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Témoignage exclusif de la fille qui s’est fait pipi dessus devant son date
# Meuf, je viens de me faire pipi dessus.
# J'ai dû courir dans un restaurant.
# J'ai mouillé mon pantalon.
# J'avais tellement envie, j'ai pas réussi à me retenir.
Voilà la succession de messages envoyés à ma meilleure amie, un soir du mois de mai. Assise sur les toilettes d’un bar-restaurant, mon jean bleu clair a mes chevilles était complètement trempé. La partie supérieure de celui-ci était devenue bleu foncé et affichait une énorme tache humide. Je tenais ma tête entre mes mains et je répétais à haute voix « mais qu’est-ce qu’il vient de se passer ? ». Je venais de me pisser dessus, place de la Bastille, face à mon date Tinder. Comment j’avais pu en arriver là ?
Tout s’est passé un samedi qui aurait pu être le plus banal possible. Mai 2021 : la capitale reprend son souffle après trois confinements et un an de Covid. Si les bars rouvrent doucement, le couvre-feu, lui, continue de nous inviter à rentrer chez nous dès 21h. Je n’ai pas rencontré beaucoup d’hommes au cours de l’hiver, alors je me suis remise sur les applications dès les premiers rayons du printemps. Il y a ce garçon de mon âge, qui correspond à mes critères. Lorsqu’après avoir échangé quelques messages, il me propose de nous retrouver au musée d’Orsay, je suis conquise.
Le matin même, il fait beau, même chaud : je décide d’aller courir 10 km. Quand Paris s’éveille, j’aime me croire dans Emily in Paris et gambader le long des quais. C’est sans compter la chaleur tapante qui me provoque une légère déshydratation. Le reste de la journée, je bois beaucoup pour compenser cette course sous un soleil de plomb.
Le date se passe à merveille, j’étale ma confiture sur Van Gogh et on partage des anecdotes entre deux statues. Une fois la visite du musée terminée, chacun rentre chez soi. Quelques heures plus tard, monsieur Tinder m’appelle et me propose de le retrouver pour boire un verre.
Les terrasses sont pleines, on décide donc de prendre nos boissons à emporter et on les déguste au Port de l’Arsenal. Une nouvelle fois, la connexion est présente. Je ne sais pas si c’est la bière ou ses histoires, mais ce grand blond à l’humour piquant coche les cases. Il me parle de sa relation avec sa sœur, de son métier, je bois ses paroles autant que ma bière et surtout, je commence à vraiment le désirer. Le temps file à toute vitesse et je suis décidée à le ramener chez moi.
Nos bières terminées, il est 21h20 et nous sommes officiellement dans l’illégalité : le couvre-feu est établi depuis 20 minutes. Pourtant, aucun de nous n’a envie de terminer la soirée maintenant. J’habite à 10 minutes de vélo, on décide d’acheter une pizza et une bouteille de vin sur le chemin et de continuer la soirée chez moi. C’est à ce moment-là que mon corps décide de me jouer un mauvais tour.
Je perds confiance en moi, en ma vessie, en la vie.
Durant plus de deux heures, j’étais complètement déconnectée de la réalité. Plongée dans ses yeux bleus, je n’ai pas réalisé ce qui se jouait en moi. Lorsque je me lève, tout se remet à sa place : j’ai très envie d’aller aux toilettes. Néanmoins, je n’ai peur de rien, je me rassure, repensant à toutes ces fois où je me suis retenue. « Après tout, 10 minutes de vélo, ce n’est rien », pensais-je. On avance sur quelques mètres, et je comprends que ce n’est pas une petite envie, je suis incapable de tenir 10 minutes. En réalité, je ne tiendrai même pas 2 minutes.
Je perds confiance en moi, en ma vessie, en la vie, peut-être que boire l’équivalent de mon poids pour compenser ma course sous le soleil n’était pas une si bonne idée. Sur la place de la Bastille, j’aperçois au loin des toilettes publiques. J’annonce à mon date que je vais y faire un stop. « J’ai très envie de faire pipi », lui expliquais-je. Il rigole, me taquine sur le fait que si j’utilise ces toilettes, c’est que ça doit vraiment être le cas. Il n’a pas idée !
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais non, il fallait qu’une fois devant lesdites toilettes, elles ne fonctionnent pas. Ma vessie, elle, fonctionnait très bien, puisqu’à la seconde où j’ai appuyé sur le bouton, elle s’est mise en marche. J’ai alors commencé à me faire pipi dessus, face à des toilettes publiques place de la Bastille, aux côtés du mec que j’avais très envie de déshabiller.
À cet instant, je garde la face. Il n’a peut-être rien vu. Je réussis, tant bien que mal, à faire comprendre à mon cerveau que non, ce n’est pas le moment. Tiens bon petite vessie ! L’homme à mes côtés m’indique un restaurant en train de fermer sa terrasse. C’est ma chance, je n’ai pas le choix, je dois contracter tout mon corps quelques secondes de plus et tout ira bien.
