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Qui est Geert Wilders, le nouveau leader hollandais d’extrême-droite ?

Spoiler : les Pays-Bas sont dans la sauce (hollandaise).

Par
Oriane Olivier
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Comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, qui plus est lorsqu’elle est escortée par le bruit des bottes, après le triomphe du populiste d’extrême droite argentin Javier Milei la semaine dernière, le parlement néerlandais a aussi eu la bonne idée de basculer du côté nationaliste de la force. En effet, c’est le Parti pour la Liberté (le PVV), du leader xénophobe Geert Wilders, dont la proximité capillaire avec Lucius Malefoy devrait pourtant en alerter plus d’un, qui – à la surprise générale – vient de remporter (avec 37 sièges sur un total de 150) les élections législatives aux Pays-Bas après 20 années à gratter à la porte du pouvoir avec l’entêtement d’un surmulot francilien qui chercherait à faire son trou dans le paysage politique de son pays. Ce faisant, il a damé le pion à l’éternel gagnant qui briguait sa 5ème victoire d’affilée, le Parti populaire pour la Liberté et la Démocratie du Premier Ministre Mark Rutte, qui est resté près de treize ans à la tête du gouvernement, ainsi qu’à l’alliance de centre-gauche écolo (le Parti Travailliste Gauche-Verte) arrivée seconde avec 25 représentants. Mais qui est donc ce Geert Wilders qui fait tant jaser au pays du Gouda ? On vous explique l’essentiel en 5 infos.

SON ÉLECTION A CRÉÉ LA SURPRISE AUX PAYS-BAS

Personne ne s’attendait vraiment à cette écrasante victoire, et ce pour trois raisons.
La première, c’est que les prochaines élections législatives étaient initialement prévues pour 2025. Mais manque de bol, ou de bonne volonté, de la part de l’ancien parti majoritaire de centre droit, le Parti Populaire pour la Liberté et la Démocratie (le VVD), la coalition précédente qui permettait à celui-ci de gouverner, s’est échappée autour d’une réforme qui prévoyait de durcir la politique d’asile du pays en limitant le regroupement familial. Une mesure portée par l’ancien gouvernement, mais à laquelle l’un de leurs partis alliés, l’Appel Chrétien-Démocrate, était farouchement opposé au nom d’une de ses valeurs cardinales de solidarité (une vision sociale de la foi chrétienne dont Philippe de Villier ferait peut-être bien de s’inspirer). Résultat : le cabinet du Premier Ministre a dû présenter sa démission, et de nouvelles élections ont été anticipées.

Secundo, parce que l’ex Premier Ministre et tête de liste du VVD, Mark Rutte, semblait jusque-là indéboulonnable, et qu’il avait d’ailleurs battu un record de longévité à la tête du gouvernement. A tel point qu’il avait hérité du doux surnom de Mark Teflon.

Tertio, parce qu’après l’annonce de sa démission, ce dernier a décidé contre toutes attentes de se retirer de la vie politique néerlandaise plutôt que de se représenter, minant sérieusement les chances de son camp de gagner.

IL AFFICHE UNE ISLAMOPHOBIE ET UNE XÉNOPHOBIE ENCORE PLUS DÉCOMPLEXÉES QUE LE RN

Même s’il n’en pense pas moins au fond et qu’il avance seulement masqué, à côté de Geert Wilders, Jordan Bardella passe pour un humaniste. Ainsi, selon le PVV, l’islam ne doit plus être considéré comme une religion mais comme une “idéologie totalitaire”. C’est pourquoi, il souhaite l’interdiction aux Pays-Bas des mosquées, des écoles coraniques, du Coran, et préconise carrément l’arrêt total de l’immigration venant de pays à majorité musulmane. Très Orwellien dans l’âme, il souhaite également mettre en place un nouveau ministère de l’Immigration, de la Remigration, et de la Désislamisation. Enfin, il veut retirer aux Syriens leurs permis d’asile temporaire, et faire sauter le permis de séjour des réfugiés qui auraient l’outrecuidance de partir visiter leur proches dans leur pays d’origine.

