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« T’es épileptique, on n’accepte pas les personnes malades »

En partenariat avec la ZEP (Zone d’Expression Prioritaire).

Par
La ZEP
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Ce récit provient des ateliers d’écriture animés par les journalistes de la Zone d’Expression Prioritaire (la ZEP), un média qui accompagne l’expression des jeunes pour qu’ils et elles se racontent en témoignant de leur quotidien et de toute l’actualité qui les concerne.

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Je voudrais changer ma vie actuelle car je ne fais rien en ce moment. Mes trois ans de chômage ont été difficiles et je voudrais savoir ce que deviendrait ma vie si je trouvais un travail. Mais rien n’y fait. J’ai envoyé des CV et des lettres de motivation à des entreprises pour travailler avec les animaux. N’importe quel boulot m’irait !

Une fois, je suis entrée dans une entreprise pour savoir s’ils embauchaient. J’ai attendu longtemps à l’accueil pour avoir une réponse, je me suis sacrifiée pour voir le patron du magasin. Il m’a accueilli dans son bureau et m’a proposé de m’asseoir. J’ai parlé avec lui normalement mais il a fait le blasé, il avait un comportement assez froid et peu professionnel. J’ai parlé avec lui pendant dix minutes et il m’a fait sortir de son bureau sans gêne, même pas de « au revoir ».

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Il me regardait comme un insecte

Je suis sortie mais j’étais assez mal dans ma tête. J’ai préféré ne pas trop monter sur mes grands chevaux, alors j’ai attendu la réponse. Il m’a proposé de revenir. Là, il m’a dit franc-jeu ce que je ne voulais pas entendre : « T’es épileptique, on n’accepte pas les personnes malades. »

Alors que mon handicap est plutôt discret en ce moment ! Ça fait trois mois que je n’ai pas fait de crises. L’épilepsie est une maladie fréquente mais il y en a plusieurs catégories. Moi, c’est les convulsions, mais ce n’est pas souvent.

Quand je suis sortie, j’ai pleuré en sanglots car il avait l’air du Président à me regarder de haut en bas comme si j’étais un insecte. Je suis rentrée chez moi et j’ai raconté à ma famille. Ils étaient énervés et voulaient même aller voir le patron, mais je leur ai dit que ça ne servait à rien : j’ai tenté d’obtenir un poste chez eux mais il m’a dit franchement ce qu’il pensait de mon état actuel en tant qu’épileptique. Point final.

Dans mon cœur, je ne me suis pas découragée

Ce n’était pas la première fois. Un jour, je me suis rendue dans un magasin d’animalerie pour essayer d’avoir une place dans le lot. Le patron m’a conseillé de ne pas travailler dans ce genre de programme car c’est très énergique et trop de responsabilités avec les animaux canins, félins et autres. Avec ma maladie, il n’était pas « trop convaincu »… Mais il m’a encouragée à trouver un travail. Il m’a vraiment soulagée par ses propos. Alors, dans mon cœur, je ne me suis pas découragée.

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Un jour, j’ai fait un CV assez convaincant et je l’ai envoyé à des entreprises, des magasins et des centres d’élevage. J’ai attendu longtemps mais malheureusement la plupart des patrons n’ont pas accepté. Je voudrais découvrir ma vie en tant que professionnelle. Si possible dans ce que je veux faire : travailler avec les animaux ! N’importe quel boulot tant que c’est avec eux.

Je voudrais me découvrir moi, sans faire de stress au sujet du travail et de la vie en entreprise. Trouver ce que la vie me réserve. Cette fois-ci, j’aurais peut-être ma chance, une chance de faire quelque chose de ma vie.

Lilia, 25 ans, en recherche d’emploi, Paris.