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Introduit il y a plus d’un siècle en France par Michelin (histoire d’encourager la vente de ses pneus) avec l’adoption d’une loi numérotant les routes de France, le lobbying est depuis bien installé dans nos hémicycles. Pour le meilleur, mais bien souvent pour le pire. En voici un exemple parlant de 2017, avec Michel Raison, ex-sénateur LR :
En 2025, le lobbying est partout y compris sur Instagram, avec un micro-trottoir de Magali Berdah qui se la joue apprentie journaliste pour la marque d’ultra-fast-fashion SheIN. C’est vrai ça, vous trouvez pas que taxer la marque revient à rendre la mode moins accessible ? SheIn est TELLEMENT humaniste.
En évoluant dans ses techniques, le lobbying s’est surtout radicalisé ces dernières années. Exemple récent : une intimidation visée contre Claire Nouvian, fondatrice de BLOOM qui lutte contre la destruction des océans.
Il y a semaine, un débat sur la pêche industrielle a été perturbé par un son venu du fond de la salle, un chant métallique, “sans doute produit avec l’IA”, qui scandait haut et fort : “CLAIRE NOUVIAN MENT, CLAIRE NOUVIAN MENT”.
“Le dispositif avait été pensé ainsi : la boîte était vissée pour nous empêcher d’éteindre rapidement l’enceinte… mais percée pour permettre au son de sortir. Rapidement, nous comprenons que l’enceinte a été déclenchée à distance par une personne présente dans la salle”, raconte la militante écologiste.
L’homme à l’origine du dispositif est identifié comme faisant partie du lobby de la pêche au thon qui défend notamment le chalutage en mer. Pour Claire Nouvian, la guerre des lobbies industriels se fait “désormais à grande échelle” avec des méthodes ”poutino-trumpistes” visant à “intimider”, voire à “terroriser”.
Ces cas sont loin d’être isolés. Il y a un an, la journaliste Camille Étienne, qui s’est beaucoup mobilisée pour l’adoption de la loi contre les PFAS, a raconté les menaces reçues à Libération :
Les menaces visent aussi les journalistes locaux. C’est le cas en Bretagne de Morgan Large, journaliste spécialisée dans les questions environnementales, ciblée depuis son enquête sur l’agro-industrie.
Sa voiture a été sabotée à deux reprises : en 2021 et en 2023.
Les intimidations des lobbies visant les journalistes et les chercheurs se font également de manière plus discrète. L’association Pollinis de défense des abeilles a été attaquée en justice par le lobby des pesticides pour “dénigrement”.
Ces poursuites-bâillons, appelées SLAPP (Strategic Lawsuits Against Public Participation), visent à intimider et épuiser financièrement les opposants à certains lobbies.
Les lobbies sont prêts à tout… et pourquoi pas se prendre pour un service de renseignement ? C’était le cas de Monsanto, épinglé par la CNIL pour avoir fiché (illégalement) 200 personnalités publiques en plein débat sur l’interdiction du glyphosate.
Résultat : une petite amende de 400 000 euros, mais l’herbicide a obtenu un sursis de 10 ans auprès de l’Union européenne.
Et sinon en vrai, vous préférez les lobbys ou Chantal Lauby ?