Ses nombreux propos racistes lui ont d’ailleurs valu d’être temporairement interdit de séjour au Royaume-Uni en février 2009 par le Secrétaire à l’Intérieur Britannique du Parti Travailliste de l’époque (une décision annulée quelques mois plus tard), d’être sous protection policière depuis 2004 (il a essuyé plusieurs tentatives de meurtres et un attentat), et d’être traduit en justice pour incitation à la haine après avoir harangué une foule pour leur demander s’ils voulaient “plus ou moins de Marocains” à l’intérieur de leurs frontières. Un chef d’accusation pour lequel il a finalement été relaxé après plusieurs procés, malgré quelques 6500 dépôts de plaintes, et bien qu’il ait tout de même été reconnu coupable de discrimination.

IL EST CLIMATOSCEPTIQUE

Sans grande surprise, le Trump néerlandais n’est pas vraiment un écolo dans l’âme. Ainsi, il assume des positions climatosceptiques et complotistes, exhorte ses électeurs à cesser d’avoir peur de l’avenir ou de la montée des eaux qui menace pourtant très sérieusement ce pays pas vraiment connu pour ses reliefs vallonnés, souhaite le démantèlement des éoliennes en mer pour “faire de la place aux bateaux”, l’arrêt des parcs solaires parce qu’il trouve ça moche et préfère sans doute voir fleurir des centres de rétention administrative au milieu des champs de tulipes, le retrait des Pays-Bas de l’accord de Paris sur le climat, l’augmentation de l’extraction de pétrole et de gaz en mer du Nord, ainsi que maintien des centrales au charbon et au gaz. Avec un tel programme, pas sûr que la passion des Hollandais pour le vélo suffise à éviter le pire…

IL TRAITE TOUT LE MONDE DE NAZIS (SAUF LUI-MÊME)

Ironiquement, Geert Wilders pense que tout le monde est facho, mais ne s’inclut bien sûr jamais dans le lot. Ainsi, malgré son élection au Parlement européen en 2009, il considère l’UE comme un “Etat Nazi”, car il lui reproche sa politique d’expansion à de nouveaux pays. Il souhaite donc un référendum sur un possible Nexit, et le retrait du drapeau européen des bâtiments gouvernementaux.

Il n’hésite pas non plus à faire des rapprochements lunaires entre la communauté musulmane et Hitler. Ainsi, dans Fitna, un court-métrage paru en 2008, et dont il est l’auteur, il dénonce ce qu’il appelle le caractère fasciste du Coran, et assimile le livre sacré de l’Islam à rien de moins que… Mein Kampf.

IL N’EST PAS ENCORE CERTAIN QU‘IL PUISSE DIRIGER

Sans trop rentrer dans les détails, les Pays-Bas sont une monarchie constitutionnelle. C’est-à-dire qu’ils ont encore un roi avec quelques prérogatives, mais que c’est le premier ministre qui est le véritable détenteur du pouvoir exécutif. Ce dernier est la tête de liste du parti ayant obtenu la majorité aux élections législatives, et doit rendre des comptes devant la Seconde Chambre (un peu l’équivalent de notre Assemblée Nationale), qui contrôle ses actions et dispose du pouvoir budgétaire. Un pouvoir bien pratique lorsqu’on veut faire passer des réformes. Or c’est ballot, mais les principales force de droite qui auraient pu apporter leur soutien à la politique de Geert Wilders au sein de la Seconde Chambre, le parti déchu du VVD de Mark Rutte (qui conserve tout de même 24 sièges) et le parti du Nouveau Contrat Social (20 sièges), ont annoncé via leurs représentants respectifs qu’ils refusent de former une coalition avec lui, notamment à cause de ses positions extrémistes, qu’ils jugent contraires à la Constitution. Et il ne pourra pas compter non plus sur le soutien de l’Alliance Gauche-Verte (25 sièges) pour mener sa politique raciste. Ne restent plus que quelques partis minoritaires, qu’il lui faudrait fédérer pour obtenir les 76 sièges nécessaires afin de diriger et faire passer des lois. Et c’est très loin d’être gagné… Ou pour le dire autrement : Geert Wilders est dans la sauce (hollandaise).

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