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Quand on s’arsouillait à 12 ans à la cantine de l’école

Ah le bon vieux temps...

Par
Louise Pierga
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Pour beaucoup d’entre nous, la cantine scolaire n’évoque pas grande chose en dehors des épinards à la béchamel, des verres duralex (avec notre “vrai âge mental” inscrit au fond) et d’un brouhaha pestilentiel. Pourtant, il y a encore pas si longtemps, vous pouviez rajouter à ceci des pichets d’un demi-litron de vin sur les tables en formica que nos innocents bambins engloutissaient entre deux leçons. Après avoir été torchés, les mioches se torchaient.

Mettre de l’eau du vin dans son vin eau

Remettons-nous dans le contexte. Aujourd’hui boire de l’eau relève du besoin vital (ne faites jamais un dry january de l’eau) et si l’eau est bourrée de PFAS cancérigènes, elle reste à peu près potable partout en France. C’était loin d’être le cas il y a 150 ans. L’eau était bourrée de microbes et il n’était pas rare de la couper au pinard pour l’assainir un peu. D’autant plus qu’en 1863, Napoléon III demande à Louis Pasteur de se pencher sur les maladies liées au vin afin d’assurer les exportations prévues dans le cadre d’un accord avec l’Angleterre, impossible d’envoyer de la piquette aux Homards (surnom donné aux Engliches rapport à leur uniforme militaire rouge, cherchez pas plus loin). Pasteur vient alors de recevoir un prix de l’Académie des sciences pour ses travaux sur la fermentation.

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Trois ans plus tard, il publie les résultats de ses recherches Etudes sur le vin, ce qui fait de lui accessoirement un de nos premiers œnologues. Pasteur suggère de chauffer le vin à 57° pour en éliminer les microbes et devinez quoi ? Il vient d’inventer la pasteurisation (il l’a pas appelé comme ça à l’époque, ça faisait too much mégalo). Sans le savoir, Pasteur offre la meilleure des publicités au secteur viticole avec cette phrase qui sera collée par la suite sur toutes les étiquettes de bouteilles “le vin est la plus saine et la plus hygiénique des boissons”. Une révolution qui a grandement participé à la croyance selon laquelle boire un verre de vinasse à tous les repas serait bon pour la santé. Ne dit-on pas encore aujourd’hui que le vin “tue le ver” ?

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Si on tente timidement de lutter contre la consommation d’alcool pour les plus jeunes à coup d’affiches de sensibilisation, cette pratique reste très répandue et il est normal pour tout le monde de faire goûter aux enfants dès leur plus jeune les joies de l’éthanol. Heureusement, en 1956 le président du Conseil, Pierre Mendès France dit PMF, fiche son nez là-dedans et signe la fin du pif à l’école pour les mioches de moins de 14 ans qui n’entravent plus rien à leurs cours d’arithmétique.

A la place, ils boiront un verre de lait avec un sucre (PMF y voit aussi l’occasion de relancer l’industrie laitière). Oui bon… il savait pas encore à l’époque que c’était pas une super alternative, mais ne jetons pas la pierre à Pierre fan de Yop avant l’heure. Solution toutefois moyennement efficace car les parents suspicieux continuent d’infiltrer les biberons de pinard ou de calva, histoire d’apaiser la marmaille. L’alcoolisme juvénile mettra quelques années avant d’être totalement éradiqué : la bière et le vin seront définitivement bannis des cantines scolaires en 1981 alors que les Français s’enquillent encore en moyenne 80 litres de pinard dans le gosier chaque année. Certes, c’est presque deux fois moins que dans les années 60 mais ça donne le vertige quand on sait qu’on ne dépasse pas les 25 litres annuels aujourd’hui. Autres temps, autres mœurs, n’oubliez pas que dans les années 70 on pouvait aussi commander un verre de rouquin avec son Big Mac au McDo.

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