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Queering the Map : une safe place pour les personnes LGBTQIA+ opprimées du monde entier

Des messages individuels qui rejoignent une action collective.

Par
Lisa Coll
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Alors que Gaza est au cœur de l’actualité depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, la communauté queer de Palestine peine encore un peu plus à se faire une place dans un climat qu’on ne peut pas qualifier de LGBTQIA+ friendly. La carte intéractive et participative Queering the Map a vu naître des récits poignants et des messages de soutien aux personnes subissant la situation depuis le siège de l’enclave palestinienne.

Je ne sais pas combien de temps je vais vivre, alors je veux juste laisser un souvenir ici avant de mourir. Quoi qu’il arrive, je ne quitterai pas ma maison. Mon plus grand regret est de ne pas avoir embrassé ce type. Il est mort il y a deux jours. Nous nous étions dit à quel point nous nous aimions et j’étais trop timide pour l’embrasser la dernière fois. Il est mort dans les bombardements. Je pense qu’une grande partie de moi est morte aussi. Et bientôt je serai mort. À toi, je t’embrasserai au paradis.

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Je nous ai toujours imaginés, toi et moi assis dehors au soleil, main dans la main, enfin libres. Nous avons parlé de tous les endroits où nous irions si nous le pouvions. Et pourtant tu es parti. Si j’avais su que les bombes qui pleuvaient sur nous t’enlèveraient, j’aurais volontiers dit au monde combien je t’aimais plus que tout. Je suis désolé d’avoir été un lâche.”

Faire son coming out est un acte singulier et intime, mais partager son récit avec des inconnu.e.s qui nous ressemblent permet de montrer la voie à ceux qui en ressentent le besoin. C’est de ce constat qu’est parti Lucas LaRochelle, l’artiste et designer.euse canadien.e qui créé Queering the Map en 2017 pour montrer que les personnes queer existent bel et bien partout, même dans les endroits où elles sont invisibilisées.

À travers le site, Lucas conçoit l’espace des personnes LGBTQUIA+ ailleurs que dans les bars queer et la Pride avec une nouvelle façon de se rassembler et de se soutenir. À 21 ans, au moment de la création de la carte interactive en ligne, iel n’avait pas pour ambition que son projet universitaire se transforme en véritable safe place pour la communauté LGBTQIA+ à travers le monde, avec plus de 500 000 histoires répertoriées.

Entre déclarations d’amour, récits de premiers émois et messages de soutien, Queering the Map « préserve nos histoires et nos réalités qui continuent d’être invalidées, contestées et effacées », comme iel l’explique sur le site.

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Un espace d’expression pour celles et ceux qui ne peuvent pas s’affirmer

Queering the Map donne la possibilité de soumettre un message anonyme et de le situer à n’importe quel endroit sur la carte du Monde. S’il n’enfreint pas les règles de la communauté, qu’aucun nom ou adresse n’est mentionné et s’il n’est pas irrespectueux, alors il sera publié.

La carte intéractive se veut comme une archive des lieux où les personnes LGBTQIA+ ne sont pas accueillies par tous, mais ont toujours existé. La communauté queer ne semble pas former de frontières, n’en déplaise à la soixantaine de pays où l’homosexualité est encore illégale en 2023, dont la plupart se situent en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est.

Dans les régions du monde où l’homosexualité est un délit, voire un crime, il est difficile de prendre le risque de s’affirmer tel que l’on est, par peur des représailles. Queering the Map offre donc cette possibilité et permet à des millions de personnes de s’exprimer et de se rendre compte qu’ils ne sont pas seuls.

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Dans une interview accordée à Sissy Screens, le fondateur du site tient à rappeler que même si les messages sont anonymisés, « il convient d’utiliser un VPN pour masquer son adresse IP, par mesure de sécurité générale ». Nous avons passé en revue quelques messages publiés, particulièrement touchants ou encourageants.

En Iran : “À tous ceux qui ne peuvent pas faire leur coming out : on vous voit et on vous aime.” / “Quelqu’un t’acceptera.” / “J’aimerais avoir le droit d’être heureux.”

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Ouganda : “J’ai fait mon coming out à quelques amis ici, et ils ne m’ont pas détesté. Queers Africains, restez forts. On ne sera pas mis sous silence pour toujours. Un jour les choses iront mieux, peut-être pas maintenant, peut-être pas demain, peut-être pas pendant un long, long moment, mais un jour.” / J’aimerais être né.e dans un pays qui ne criminalise pas l’homosexualité.”

Au Nigéria : “ Je sais que je suis queer depuis mes 5 ans. Je suis adulte maintenant et ma famille ne le sait toujours pas et ne le saura jamais. J’ai travaillé dur et accompli tellement pour les rendre fiers. C’est incroyablement douloureux de savoir que ce que je suis et tout ce que j’ai fait ne vaudra plus rien s’ils l’apprennent. Je suis juste heureux.se d’avoir trouvé un groupe d’amis qui m’accepte et m’aime pour ce que je suis. Je ne pense pas que je pardonnerai à mes parents ou ma religion de m’avoir fait perdre toutes ces années à me détester et à mourir de l’intérieur. Même s’ils ont tort, je les aime toujours et je ne peux pas avancer sans leur amour, même si je sais que la personne qu’ils aiment n’a jamais existé. À mon premier amour, j’espère que toi aussi tu as trouvé la paix et la joie que méritent les gens comme nous.

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Bornéo : “Ils ont essayé de me changer ici. Ils m’ont dit que mes pensées étaient des péchés. Ils m’ont dit d’oublier l’homme pour qui j’avais un crush. Ils m’ont pris mes huits années suivantes. Je suis plus fort.e maintenant.”

Indonésie : “Vous n’êtes pas seuls.

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Pakistan : “J’avais tellement peur quand j’étais ici. J’avais peur que quelqu’un trouve mon secret : que je suis bisexuel.le. Tout le monde déteste les queers ici, alors j’ai dû me cacher. Et je le fais toujours parce que ma famille ne m’acceptera jamais pour ce que je suis. Mais je sais qu’il y aura toujours des gens qui m’aimeront et me supporteront, et ce sont eux ma vraie famille.

Au Soudan : “Je veux juste vivre.