de différents groupes rebelles.

Hier, l’épisode When You’re Lost in the Darkness servait de présentation aux deux personnages principaux. Joel (contre-intuitivement interprété par le sexy et jovial Pedro Pascal), un homme hanté par le meurtre de sa fille commis par un soldat en panique lors des premiers jours de pandémie, et Ellie (Bella Ramsey), porteuse du virus ayant décimé le monde sans toutefois en exprimer les symptômes.

Le choix audacieux de Pedro Pascal dans le rôle principal s’avère payant, du moins dans cet épisode initial dans lequel il réussit à transmettre cette sensibilité et cette lumière intérieure si propre au personnage.

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When You’re Lost in the Darkness est majoritairement dédié à Joel, Ellie n’apparaissant qu’en deuxième moitié d’épisode pour ne nous dévoiler son secret qu’à la toute fin. Malgré la perte de la lueur de sa vie, il n’a jamais complètement perdu espoir. C’est pourquoi, par refus de laisser le meurtre de sa fille contrôler son existence, il devient contrebandier avec sa partenaire Tess, empêchant catégoriquement à sa noirceur existentielle de l’engloutir.

Le choix audacieux de Pedro Pascal dans le rôle principal s’avère payant au sein d’un épisode initial dans lequel il réussit à transmettre une sensibilité et une lumière intérieure si propre au personnage. Une telle résilience face à la menace d’anéantissement présente en chacun d’entre nous, peu importe si la situation semble sans issue, est ce qui fait de The Last of Us une histoire si inoubliable.

Adapter un jeu vidéo : mission possible ?

Les gamers vous diront qu’il est très difficile d’adapter un jeu vidéo. Du fiasco de Super Mario Bros à celui d’Assassin’s Creed en passant par le catalogue complet d’Uwe Boll, les échecs se suivent et se ressemblent. La raison derrière cette suite ininterrompue de navets est très simple, à mon avis : un personnage de jeu vidéo ne prend tout son sens que lorsqu’on l’incarne. Ce lien puissant qui l’unit aux gamers vient du fait qu’il agit à leur place et partage leur intériorité.

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De plus, nous mettons beaucoup de nous-mêmes dans un personnage de jeu vidéo. Si cette proximité nous est enlevée, on ne se retrouve souvent plus que face à des personnages niais, vides et dénués d’intérêt.

Nous mettons beaucoup de nous-mêmes dans un personnage de jeu vidéo. Si cette proximité nous est enlevée, on ne se retrouve souvent plus que face à des personnages niais, vides et dénués d’intérêt.

Sauf que Joel Miller, lui, possède cette sensibilité et cette persévérance nécessaires. C’est d’ailleurs la marque de fabrique des jeux vidéo produits par la compagnie Naughty Dog : raconter des histoires complexes et entières. Elle compte aussi à son catalogue la série Uncharted avec le charismatique Nathan Drake en rôle principal, cet Indiana Jones version fuckboy sympathique. L’adaptation a toutefois eu un peu moins de succès.

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Une autre raison derrière l’engouement suscité par l’adaptation de The Last of Us est le format télévisuel qui semble mieux adapté aux nuances narratives. When You’re Lost in the Darkness a pris tout son temps (80 minutes, plus exactement) pour asseoir une atmosphère ténébreuse et faire briller la lumière intérieure de Joel.

Avec ce niveau d’amour et d’attention au détail, on est en droit d’espérer déjà le meilleur. Ce maudit espoir ne nous quitte jamais, que ce soit pendant la fin du monde comme face aux petites contrariétés culturelles. On se revoit la semaine prochaine, Joel.