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Stéréotypes de genre au resto : les couples hétéros passent au grill
Quand on parle de “stéréotypes de genres” au restaurant, on pense d’abord à ce qui se passe en cuisine. Car avec moins de 10 % de femmes cheffes étoilées au sein de la dernière édition du Guide Michelin, alors qu’elles représentent pourtant de 31 à 50% des effectifs des brigades, le cliché du chef cuisinier toqué qui transpire de la moustache derrière ses fourneaux a encore la dent dure. Mais une étude parue récemment sur le site de Zenchef (une entreprise qui offre des solutions de gestion de réservation pour les professionnels de la restauration), a choisi quant à elle de s’intéresser à cet enjeu des comportements genrés à travers la clientèle des bistros et gastros – et plus particulièrement à travers les dynamiques dans les couples hétéros. Ainsi, pour y voir plus clair dans l’épaisse bouillabaisse des préjugés sexistes, elle a confié à l’Ifop la lourde tâche de passer au grill 1525 personnes âgées de 18 ans ou plus, et représentatives de la population française. Et derrière le doux fumet des petites assiettes à partager et des plats en sauce, ça cocotte encore sévère. Voici les 5 infos majeures à retenir de cette (longue) étude, à retrouver dans son intégralité sur leur blog.
LES BONS COMPTES FONT LES BONS AMANT.ES
Sans surprise, lorsqu’il s’agit de payer la douloureuse, les hommes français pensent encore qu’il leur revient de mettre la main au portefeuille lors d’un premier rencard (ils sont 72% à le croire, tous âges confondus). Mais ne leur jetons pas trop vite la pierre, puisque de leur côté, les femmes ne semblent pas très pressées de mettre un terme à cette vieille tradition. Elles sont en effet 59% à penser qu’elles ont le droit de laisser leur chéquier à la maison lors d’un rendez-vous galant. Et une fois n’est pas coutume, on peut remercier la nouvelle génération de mettre un gros coup de torchon dans les habitudes quelque peu désuètes des participant.es du panel, puisque les jeunes femmes de moins de 24 ans sont les seules à penser (60% d’entre elles) que les mecs ne devraient pas dégainer leur CB en premier après une rencontre. Si certain.es argueront peut-être que cet excès de galanterie au moment de l’addition n’est qu’une juste compensation des inégalités qui persistent entre les deux genres (salariales, charges domestiques etc.), et qu’un écart de revenus substantiel vaut bien un bo-bun crevettes, gare à ne pas instaurer une dynamique de relation délétère. Cela dit, entre la théorie et les faits, il y a parfois un fossé aussi long qu’un chemin de table puisque seulement 47% des femmes interrogées expliquent ensuite qu’elles se laissent effectivement inviter lors d’un premier repas. Alors qui ment ? Qui dit la vérité ? A vous de juger.
MALAISE EN RAB
S’il vous est déjà arrivé de regretter d’avoir roulé sous la table lors d’un premier rendez-vous amoureux, sachez que vous n’êtes peut-être pas la personne la plus malpolie avec laquelle a dîné votre convive. En effet, l’étude nous apprend que les Français.es sont plein.es de ressources lorsqu’il s’agit d’esquiver l’addition. Ainsi, ils sont 8% – tous genres confondus – à prétexter une envie pressante au moment de régler la note, en espérant que l’autre s’en charge à leur place. Ils sont également 22% à perdre dix points de charisme en fin de repas en demandant à leur crush de partager l’addition après avoir proposé de l’inviter (14% d’hommes et 30% de femmes). Une décision qui arrive malheureusement un peu trop tardivement, lorsqu’on réalise qu’on s’apprête à dépenser un demi-loyer en verres de Chablis pour un rencard éclaté. Concernant les comportements déplacés à table, les femmes semblent être les grandes championnes des petites manies qui agacent : ainsi, 42% des hommes déclarent avoir déjà vu leur convive consulter régulièrement leurs mails, leurs notifications et leurs textos lors d’un premier rendez-vous, contre seulement 34% des femmes. Mais cette attitude désinvolte dissimule peut-être une tentative désespérée d’écourter un TED Talk non sollicité sur les crypto-monnaies. Pire encore : 26% des hommes interrogés auraient déjà été laissés longtemps en tête-à-tête avec une corbeille de pain, pendant que leur convive papotait au téléphone. A ce niveau d’irrespect, il n’est pas interdit de prendre la porte et de laisser l’autre tout régler. Ultime faux-pas : le marchandage avec le personnel du resto pour obtenir une ristourne. Un art de négocier sur le prix des cafés gourmands qu’une partie des deux genres semblent parfaitement maîtriser à l’unisson puisque 14% des hommes et des femmes interrogé.es déclarent avoir déjà assisté à une scène de ce genre (13% des femmes et 14% des hommes).
