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Sexualité : doit-on absolument avoir des kinks ?

Les menottes et le fouet sont-ils nécessaires pour la libido ?

Par
Myriam Daguzan Bernier
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On entend parler à tort et à travers de divers kinks à essayer et de pratiques sexuelles à intégrer à sa vie. Mais est-ce pour ouvrir ses horizons ou… pour répondre à des injonctions ?

Cette inquiétude est présente chez beaucoup de gens : suis-je assez « sauvage » ? Est-ce que j’en fais assez, sexuellement parlant ? La peur d’être nul.le au lit est réelle. Par contre, cette crainte peut aussi contribuer au fait… d’être peu doué au lit !

Je m’explique : si vous êtes dans votre tête, à vous poser 1001 questions sur le comment, le quand et le pourquoi des pratiques kinky que vous pourriez explorer, vous n’êtes probablement pas dans le moment présent.

S’impliquer et être attentionné.e pour l’autre et pour son propre plaisir, c’est quand même la base pour être un bon amant ou une bonne amante.

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Ceci étant établi, on peut se poser une première question essentielle : c’est quoi, être kinky ?

Kinky style

Le kink inclut toutes les pratiques qui sortent de la sexualité dite « traditionnelle ». En contrepartie à ces pratiques, on parle souvent de sexualité dite « vanille ». Petits exemples de clichés en 15 secondes pour mieux comprendre :

Position du missionnaire, dans le lit, avec des fraises et du champagne ? Assez vanille.

Menottes, cire chaude et fessée ? Vous avez compris, c’est kinky.

Cependant, il y a tout un univers autour des kinks qui est beaucoup plus vaste que les pratiques BDSM. Selon la définition qu’en fait Jessica Carusa, chercheure et chargée de cours en sexologie et autrice de BDSM : les règles du jeu, le BDSM, c’est « un ensemble de jeux sexuels caractérisés par l’érotisation de la douleur et de ce qu’on appellera […] l’échange de pouvoir. »

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On peut donc ici penser au ligotage et aux jeux d’impact (impact play), par exemple.

Les kinks, quant à eux, peuvent être de nature diverse. Ici, on inclut : les jeux de rôles, le fétichisme (des pieds, par exemple), la domination financière (findom), l’exhibitionnisme, le voyeurisme : bref, des préférences nombreuses et variées.

L’influence de la culture pop

Mais revenons-en à notre question de départ : doit-on absolument avoir des kinks ?

La réponse, c’est non.

Dans la sexualité, la seule obligation, c’est que tout le monde soit consentant. C’est la base. Après, le reste vous appartient.

Toutefois, il est vrai qu’on peut sentir une pression à s’intéresser aux pratiques kinky, surtout depuis que celles-ci sont de plus en plus présentes dans notre culture populaire. Pour ça, on peut remercier (ou pas) la trilogie Fifty Shades of Grey qui a ouvert les horizons de milliers de personnes au monde du BDSM. Pas de la meilleure des façons, cela dit, puisqu’on y trouve de grandes failles côté consentement, justement.

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On a aussi pu voir d’autres explorations du kink dans des séries télévisées Netflix comme Bonding ou How to Build a Sex Room. Sans oublier toute la tendance du fetishwear, avec le retour des corsets, du cuir et du latex à gogo.

On peut donc finir par se dire : mince, est-ce que j’ai raté le train ?

Par contre, il faut se rappeler que ces représentations sont surtout associées au BDSM. On l’a vu plus tôt: les kinks peuvent aller complètement ailleurs que dans les dynamiques de pouvoir et dans l’érotisation de la douleur.

Être ou ne pas être kinky

Dans la réalité, la sexualité de bien des gens se situe dans un continuum entre la sexualité plutôt “vanille” et les pratiques kinky. Pas besoin de choisir l’un ou l’autre, on peut tout à fait piocher dans des répertoires hyper variés qui vont de l’ultra guimauvé à l’extra pimenté, en passant par toute la gamme de saveurs qui vous interpellent.

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L’important, c’est surtout de s’écouter et d’essayer de comprendre ce qui nous attire et ce que l’on ressent. Il ne devrait pas y avoir de pression à explorer un kink : ça devrait être un élan qui vient de soi. Bien sûr, il se peut qu’on ne sache pas encore quelles pratiques kinky nous attirent. Pour mieux connaître son côté kinky, on peut :

– Utiliser des listes de type « Oui, non, peut-être » afin de réfléchir à ce qui nous allume;
– Faire un quiz comme le BDSM test ou What’s my Fetish?;
– En discuter avec son.sa.ses partenaire.s, des personnes de confiance, voire avec un.e sexologue.

N’oublions pas, non plus, la honte qui vient parfois avec l’idée d’explorer des pratiques ou préférences parfois taboues, ce qui peut freiner certaines personnes dans leurs élans exploratoires.

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Avoir peur de la routine

L’autre élément qui peut mener vers l’exploration des kinks, c’est la crainte de la routine. Les partenaires qui sont ensemble depuis longtemps peuvent connaître des hauts et des bas, voire parfois une absence de sexe. Cette accalmie peut alors devenir un déclencheur pour se dire : « Mettons du piquant dans notre sexualité ! », ce qui n’est pas mauvais en soi. Par contre, il faut se rappeler que ce qui rend nos ébats plus hot maintenant… risque de devenir routinier éventuellement. Sans compter que ça peut être épuisant, pour un couple – tant physiquement que psychologiquement –, d’avoir à se renouveler sans cesse.

Se lancer dans ce type de pratiques ou aller vers des préférences plus kinky peut donner l’impression qu’on casse le train-train quotidien, mais il faut garder en tête que certaines pratiques érotiques demandent un contexte, une mise en place de balises et, dans certains cas, des discussions et une certaine préparation, sans oublier la notion d’aftercare, parfois nécessaire. Tout ceci peut très vite devenir routinier.

Pourtant, de nombreux.ses adeptes en retirent énormément de plaisir. Pourquoi ? Parce que la routine n’est pas nécessairement nulle.

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Prenons une activité non sexuelle que vous aimez faire : un club de lecture mensuel, une activité sportive, une soirée de films ou un cours hebdomadaire, par exemple. C’est inscrit dans votre agenda, ça revient chaque mois ou chaque semaine, et pourtant, vous avez hâte à ce moment. Ça, c’est parce que vous savez que vous allez avoir du plaisir, que vous passerez un bon moment et, avec un peu de chance, vous passerez des moments en compagnie de gens que vous aimez ou appréciez.

La routine n’est donc pas un problème en soi. Tâchez plutôt de trouver ce qui provoque de la hâte et de l’anticipation positive à un événement, peu importe sa récurrence dans votre horaire, et appliquez cette vision à vos moments intimes. Avec ou sans kinks.

Au final, vous avez envie d’explorer les kinks ? Eh bien, enjoy! Toutefois, assurez-vous que c’est parce que ça vous le tente, et non pas pour échapper à une pression indue dont tout le monde se passerait.