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Ou qu’on me prenne pour une andouille. Mais, surtout, comme si j’étais un énorme chaudron prêt à accueillir des ingrédients d’une potion cheloue mais naturelle. Contexte : j’écoutais en menant ma vie tranquille de maman isolée slash chroniqueuse slash autrice slash aidante, en écoutant une émission de radio qui ne nous veut que du bien (être). On y parlait de « dépression saisonnière », et mon oreille s’est dressée quand une intervenante a parlé des « mamans solos ». Tout d’abord, notez que son conseil vaut bien pour n’importe quel parent épuisé, bien entendu. Son conseil anti fatigue ? Les PLANTES, bien entendu. En huiles essentielles, en spray, en pilules, la lavande, la camomille et le rhodolia. Importante, le rhodolia, ça soigne tout, le rhume de ta mémé, la fatigue chronique, le stress, la dépression, l’anémie, ça donne de l’énergie, renforce l’immunité, améliore la libido, augmente l’endurance, et sans doute qu’au bout d’un moment, ça fait pousser les cheveux et donne le teint frais.
Toutes ces années à me plaindre de tout et de rien, alors que je n’avais qu’à avaler du rhodolia, quelle truffe !
Miracle, me voilà guérie de tous les maux et surtout de ma fatigue ! A moi les cures de rhodolia, de magnésium marin, je vais boire la lavande et me tartiner de camomille, et je n’aurais plus aucun souci. La solution était si simple, devant moi, sous mes yeux, toutes ces années à me plaindre de tout et de rien, alors que je n’avais qu’à avaler du rhodolia, quelle truffe !
Je me suis jetée sur les sites spécialisés pour le voir le prix de cette plante magique, et puis je me suis souvenue que j’étais déjà fauchée alors que c’était le début du mois, en plus ce n’est pas compatible avec mes antis dépresseurs, et puis, j’ai réalisé que j’avais déjà plein de pilules miracles et que j’étais quand même fatiguée, stressée.
Les familles monoparentales ne veulent pas de conseils déplacés sur leur fatigue mais des aides concrètes pour la réduire, et ça passe par réduire la précarité de ses familles.
Alors peut-être que le problème ne vient pas de moi, en fait. Peut-être que la chroniqueuse voulait bien faire, et c’est la ligne éditoriale de l’émission, n’est-ce pas. Mais moi, la maman « solo », là, avec ses problèmes d’argent, de fatigue, de vie quotidienne, je ne veux pas de rhodolia.
J’ai besoin de soutien, d’aide, et de SOUS, de la THUNE, de la CAILLASSE, et si vous voulez vraiment que je sois reposée, il me faut des vacances. De bonnes grosses vacances, au calme, seule. Même avec du rhodolia en pilules, en sirop, en cocktail, ce que vous voulez. Les familles monoparentales ne veulent pas de conseils déplacés sur leur fatigue mais des aides concrètes pour la réduire, et ça passe par réduire la précarité de ses familles.
Comme si nous étions responsables de ça. Comme s’il suffisait de combiner huiles essentielles et compléments alimentaires. Nous courons après le temps, l’argent, les enfants, le travail, les aides. C’est insultant de penser qu’une fleur soit vendue comme la solution à tous nos problèmes. Comme si nous n’avions pas compris qu’il fallait prendre soin de nous. Mais entre la facture d’électricité et la batterie de pilules anti-stress à acheter, on sait où va la priorité.