LE BON GOÛT N’A PAS DE GENRE
Beaucoup de Français.es semblent croire que les mecs ont des papilles gustatives sur leur service trois-pièces puisqu’ils et elles sont 60% à penser que lors d’un premier rendez-vous, c’est aux hommes de choisir et réserver un restaurant. Amatrices de bonne chère et autres foodistas de l’Hexagone : il est grand temps de montrer que vous vous y connaissez aussi bien en bonnes adresses. Car à trop laisser aux hommes le monopole de la proposition culinaire, vous prenez le risque de vous retrouver dans un Courtepaille du Val de Marne. On nuancera tout de même ce chiffre par la donnée suivante : il existe de fortes disparités dans les réponses selon les âges des participant.es. Ainsi, seulement 43% des femmes de plus de 35 ans pensent que les hommes doivent être force de proposition en matière de nourriture, contre 80% chez les plus de 65 ans… Alors les fines gueules, n’hésitez surtout pas à l’ouvrir pour imposer votre cantine favorite.
LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS
Côté choix du menu, les Français.es sont encore nombreux à plébisciter la viande puisqu’ils sont 63% à en avoir mangé lors de leur dernier rendez-vous au resto, malgré un écart significatif entre les hommes (69%) et les femmes (56%) de l’ensemble du panel. Et contre toute attente, n’en déplaise à Fabien Roussel et aux complotistes qui s’inquiètent d’un soi-disant péril féministe et vegan, la nouvelle génération de femmes ne brille malheureusement pas ici par un régime alimentaire réduit en protéines animales, bien au contraire. Ainsi, 78% des Françaises âgées de 18 à 34 ans déclarent avoir mangé de la viande lors de leur dernier rencard au resto (contre 72% des Français de la même tranche d’âge). Une différence qui s’explique peut-être moins par une prise de conscience écolo des hommes de la nouvelle génération, que par l’envie de pécho. Ainsi, tous âges confondus, 16% des hommes déclarent avoir choisi un autre plat que celui à base de viande pour plaire davantage à leur convive lors d’un premier date, contre seulement 6% des femmes. Et si le sex-appeal ne tenait finalement qu’à un steak tartare ?
DESSOUS DE VERRE
Dernière info et pas des moindres, la seule chose qui semble pouvoir s’interposer entre les Français.es et la picole est la perspective de rentrer en bonne compagnie. Ainsi, 42% des hommes interrogés déclarent avoir choisi d’éviter de lever le coude, ou de limiter leur consommation de digeos pour garder le contrôle lors d’un tête-à-tête. Quant aux femmes, elles sont 35% à avoir décidé d’y aller mollo. Une différence notable entre les deux genres, probablement biaisée par le fait que les hommes consomment habituellement de l’alcool de manière excessive bien plus souvent que les femmes (même si l’écart semble se réduire depuis quelques années). Enfin, on retiendra tout de même ce chiffre préoccupant : 14% des Français.es interrogé.es (10% des femmes et 17% des hommes) déclarent avoir déjà commandé trop d’alcool dans l’espoir de désinhiber leur partenaire pour le reste de la soirée. L’occasion de rappeler que le consentement n’est pas une notion abstraite dont on parle pour avoir l’air cool devant ses potes de bistrot, et qu’une personne trop bourrée n’est plus à même de donner son accord plein et entier.