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Revivre sous la douche (matin et soir)

« Ce n’est pas seulement une douche, c’est un rituel de purification ultime. »

Par
Clothilde Joncart
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Deux poids lourds s’affrontent aujourd’hui. Les départager sera-t-il possible ? La douche du matin VS la douche du soir ! Ce sont de douches dont il est question ici. Seulement, elles ne servent pas les mêmes intérêts. Elles n’ont pas non plus les mêmes objectifs. Nous allons ensemble décortiquer ces deux rituels pour… Ça ne sert à rien je vous l’accorde mais par les temps qui courent, ça rafraîchit.

Adversaire numéro 1 : La douche du matin

Nous commencerons par celle-ci pour des raisons de chronologie. Au petit matin, le lever est pour moi, et ce dans 70% des cas, une expérience pénible. En effet, le confort de mon lit n’a encore jamais été égalé. Je parle de mon lit actuel, les convertibles ne me faisaient pas vraiment le même effet. Quitter mon lit le matin quelle horreur ! Pour aller où ? Au taf, my god ! C’est affreux. Je dois laisser ce nid douillet composé de couette et oreillers.

Mes cheveux perdent la forme d’aileron de requin imposée par le contact avec l’oreiller et tombent sur mon visage.

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Mais avant d’aller affronter les dangers que représente le monde extérieur pour promener mon chien, j’ai droit à quelques minutes de répit. Une transition en douceur. Alors tant bien que mal, je m’extirpe du lit. J’attrape ma serviette, maigre rempart contre le froid de la chambre (en hiver). Je me dirige vers la salle de bain. J’allume la lumière. Je perds l’usage de mes yeux l’espace d’un instant. J’enclenche le robinet d’eau chaude (toujours commencer par l’eau chaude). Une fois la chaleur au-delà de ma tolérance, je tourne légèrement le robinet d’eau froide. Très légèrement. Je risque une main. Une fois la température validée, j’avance une jambe et c’est mon corps tout entier qui se trouve aspergé d’une eau bien chaude. 45°C au bas mot !

Mes cheveux perdent la forme d’aileron de requin imposée par le contact avec l’oreiller et tombent sur mon visage. La circulation sanguine, en sommeil depuis la veille, reprend petit à petit. Enfin mes mouvements se font à une vitesse normale. Je peux me savonner, me frotter, me briquer. Vite fait, le temps est compté. Je savoure à peine la caresse de l’eau sur ma peau.

Et puis l’heure est venue, je dois me résoudre à sortir de la baignoire. Je m’essuie derrière le rideau de peur que toute la buée ne s’échappe et ne me tienne plus assez chaud. Une fois sèche, je pose un pied sur le tapis de douche. Par chance, il est sec.

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Comme par magie, la douche du matin m’a permis d’opérer une prouesse : sortir la tête qui était profondément enfoncée dans une partie spéciale de mon anatomie. Je suis passée de déchet humain à humain tout court. Humanoïde au moins. Je peux mettre mes vêtements.

Je me sens à prête à mettre le nez dehors => objectif atteint ! Merci douche du matin.

Concurrent numéro 2 : La douche du soir

J’ai passé une journée d’Enfer. Je n’ai pas besoin de préciser quel jour. Toutes mes journées sont d’Enfer. Que j’aille au taf ou que je sois chez moi. A la fin de la journée, je sens sur moi toute sorte de crasse. Le bus, le RER, le métro, le travail, les gens qui puent, ceux qui toussent, les poils de chiens, la poussière… Je suis sale. Je ne pue pas forcément, mais des fois si.

Quand je rentre du travail, celui pour lequel je suis payée, mon deuxième job commence. J’ai des milliers de choses à faire. Je ne peux pas m’arrêter trois minutes. Même quand je vais pisser, il y a un mini-moi qui me sollicite. Quelle idée d’en faire autant aussi !

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Après cette avalanche d’activité, de corvées, de tâches, l’idée de tomber dans mon lit commence à se matérialiser dans mon esprit. Mais comment envisager de m’insérer dans mon antre du sommeil sans être passée sous une douche bienfaisante et régénérante.

Le matin c’était un lieu hostile, le purgatoire avant l’enfer. Le soir c’est comme l’antichambre du Paradis.

J’ai travaillé presque dix ans de nuit alors vous imaginez ce que représente l’heure du coucher pour moi. C’est un cérémonial, le meilleur moment de ma journée, un objectif, ce qui me fait tenir tout au long du jour. Le coucher, c’est ma récompense pour être en vie. Rien que pour ça, je kiffe ma life !

Libérée de toutes mes missions de mère de famille et de maîtresse du logis. Je n’ai plus que ça à faire : me préparer pour aller au lit. Alors je pénètre dans ma salle de bain. Le matin c’était un lieu hostile, le purgatoire avant l’enfer. Le soir c’est comme l’antichambre du Paradis.

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La méthodologie est la même, comme le matin, j’ouvre le robinet d’eau chaude. Sauf que le soir, je savoure. Je m’éternise, je prends mon temps. Je me dois d’être parfaite pour rejoindre le partenaire fidèle de chacune de mes nuits. Je me suis rendu compte que je n’ai pas du tout le même état d’esprit que le matin.

Ce n’est pas seulement une douche, c’est un rituel de purification ultime.

Alors la première douche sert à me réveiller, elle représente la dernière dose de douceur avant d’affronter la dure réalité. La douche du soir est le début de la fin de ma journée. Ce moment où tu te laves de toutes les merdes qui te sont arrivées. Là où tu te débarrasses de toutes les contrariétés qui te pourrissent la vie. Tu remets tes compteurs à zéro. Ce n’est pas seulement une douche, c’est un rituel de purification ultime. Un passage obligé avant de pouvoir t’endormir. Après ça tu redeviens aussi “pure” qu’à la naissance.

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Toutes ces explications et démonstrations m’ont données envie d’aller prendre une douche mais il est encore trop tôt.

Alors, qui de nos deux concurrentes sortira gagnante de cette dure lutte ? Je mets fin au suspense !

Je décerne officiellement la victoire à la douche du soir. Elle avait avec un avantage sur l’autre dès le départ… La routine qui précède le coucher est sacrée chez moi. Si je devais n’en prendre qu’une, ce serait celle-là. Bien qu’il soit rare que je m’en contente. Les douches sont des moments privilégiés du quotidien. Je pourrais y passer des heures.

Mais peut-être que ce soir je me paierais le luxe (pas très écolo, certes) de prendre un bain (froid) !