Je marche vite, j’essaye de garder un semblant d’humilité.
Mal à l’aise qu’il puisse voir la tache qui se forme tout doucement sur mes fesses, je lui demande de m’attendre là. Je marche vite, j’essaye de garder un semblant d’humilité. Cependant, une fois au passage piéton, je comprends que ce n’est pas aujourd’hui que je brillerais par ma classe et mon élégance. Le feu est rouge, pour les piétons évidemment, malheureusement ma vessie, elle, n’a que faire des couleurs, puisque je recommence à me pisser dessus. Mon corps n’en fait qu’à sa tête, je n’ai plus aucun contrôle.
Le feu devient vert, je cours jusqu’au restaurant où le serveur range les tables. Sans respirer ni articuler, je lui lance un « Bonjour monsieur, je suis en train de me faire pipi dessus, est-ce que je peux utiliser vos toilettes » et je pénètre dans l’établissement en trombe. Je ne réfléchis plus à rien, je vois des escaliers, je descends les marches trois par trois. Du côté de mon pantalon, le jet est inarrêtable, je fais une croix sur la possibilité de sortir de tout ça indemne : je serais trempée, que je le veuille ou non.
Je me jette sur les toilettes. Il est 21h25 un samedi de couvre-feu. Mes nefs lâchent, je pourrais pleurer, au lieu de ça, je rigole. Je m’interroge sur ce qui a bien pu se passer en cinq minutes. Tout ce que je voulais, c’était ramener cet homme chez moi et passer une bonne soirée. Au lieu de ça, j’ai le jean trempé d’urine (mais au moins, c’est la mienne). Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?
Dans ma tête, je ne pense qu’à deux options : la première consiste à ghoster cet homme, sortir du restaurant et disparaître, ne plus jamais lui écrire, faire la morte. La seconde, c’est la vérité, prendre mon honneur sous le bras, remonter des toilettes et assumer. Si ça lui pose un problème, grand bien lui fasse.
J’aurais pu avoir l’idée de la fuite d’eau, asperger mon jean avec le lavabo et inventer une histoire improbable. Seulement, je n’y ai même pas pensé. Mon pantalon trempé contre ma peau, je ne voyais pas d’autres options.
D’abord, j’ai mis ma veste autour de ma taille, ensuite, je me suis lavée les mains, je me suis fait un clin d’œil dans le miroir et en route vers la vérité.
J’ai décidé de lever le tabou sur l’urine, car oui, ça arrive.
J’ai remercié le restaurateur grâce à qui j’ai évité le pire et je suis retournée place de la Bastille où mon date m’attendait. Sans trop réfléchir, je lui ai simplement annoncé que j’étais très embarrassée. Il m’a demandé si j’avais été malade, je me suis donc entendu lui répondre « Non non, je me suis juste fait un peu pipi dessus. Je ne comprends pas, ça ne m’est jamais arrivé avant ». Un peu, en voilà un bel euphémisme !
Je lui ai proposé de remettre notre pizza à un autre jour, que s’il voulait partir, je comprendrais. Au lieu de ça, il a réagi de la façon la plus normale possible : il n’en a pas fait une affaire, il n’a pas rigolé, il n’a pas posé de questions. Il s’est occupé de la pizza et du vin, quand de mon côté, je suis rentrée prendre une douche, cacher les preuves de cet acte manqué. Je l’ai attendu quelques minutes dans mon salon, fraîche et sans urine.
La suite ? La pizza était bonne, le vin m’a vite fait oublier que quelques heures avant, je pédalais sur mon vélo les fesses baignant dans mon pipi. Le reste de la nuit m’a prouvé que l’on pouvait vivre un moment gênant, et quand même prendre son pied.
Incontinence ou fuite urinaire ? Peut-être un peu tôt à 25 ans. C’est plus commun chez les femmes enceintes et chez les personnes de plus de 65 ans. Mais en réalité, chez les jeunes adultes aussi, ça peut arriver. Cette « histoire du pipi », je l’ai raconté autant de fois que possible. J’ai décidé de lever le tabou sur l’urine, car oui, ça arrive ! J’ai même été étonnée d’apprendre que d’autres personnes de mon âge, s’étaient déjà fait pipi dessus. Quelques fois lors d’un fou rire, d’une soirée trop alcoolisée, du stress ou comme ce jour-là, par distraction.
Et finalement, on s’en remet. Évidemment, si un jour ça t’arrive, tu ressentiras certainement un malaise. En tant que femme, on est censée être belle, propre et ne jamais vivre d’épisode embarrassant. Pourtant, cela fait partie de la vie : un matin, tu vas courir, tu es déshydratée et le soir, tu te fais pipi dessus pendant ton date Tinder. Le point positif, c’est que si la personne en face est un tant soit peu bienveillante, elle n’en fera pas quelque chose de grave. Parce que moi et mon cul mouillé, on peut te le confirmer : ce n’est pas grave.