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Sale temps pour les jeunes

Il paraît qu’il ne fait pas bon d’être jeune en 2022…

Par
Mélicia Poitiers
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Personne n’a pu y échapper, la hausse des prix se fait à présent durement ressentir. En juillet, selon les chiffres de l’Insee, le taux d’inflation a atteint 6,1 % un niveau record depuis 1985. Et il semblerait que les jeunes soient particulièrement touchés.

C’est en tout cas le sentiment de Jean Stellitano, secrétaire général du Secours populaire Français. « Je n’ai pas de données chiffrées, mais on le ressent de façon concrète depuis plusieurs semaines déjà. Les 18-25 ans sont de plus en plus nombreux parmi nos bénéficiaires. Il y a les étudiants, mais aussi les jeunes travailleurs, pour beaucoup déjà précarisés par des CDD, temps partiels, contrats d’apprentissage… Ils viennent surtout chercher des fournitures scolaires et/ou de l’aide alimentaire. »

Pourquoi les jeunes sont directement impactés ? Commençons par enfoncer des portes ouvertes, « les répercussions d’une inflation ne sont pas les mêmes suivant que l’on dispose ou non d’une épargne. Dans le premier cas, on peut (pendant un temps) conserver son niveau de consommation habituelle en puisant dans ses économies, dans le second, on n’a d’autres choix que de renoncer à certaines dépenses. Et ce sont les jeunes qui ont le niveau d’épargne le plus faible », explique Jérôme Mathis, professeur en Économie et en Finance à l’Université Paris Dauphine.

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Une génération sacrifiée ?

Tous les postes de dépenses augmentent. D’abord, il y a l’alimentation, et sur certains aliments de base, on est bien au-dessus des 6 % d’augmentation. Les pâtes, par exemple, enregistrent une hausse de près de 20 %. Par ailleurs, l’inflation actuelle étant entre autres le résultat d’une crise de l’énergie, il faut encaisser une hausse du prix du carburant, ceux qui vivent en zone rurale et se déplacent en voiture étant d’autant plus impactés que les jeunes citadins qui prennent les transports en commun. Et bien sûr le logement, poste de dépense majeur des 18-30 ans, qui n’a pas attendu le pic inflationniste actuel pour augmenter. Sur ce point, à l’inverse, les jeunes habitant les grandes villes subissent d’autant plus.

Avec la pandémie, certains parlaient déjà d’une « génération sacrifiée »… à plusieurs titres. « Sacrifiée » ? Le terme parait un peu catastrophiste, mais ce qui est sûr, c’est que côté finances, actuellement, les jeunes se sacrifient. Ce que l’on peut dire, c’est qu’il s’agit, dans le contexte sanitaire et économique de ces deux dernières années, d’une génération financièrement fragilisée.

Combien de temps cette situation économique va-t-elle durer ?

Le ministre de l’Économie a prévenu qu’il ne fallait « pas attendre d’amélioration sur le front de l’inflation avant début 2023 ». Quant à Jérôme Mathis, il ne préfère pas s’avancer : « L’évolution de l’inflation va dépendre du contexte international. La guerre en Ukraine va-t-elle perdurer ? L’euro, à son niveau le plus bas depuis vingt ans face au dollar et à d’autres devises, va-t-il s’apprécier ? La Chine va-t-elle envahir Taïwan ? Personne ne le sait. »

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Il se prête néanmoins, pour URBANIA, à un scénario optimiste : « Dans l’idéal, les tensions géopolitiques s’apaiseraient sous peu et ce court épisode douloureux aurait eu la vertu d’exhiber -une fois de plus- les défauts de notre modèle de surconsommation, de nous sensibiliser davantage au gaspillage des ressources limitées et de convertir une plus grande partie de la population à l’économie du partage et à la sobriété énergétique. »