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Le vendredi soir, c’est la foire au TGIF, thank’s god it’s friday. Pour moi, ce n’est pas la fête, non non. Lorsque je me suis retrouvée seule avec mes deux enfants, je pouvais vomir à cette idée. M’occuper seule correctement de mes filles, un tout petit bébé et une enfant de deux ans et demi, j’avais trop peur. Comment gérer les pleurs, les repas, les bobos ? J’avais envie de rendre mon tablier mais je ne pouvais pas.
Et puis le temps passe, elles ont cinq et sept ans aujourd’hui. On dit et on répète à tous les parents, à n’importe quel âge de leurs enfants jusqu’à ce qu’ils quittent le foyer : « Tu verras, ça ira mieux en grandissant, c’est plus facile ». Ah, si on m’avait filé dix balles à chaque fois que j’ai entendu « elles vont gagner en autonomie », je pourrais partir en week-end à Monaco une fois par mois pendant dix ans (même si ça ne me fait pas très envie). Alors, je ne sais pas si chez vous le temps passe vite, mais moi, je trouve que c’est long, l’apprentissage de l’autonomie. Je ne peux toujours pas passer plus de cinq minutes aux toilettes à lire les articles publiés sur urbania.fr (vous connaissez ? super site) sans que l’une de mes deux filles ne se mettent à hurler, à me réclamer (« Mamaaaaan tu peux me moucher ? Me donner mon jouet ? Changer mon dessin animé ? Faire à manger ? Retrouver mon chausson ? »). Je négocie avec peine des temps calmes pendant lesquels mon lit est envahi par deux fillettes qui rigolent cinq minutes avant de pleurer à cause de coups de pieds qui ont bizarrement atteints le front de l’une ou l’autre ou de cheveux tirés.
Mes week-ends ne sont donc pas toujours de jolis moments familiaux remplis de tendresses, de bisous-câlins et de bonnes tranches de rigolade. Bien sûr, il y en a, de ces instants doux qui font que mon quotidien de maman isolée n’est pas qu’une route pleine de trous et de bosses. Mais globalement, ça ressemble quand même à un long tunnel. Le tunnel, vous voyez ? En semaine, il débute après avoir récupéré ses enfants à l’école et dure jusqu’au coucher. Le samedi et le dimanche, c’est ça, en pire.
Il faut jongler entre les activités de loisirs (danse le samedi matin), les repas (car les enfants prennent TROIS repas par jour PLUS un goûter, c’est un gouffre financier), les devoirs (qui se terminent souvent en crise chez l’enfant qui a des problèmes d’attention) les éventuels besoins en shopping (Décathlon le samedi, toujours une bonne idée), des besoins culturels à combler (« Allez, on va au musée ! Mais si, tu vas voir, ça sera chouette ! Oui, on passera à la boutique… »), l’impérieuse nécessité d’épuiser ses enfants (« Go à la piscine, ça sera bien, il y a des toboggans »), le désir de se reconnecter à la nature (« On va en forêt ? À la plage ? À la ferme pédagogique ? ») et ma profonde envie de ne RIEN FOUTRE. Si je pouvais, je resterais au lit, ou dans un bain, ou sous une couverture sous mon canapé, ou à alterner les trois pendant deux jours, avec une pause le samedi soir pour aller écouter un concert, voir des ami.es, dater une personne.
Mais non. Ça, je le vis par procuration. Je regarde les Instas des copaines qui se font des raclettes, partent en week-end, sont au bistrot pendant que le samedi soir je bingewatche Veronica Mars sur Amazon Prime avec ma cigarette électronique et en soupirant devant les applis de rencontres. Je rêve de contacts sociaux, de gros sons dans mes oreilles, de taches de bière sur mon jean ou de soirée en amoureux devant un bon gros film catastrophe (mais je viens de me faire larguer, ENCORE), moi, et de dormir hyper longtemps, de boire quatre litres de café dans le silence, mais pas de me refaire tout Henri Dès suivi de tout Gims en même temps que je dois fabriquer une baguette magique ou cuisiner des cookies.
En moi, je puise l’énergie et la force mentale pour ne pas râler, pleurer, m’arracher les cheveux et pour que le week-end se déroule à peu près paisiblement et que chaque membre de notre famille se sente bien. Ok, j’admets que c’est un peu plus facile maintenant. Je vise les dix-huit ans de l’aînée pour me sentir complètement bien les week-ends. D’ici là, j’aurais perdu environ 45% d’audition à cause des cris des enfants, toute ma libido, mes quelques économies, j’aurais plus de cheveux gris et mes cernes tomberont jusqu’à mes genoux et j’aurais vingt-quatre abonnements à des sites de streaming, je n’aurais plus envie d’aller à des concerts et je me nourrirais uniquement de pâte à tartiner. Vivement !