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Salam, un documentaire sur Diam’s qui veut « faire du bien »
Pour tout Français ayant été ado dans les années 2000, Diam’s est un repère culturel immuable. Ses tubes et sa voix si identifiable ont bercé nos années collège ou lycée, et son retrait de la vie publique il y a plus de dix ans reste pour beaucoup empreint de tristesse. Alors qu’elle était au sommet de sa carrière, ce « choix de vie » a « choqué la France », nous explique le documentaire dans ses premières secondes, avant de revenir sur ce qui a motivé cette décision.
Réalisé par Diam’s, Houda Benyamina (réalisatrice de Divines) et Anne Cissé, le documentaire Salam raconte les troubles de la rappeuse, sa conversion à l’islam, ses nouveaux projets et son acceptation de soi. On y croise des interventions de ses proches, notamment sa mère ou Vitaa, mais aussi ses collaborateurs ou encore Nicolas Anelka.
Salam détaille avec puissance les problèmes de santé mentale de la rappeuse, qui a fait une première tentative de suicide à l’âge de 14 ans
Le film nous rappelle ce que le monde de la musique a perdu lorsque Diam’s a décidé de tout raccrocher, et dresse au début le portrait d’une artiste talentueuse, exigeante, et « d’une précision folle », comme le dit sa productrice. Mais surtout, Salam détaille avec puissance les problèmes de santé mentale de la rappeuse, qui a fait une première tentative de suicide à l’âge de 14 ans, et a commencé à se scarifier lorsqu’elle était au sommet de sa carrière. L’ancienne rappeuse explique qu’elle a d’abord « trouvé dans l’écriture un exutoire », mais aussi qu’elle avait « besoin d’aller mal pour écrire ». « Souvent, elle craquait en loge après les concerts », raconte encore sa productrice. Malgré le succès et la richesse, Mélanie Diam’s explique qu’elle n’a pas réussi à trouver le bonheur. « Quand t’arrives au sommet, tu te rends compte qu’il fait froid, que t’es seule, et qu’il y a des loups qui rôdent tout autour de toi. »
Il est particulièrement fort de ré-entendre Diam’s scander des textes à fleur de peau qui racontent son mal-être, sa voix agissant comme une madeleine de Proust.
Après avoir été internée en hôpital psychiatrique et diagnostiquée bipolaire, la chanteuse réalise progressivement que le business de la musique n’est plus pour elle. Plutôt que d’entretenir le mythe de l’artiste torturé, le documentaire rend claire la nécessité vitale pour l’ancienne icône de se retirer de la vie publique, sous peine d’y laisser sa peau. Il est particulièrement fort de ré-entendre Diam’s scander des textes à fleur de peau qui racontent son mal-être, sa voix agissant comme une madeleine de Proust.
Salam revient aussi sur la conversion de la chanteuse, et la polémique lors de la publication dans Paris Match de photos d’elle à la sortie d’une mosquée. On observe avec douleur l’émotion de Diam’s, encore touchée aujourd’hui par la violence des événements, et la scission occasionnée avec une partie de son public, qui n’a pas accepté sa conversion. Mais l’ancienne chanteuse apparaît indéniablement apaisée, et épanouie dans sa nouvelle vie.
« J’ai l’espoir que ce soit un film qui fasse du bien. C’est pour ça que ça s’appelle Salam. Salam, ça veut dire paix en arabe. »
Ce portrait d’artiste singulier n’échappe cependant pas à quelques lourdeurs, entre une musique messianique très appuyée, et de nombreux plans grandiloquents de la rappeuse perdue dans des paysages paradisiaques, au bord de la mer ou dans la savane. Dans sa dernière partie, Salam nous montre le travail humanitaire de Diam’s, qui a lancé une association intitulée Big Up Project, et qui aide à la construction et l’entretien d’orphelinats au Mali.
Malgré tout, on ne peut que s’émouvoir de la sérénité que la star de notre adolescence semble enfin avoir trouvé. « J’ai l’espoir que ce soit un film qui fasse du bien. C’est pour ça que ça s’appelle Salam. Salam, ça veut dire paix en arabe. »