Logo

Que faire si notre gosse a vu du porno par accident ?

On a posé les vraies questions à une sexologue.

Par
Gabrielle Tremblay-Baillargeon
Publicité

Dans la série Les vraies questions, on rencontre un.e spécialiste afin de lui poser toutes les questions qu’on se pose dans nos groupes de darons, mais qu’on n’ose pas demander au médecin pendant nos consultations.

Ce mois-ci, on a rencontré Julie Lemay, sexologue, afin de parler d’éducation à la sexualité, de porno et de consentement. Rien que ça.

Comment expliquer comment on fait les bébés de manière inclusive, mais simple ?

Quand on parle d’éducation à la sexualité, c’est souvent la première question que les parents ont en tête. Ce qu’on a appris avec les années et qu’on doit déconstruire, c’est que pour faire un bébé, ça prend une maman et un papa. Il faut plutôt partir de l’idée que ça prend un ovule et un spermatozoïde.

À partir de là, tous les cas de figure peuvent être possibles. Ça ouvre l’horizon pour pouvoir expliquer à l’enfant l’histoire de sa naissance, mais aussi des naissances en général.

Publicité

Si quelqu’un de notre entourage attend un bébé dans une famille soloparentale ou homoparentale, on peut utiliser ces exemples concrets pour expliquer les différentes manières de concevoir. La littérature jeunesse, peut également s’avérer utile, surtout si on n’a pas d’exemple de diversité dans notre entourage.

Comment apprendre le consentement à mon fils ?

On entend beaucoup parler du consentement sexuel, mais chez les enfants, on va plutôt parler du consentement dans les relations sociales, c’est-à-dire dans la façon dont les enfants interagissent entre eux ou s’affirment avec les autres. Le consentement, ça s’apprend par pleins de petits gestes qui peuvent sembler banals mais qui, au final, ne le sont pas.

Et ça ne commence pas juste au collège !

On peut apprendre très tôt aux enfants à respecter les refus d’un autre enfant. Dans le cadre d’un jeu, par exemple, si un enfant ne veut pas jouer avec notre enfant, on peut lui expliquer qu’il faut accepter que oui, c’est frustrant, mais que son désir n’était pas le même que celui de son ami.e.

Qu’est-ce qu’on fait si notre enfant a vu du porno par accident ?

Les enfants, les adolescents et même certains adultes ont de la difficulté à comprendre que le porno, ce n’est pas la réalité.

Comme parent, il faut aller valider qu’est-ce que notre enfant a vu et qu’est-ce qu’il a compris de ce qu’il a vu. Ça se peut qu’il n’aie pas connoté ça comme étant de la sexualité.

Publicité

Est-ce qu’il a vu ça comme une forme de violence ? Est-ce qu’il a été troublé par ce qu’il a vu ou est-ce qu’il n’a tout simplement pas compris ? Après coup, il faut intervenir en termes de sécurité informatique pour s’assurer que l’exposition ne soit pas répétée. Et si ça s’est passé chez un.e ami.e, il faut en parler aux parents de l’ami.e.

Comment parler de sexualité avec mon enfant, si j’ai vécu un trauma ?

Comme parent, il faut se questionner à savoir si c’est un inconfort qu’on vit et qui peut être dénoué avec un soutien ou si c’est un inconfort profond qui vient vraiment activer des anxiétés envahissantes – dans ce cas-là, il faut s’écouter et aller chercher un réseau autour de soi pour répondre aux questions de l’enfant.

Comment savoir si mon enfant se masturbe trop ?

C’est quand même assez exceptionnel : habituellement, ça se passe bien. La masturbation c’est courant chez les enfants, mais ça peut aussi être un moyen de gérer le stress et l’anxiété. Si l’enfant commence à se stimuler dans des endroits publics, comme à l’école, si ça l’empêche de faire des activités, et, bien sûr, si on remarque des irritations, là, c’est inquiétant.

Publicité

Est-ce qu’il y a des manières de prévenir les agressions sexuelles ?

En faisant de l’éducation à la sexualité au sens large, on fait de la prévention.

Par exemple, avec les tout-petits, on peut leur apprendre à nommer leurs parties privées, et dans quel cadre quelqu’un peut les toucher (le médecin, par exemple). Après, s’ils ont des touchers problématiques, ils seront en mesure de les identifier.

Enfin, on n’amène pas souvent les enfants à écouter leur petite voix intérieure. Que ce soit avec un adulte ou un ami de leur âge, si le système d’alarme intérieur sonne, il faut l’écouter.

Quoi faire si mon enfant me surprend en train de faire l’amour ?

Comme avec le visionnement accidentel de porno, il faut commencer par demander à l’enfant ce qu’il a vu et ce qu’il a compris. Sur le coup, c’est normal de vivre sa surprise et de réagir, mais après, il faut prendre un moment avec l’enfant. Ce moment sert à expliquer à l’enfant avec des mots simples ce qui se passait : on se faisait des caresses d’adulte qui font du bien, on se donnait du plaisir… Il faut miser sur les aspects positifs de la relation sexuelle, mais en rappelant à l’enfant que ce sont des caresses réservées aux adultes.

Publicité

Comment savoir si je suis le parent too much ? Parfois, en voulant être ouvert, on en fait trop.

Il faut rester sensible à la réaction de l’enfant quand il accueille ce qu’on dit, mais aussi à la compréhension. Le cerveau de l’enfant est en pleine maturation. Il crée ses repères, il veut tout apprendre : il faut vraiment rester dans l’univers des enfants et utiliser des mots et des images qu’ils comprennent.

Parfois, c’est bien de prendre du recul et de se demander : « Est-ce que je réponds aux besoins de mon enfant en ce moment, ou est-ce que je réponds à mon besoin d’adulte qui est mal à l’aise et veut dire tout d’un coup ? ».

Mieux vaut y aller petit à petit et ouvrir la porte à plus de questions, plus tard.

Pour en savoir plus, vous pouvez lire le livre de Julie Lemay, L’éducation à la sexualité : de la naissance à la préadolescence.

Publicité