Tempête Ciaran : ou quand le choix du nom n’a aucune portée symbolique

La tempête Ciaran s’est abattue sur les côtes françaises ce jeudi 2 novembre, et causé de gros dégâts des Hauts-de-France jusqu’aux terres bretonnes. Des centaines de milliers de foyers ont été privés d’électricité, des arbres et des toitures ont été arrachés, et les rafales de vent à plus de 167km à l’heure ont entraîné la mort d’au moins 3 personnes, et fait une cinquantaine de blessés.

De quoi comprendre la décision des services météorologiques irlandais – dont le littoral a été le premier affecté – de nommer ce phénomène dévastateur Ciaran (à prononcer Kia-ran), qui renvoie en galéique à la notion d’obscurité et de noirceur. À ceci près que cette explication très littéraire, relayée par plusieurs médias français, n’est pas vraie. En effet, l’appellation de cette perturbation atmosphérique n’est pas une référence savante et lyrique au patrimoine celte, mais un hommage très prosaique au météorologue Ciarán Fearon, un fonctionnaire nord-irlandais qui travaille à la surveillance des crues. Car lorsqu’il s’agit de marquer les esprits en utilisant le nom d’une célébrité, ou bien d’honorer une personne inspirante mais totalement anonyme en faisant passer son nom à la postérité, la science et les entreprises ne manquent jamais d’idées !

Avant la redoutable tempête Ciaran, il y a eu la tempête Babet. Un nom qui évoque davantage une appli de rencontres pour ornithologues amateurs, qu’un terrible cyclone. Et là encore, le comité de décision ne s’est pas torturé les méninges très longtemps pour baptiser ce nouveau phénomène. Il a pioché dans la liste de suggestions qu’il avait en réserve, et retenu le nom d’une touriste qui a visité le siège de l’agence météorologique néerlandaise (la KMNI) lors d’une journée portes-ouverte. Il faut dire que la vacancière avait chèrement défendu sa candidature en expliquant être elle-même née durant une tempête…

En 2022, un entomologiste américain fan de Taylor Swift, a choisi de baptiser une nouvelle sorte de millepattes Nannaria swiftae, du nom de sa chanteuse favorite. Un hommage d’autant plus compréhensible, que l’espèce découverte serait endémique de l’État du Tennessee, où l’artiste a fait ses gammes. L’interprète de Blank Space n’a malheureusement toujours pas réagi à la nouvelle. Et c’est bien dommage ! Car si nombre de popstars remportent un Grammy Award durant leur carrière, peu d’entre elles peuvent se targuer de désigner un type de myriapodes.

En passant commande en ligne pour un bouquin à propos de la modélisation informatique, John Wainwright n’imaginait pas que son patronyme serait presque trente ans plus tard associé au siège d’une des entreprises les plus rentables du monde. Et tandis que des marques dépensent des millions pour donner leur nom à des stades ou des bâtiments, il n’aura fallu à cet Américain que débourser la modique somme de 27 dollars, et être le premier client à utiliser le site d’e-commerce de Jeff Bezos, pour qu’Amazon lui dédie l’un de ses buildings de Seattle.

En 2017, un biologiste canadien a choisi le nom de Donald Trump pour désigner une nouvelle espèce de papillons vénézuélienne (le Neopalpa donaldtrumpi). Le point commun entre l’insecte découvert et l’ancien Président des Etats-Unis, hormis leur tendance à brasser beaucoup d’air ? La couleur des écailles du lépidoptère, qui rappelle la chevelure jaune-pisse de l’homme politique.

Après son apparition remarquée sur le tapis rouge en robe-carpaccio il y a quelques années, on aurait pu croire que le premier végétal mettant Lady Gaga à l’honneur serait une plante carnivore, mais il n’en est rien. C’est une nouvelle espèce de fougères qui a été choisie pour rendre hommage à la carrière de la popstar en 2012. Les botanistes qui ont décidé de cette appellation ont justifié leur choix par le caractère singulier de la plante, qui, loin d’être une vulgaire tige feuillue, possèderait une structure génétique qui la distinguerait de toutes les autres.