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Qu’est-ce que je peux partager avec mes collègues sur Slack ?

Côté ressources humaines et légalité, qu’est-ce qui est acceptable ?

Par
Billy Eff
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Comme vous le savez peut-être, votre boss a accès à vos messages Slack, même les DMs. Et parfois, ça peut mettre les gens dans le trouble. Par exemple, Elon Musk et Twitter ont passé de longues heures en cour après que la justice ait saisi près de 200 000 pages d’échanges Slack incriminants entre employé.e.s qui auraient potentiellement pu faire annuler la vente de Twitter.

Depuis que le monde entier a découvert les joies (et les peines) du télétravail, notre dépendance aux plateformes de messagerie instantanée entre collègues, comme Slack, Teams ou Google Chat, n’a cessé de croître. Que ce soit pour se créer des canaux par départements, intérêts et projets, pour entamer des discussions entre collègues ou tout simplement pour se partager des mèmes et des niaiseries, Slack a remplacé le bureau physique et est devenu notre machine à café virtuelle.

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Bien entendu, ces plateformes de messagerie ne sont pas semblables à des textos ou des DMs sur Facebook ou Instagram : elles sont, d’un point de vue légal et des ressources humaines, une extension de vos mails. Alors, que pouvez-vous partager avec vos collègues sur Slack sans récolter de poursuite judiciaire ou la colère des RH ?

Parler de ma vie personnelle, c’est ok ?

En principe, oui ! Du moins, autant que d’en parler avec vos collègues au bureau, dans la vraie vie.

Après, tout dépend de votre vie personnelle ! Par exemple, partager que vous avez un nouveau chaton et qu’il est trop mignon, c’est relativement safe (tant que vous accompagnez ce message d’une photo !). Par contre, raconter dans le canal de votre équipe le week-end de débauche, d’ébats et de crimes auquel vous venez de survivre : un peu moins acceptable.

Dans certaines industries, les employeurs.euses sont tenu.e.s par la loi de conserver toutes leurs communications pendant un certain nombre d’années.

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Bien que l’on puisse avoir l’impression de former avec ses collègues une grande famille, ce n’est pas vraiment le cas, et c’est également meilleur de ne pas le voir ainsi. Mais dans ce genre de situation, il est utile d’y penser justement à travers cette lentille. Est-ce que le genre d’histoires que vous partagez plairait à vos grands-parents ? Si oui, pas de problème. Si la gouaille et les blagues grivoises ne feraient rigoler que vos cousin.e.s, trouvez-vous un autre outil de communication !

Comme pour toutes vos conversations à l’interne, les règles de votre employeur.euse concernant le respect entre salarié.e.s et collaborateurs.rices externes s’appliquent. Peu importe à quel point une personne vous énerve au travail, vous ne pouvez pas l’envoyer promener, pas plus que vous ne pouvez utiliser des injures ou proférer des propos discriminatoires.

Bon, techniquement, vous pouvez, mais c’est à vos risques et périls ! À titre d’exemple, d’ancien.ne.s employé.e.s ont accusé Elon Musk de les avoir viré.e.s de Twitter à cause de messages Slack peu élogieux à son endroit.

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À part risquer de choquer les ressources humaines, qu’est-ce que je risque ?

Ça, c’est du ressort des ressources humaines. Mais même si votre employeur.euse est de votre côté, les instances législatives peuvent aussi demander l’accès à votre historique de messagerie sur Slack. Dans certaines industries, comme celle des valeurs mobilières ou encore chez des sous-traitants du ministère de la Défense, les employeurs.euses sont tenu.e.s par la loi de conserver toutes leurs communications pendant un certain nombre d’années. Certaines firmes de Wall Street ont d’ailleurs reçu des amendes pour ne pas avoir suffisamment encadré les échanges entre employé.e.s.

Une autre situation dans laquelle les niaiseries que vous dites sur Slack pourraient se retourner contre vous serait dans le cas où votre entreprise se faisait poursuivre. Même si c’était une joke et que vous avez édité ou carrément effacé le message, Slack, votre employeur.euses et la justice y auront toujours accès.

Slack a remplacé le bureau physique et est devenu notre machine à café virtuelle.

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Disons par exemple que vous travaillez dans un milieu très compétitif et que vous apprenez de source sûre les détails d’un projet sur lequel travaille l’un.e de vos concurrent.e.s. Vous le révélez à vos collègues sur Slack et vous vous mettez à travailler sur un projet identique, mais moins cher et disponible plus rapidement. Si le ou la compétiteur.rice s’en rend compte et poursuit votre employeur.euse pour espionnage industriel ou concurrence déloyale, vos échanges Slack à ce sujet pourraient être utilisés devant la justice contre vous.

Mais pour trouver toutes les preuves nécessaires, les avocat.e.s devront examiner tous vos messages. De ceux abordant votre plagiat à ceux dans lesquels vous traitez votre collègue de sombre idiot, en passant par votre canal personnel que vous utilisez comme tiroir pour toutes vos idées saugrenues.

Rappelez-vous que l’on est dans un monde où même les communications sécurisées de votre téléphone personnel peuvent être utilisées contre vous et révélées en cour. Une messagerie instantanée pour entreprise, comme Slack ou Teams, n’est finalement qu’un moyen plus rapide de s’envoyer ce qui, autrefois, aurait été un mail ou un appel. Rien d’autre.

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Si vous ne voulez donc pas que votre patron.ne ne lise des horreurs devant tous vos collègues ou qu’un.e procureur.e ne les récite devant un jury, mieux vaut ne rien partager de compromettant sur Slack.