Logo

The Boys saison 3, toujours du génie ou de la fatigue ?

Soyons honnêtes, l’intrigue peine à capter notre attention.

Par
Marine Langlois
Publicité

The Boys est arrivé en 2019 comme une bouffée d’air frais dans le paysage audiovisuel très saturé des super-héros. Adapté des comics du même nom de Garth Ennis et Darick Robertson, la série dénote de par son ton barré, ses héros politiquement incorrects et ses scènes dont le gore n’a rien à envier à certains films d’horreur. Si avec sa troisième saison, The Boys continue de faire beaucoup parler d’elle – merci les scènes chocs – on ne peut s’empêcher de se demander si elle a toujours quelque chose d’intéressant à dire.

Car depuis son commencement, The Boys semble avoir un objectif clair au-delà du simple divertissement: dépeindre un monde (réaliste, on ne va pas se mentir) où les super-héros se seraient laissé corrompre par la célébrité, l’argent, le pouvoir, le tout sous la houlette d’une grosse entreprise appelée Vought International. La vraie personnalité des Seven, les Avengers locaux, est bien différente devant et derrière la caméra, en particulier celle de leur leader aux mommy issues beaucoup trop prononcées, Homelander (un Antony Starr brillant).

Publicité

Certains citoyens lambdas ne sont évidemment pas dupes et souhaitent les arrêter, ici réunis sous le nom de “The Boys” et le leadership de William Butcher. Ce dernier et sa bande sont loin d’être irréprochables, résumant bien la morale de la série: le monde est mauvais et les bonnes personnes se font rares.

Aussi divertissante qu’oubliable

Cette morale est à des kilomètres du monde des super-héros Marvel où, même si certaines œuvres se veulent plus sombres, tout reste très édulcoré. Des héros fascistes comme reflet de notre monde où l’extrême-droite ne cesse de progresser ? Cela n’aurait jamais été montré aussi explicitement dans des programmes Disney alors que The Boys n’a jamais été aussi dans son temps que pendant l’ère Donald Trump. Ce dernier est parti (laissant derrière lui le fascisme bien déjà présent avant son arrivée) mais The Boys est restée la même, nous donnant à voir la même histoire répétitive épisode après épisode.

Publicité

Pour être complètement honnête, au-delà des scènes marquantes de par leur obscénité, l’intrigue de cette troisième saison (voire de la deuxième) ne marque pas vraiment. Pourquoi Annie est-elle encore dans les Seven ? Pourquoi Butcher a-t-il d’un coup des super-pouvoirs ? Pourquoi l’ancienne patronne de Frenchie est-elle présente ? Les réponses à ces questions peuvent sûrement être trouvées dans les épisodes mais The Boys peine à garder notre attention pour se souvenir d’autre chose que d’une fellation réalisée par une pieuvre. Malheureusement, la série est devenue aussi divertissante qu’elle est facile à oublier.

Un nouveau souffle

Beaucoup de choses restent réussies dans The Boys. Les scènes de combats, certains moments obscènes ou juste improbables font toujours rire, notamment l’épisode Herogasm où des super-héros se rejoignent pour une orgie géante parce qu’après tout, pourquoi pas ? La série brille aussi dans sa manière de se moquer des célébrités, en parodiant ouvertement la fameuse pub Pepsi avec Kendall Jenner mais aussi la vidéo où une ribambelle de stars – Gal Gadot en tête – chantent Imagine depuis leur immense villa pour tenter d’éradiquer le coronavirus.

Publicité

Mais au final, The Boys tombe dans les mêmes modèles répétitifs que les programmes de super-héros qu’elle ne cesse de moquer. Il ne s’agit pas de dire que la série doit changer complètement, il reste passionnant de voir les problématiques de notre ère (la culture des armes, l’information spectacle, la corruption, le capitalisme, le racisme systémique, etc) reflétées dans un monde de super-héros. The Boys a juste besoin de retrouver l’effet nouveauté qui faisait sa réussite à ses débuts. D’un nouveau souffle.