.jpg)
Vous avez fait quoi ce week-end ? Barbecue ? Terrasse ? Famille ? Shopping ? Balade à la mer, musée au calme, pépouzes (so 2013) ? Vous avez dormi jusqu’à pas d’heure après avoir fait la fête jusqu’au petit matin, hein ? Trop bien, je ne jalouse pas du tout. VRAIMENT PAS ! Qui a envie de voir des gens, de profiter de la douceur du soir avec des ami.e.s, qui a envie de dire des blagues ou d’en entendre, qui a envie d’aller au cinéma, franchement c’est tellement ringard, ah ah ! Ah…
J’ai la chance d’avoir deux merveilleuses enfants qui grandissent, mais elles ne savent pas encore se garder toutes seules. Elles sont rigolotes et joyeuses, impertinentes et câlines (ah ah, t’as vu, c’est toi qui me jalouses maintenant). Je sors quand je veux, moi, de toute façon. Plus exactement : j’aime bien sortir, le soir, c’est pas un problème, je ne suis pas vieille dans ma tête, je suis une ouf de la fête et des rencontres improbables dans des lieux underground. OK, c’est possible quand j’ai des sous pour payer la babysitter, certes. Et quand le timing est bon. Il faut que je me synchronise avec les copains, éventuellement je dois payer une place pour un concert, il faut que la babysitter soit dispo, et que je sois en forme (mentale, surtout).
Maintenant, j’ai 42 piges et mes potes ont vieilli aussi. Le soir, ils corrigent des copies en regardant un replay de Fringe sur une plateforme de streaming
Le plus important, c’est de cesser de croire à la spontanéité. Combien de fois, ces dernières années, après que je sois passée du côté de la daronnie et de la quarantaine, suis-je sortie sans rien préparer en me disant : « Sûre que ma pote sera là, pas besoin d’appeler », et que ladite pote n’est pas là parce que comment aurait-elle pu le savoir, si je n’appelle pas avant ? Trop souvent.
Parce qu’avant, là, quand on ne bossait pas tous les matins, qu’on n’avait pas d’enfant, on sortait un soir sur deux en allant toujours au même bar, ou aux concerts, pareil, un soir sur deux. Maintenant, j’ai 42 piges et mes potes ont vieilli aussi. Le soir, ils corrigent des copies en regardant un replay de Fringe sur une plateforme de streaming, je ne peux pas improviser une sortie sur un coup de tête, sauf à vouloir me retrouver seule à boire au bar, en tentant de garder la tête haute et d’assumer ma position (celle de la dame seule tatouée qui parle avec le barman). C’est une foutue soirée, ça.
Quand je veux sortir un soir, avec les deux môminettes qui squattent les trois-quarts de mon appartement et ne me font jamais à manger, je dois penser logistique, organisation, efficacité : préparer le repas des filles à l’avance, et pour celle qui les garde, et ne pas oublier les médicaments indispensables à prendre (genre celui que ma fille n’a pas le droit de croquer, lécher, mâcher, c’est vraiment super pratique, on adore), penser aux pyjamas, redonner les consignes sur le brossage de dents, les histoires, les veilleuses. Organiser une sortie, c’est presque aussi relou qu’organiser un départ en colo, mais en plus, c’est juste pour une soirée, c’est pas super rentable.
Mais ce n’est pas facile de trouver des ami.e.s qui ont envie de se coller deux enfants au foyer pendant leurs jours de repos à eux.
Parfois, on me dit : « On te prend les enfants pour le week-end », ce qui est rare mais qui sonne aussi doux à mes oreilles que la phrase « It It Anita joue dans deux mois près de chez toi et cette fois-ci, le concert ne sera pas annulé, viens je t’invite ». Mais ce n’est pas facile de trouver des ami.e.s qui ont envie de se coller deux enfants au foyer pendant leurs jours de repos à eux. Je ne blâme personne. Il n’y a pas que moi qui suis fatiguée. Je ne crois en rien, mais je bénis ceux et celles qui me laissent le droit à une respiration (qui consiste, généralement, à sortir à un concert et boire trop et me détester le lendemain matin sans ne rien regretter).
Quand je sors, ensuite, je suis tout excitée et hyper babille, je n’ai qu’un seul sujet de conversation à la bouche (mes filles), ce que tous trouvent relou (sauf qu’on n’ose pas me le dire). Vu que je n’ai pas fait ça depuis super longtemps (sortir), je pense que je pourrais en chialer. Je me vois arriver au bar de la salle de concert, déjà plongée dans l’obscurité, commander au bar, dans le respect des gestes barrières, une boisson sans alcool à cause de la route et, me lavant les mains au gel hydro-alcoolique avant de m’asseoir sur une chaise distancée de un mètre minimum des autres spectateur.rices pour savourer en hochant la tête et le visage masqué un concert de post rock.
Franchement, ça me fait grave envie.