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Eh oui, je suis un véritable TikTok à lire, une mine d’informations, un coffre à ruses, à force de galérer avec des bouts de ficelles, j’ai plein de petits trucs pour me rendre la vie plus facile. La Mac Gyver de la parentalité. Sans exagérer, hein, on peut dire que devenir parent, ça développe de nouvelles fonctions cognitives. Organisation, réactivité, anticipation : l’ORA, on peut même appeler ça comme ça.
Ma première astuce, c’est de ne pas lire les magazines dédiés à la parentalité. J’avais testé les revues spécialisées sur la grossesse quand j’attendais mon aînée, j’avais retrouvé dans deux titres différents exactement les mêmes injonctions : préparer des petits plats pour éviter à son mari de devoir cuisiner pendant que nous sommes à la maternité (ah oui, y’a déjà un bébé à la maison en fait) ; refaire l’amour très vite après l’accouchement pour rétablir l’équilibre dans le couple (hein ?) ; prendre soin de soi (c’est-à-dire : se maquiller, s’épiler ; on se demande à quel moment ça nous fait du bien à nous), etc. Donc, pour être bien mentalement, évitez de trop lire sur la parentalité. Vous ne vous y retrouverez jamais. Cela n’empêche pas de prendre des conseils de proches, mais comme ils s’en chargeront sans que vous ne leur demandiez quoi que ce soit, inutile de se fatiguer.
L’ORA, c’est tout simple à mettre en place. Il faut profiter des ressources autour de soi. Premièrement, n’achetez rien. Acceptez tous les cadeaux : lit, couffin, jouets, vêtements, poussette, parc. Et ensuite, revendez-tout ce qui est revendable. Bim, par ici la monnaie. Bon, d’accord, ce n’est pas super classe. Mais ces affaires vous ont été données, vous en faites ce que vous voulez.
Mobilisez autour de vous, n’hésitez pas à demander de l’aide si vous avez des difficultés. On ne gagne rien à rester seule quand on est démunie.
Dans le cas où vous vivez avec un homme qui a besoin qu’on lui cuisine des petits plats d’avance quand vous vous absentez, et vraiment, notez-le bien, si vous le pouvez : virez-le. Vous ne devez pensez qu’à vous et à votre bébé. Vous n’avez pas besoin de penser aux problèmes de ce grand garçon pas débrouillard, à ses couches, à son rot, à ses petits pots, à son besoin de câlins. Faites-vous vraiment du bien, libérez-vous de ce poids. Mobilisez autour de vous, n’hésitez pas à demander de l’aide si vous avez des difficultés. On ne gagne rien à rester seule quand on est démunie. J’ai eu la chance d’être épaulée par de super assistantes sociales. Elles ne peuvent pas tout, mais on ne sait pas ce qu’elles sont capables de faire pour nous si on ne leur demande pas. Voisin.es, parents d’élèves ou de crèches, copaines, famille : quel que soit l’âge de votre enfant, pour une demi-journée ou un week-end, des vacances, des courses : frappez aux portes.
Au quotidien, on fait avec ce qu’on a sous la main. Le plateau, avec des bords assez haut être un allié dans votre course à la réactivité. Dans les cas de repas à base de purées, compotes, purées, et surtout vomi. Je préfère largement vider un plateau sale que de chercher les petits bouts dans la chaise haute, sous la table. Pour éviter la même chose sur ses vêtements, avoir un torchon pendant la tété, le rot, le biberon, s’avère bien utile. Avec le temps, j’avais développé une super technique de rattrapage de vomi en plein vol dont je n’étais peu fière. A côté de ça, j’ai une annexe de pharmacie chez moi, ça c’est la base incontournable, vous le savez. Doli, multiples crèmes pour toutes sortes de bobos, pansement à paillettes, plus une tonne de bisous magiques qui normalement guérissent tout ce qui ne déclenche pas de fièvre ou de boutons.
Plus tard, pour réussir à conserver le système ORA que vous avez développé, apprenez à vous préserver (et surtout vos tympans). Les enfants grandissent, ils sont bruyants, ils passent par des phases pas très claires pour vous, des petites crises d’adolescentes aussi crispantes que le discours d’un homme politique en pleine période électorale. Ils écoutent la BO de La Reine des Neiges en boucle et refusent toute autre proposition musicale. Vous avez bien intégré qu’il ne fallait pas crier, frapper, jeter des objets par la fenêtre, mais écouter les émotions de vos enfants, les recevoir pour bien les accompagner. Bon, parfois, ça dure. Là, vous pouvez utiliser, au choix : des boules Quiès, des bouchons pour la piscine ou les concerts, des écouteurs pour savourer un podcast. Ce que j’aime bien faire, c’est passer l’aspirateur. Mes filles détestent, elles vont se réfugier dans leur chambre et elles se calment en un instant. Je déteste passer l’aspirateur, alors en même temps, j’écoute de la musique. Je suis sûre de ne plus rien entendre, mes filles ne hurlent plus et en plus je peux profiter de ma playlist « danser jusqu’au bout de la nuit » que je n’avais pas lancée depuis quatre ou cinq ans. Ah, la nuit aussi, maintenant, je mets des bouchons. Mes filles sont assez grandes pour venir me voir, ou si vraiment il y a un gros souci, je les entends quand même malgré les protections auditives.
Dans ORA, il y a « anticipation ». Mon petit truc qui ne mange pas de pain, c’est de préparer les vêtements la veille. Cela ne me prend que cinq minutes, et je ne cours pas après une paire de chaussettes ou de culottes alors que la sonnerie de l’école va sonner. Bon, là, c’est vraiment le minimum. A plus grande échelle, ça peut être préparer les valises pour un voyage trois jours avant et pas la veille au soir, alors que le départ est prévu à huit heures. En parlant de départ, si je m’absente quelque part plus de deux heures avec les filles, j’embarque tout ce qui leur faut pour les calmer : des petits jouets, quelques feuilles, des feutres, gourdes, bavoirs, serviettes (deux, s’il faut essuyer un toboggan qui serait un peu mouillé par la pluie, même si elle est rare dans le Nord de la France, où je vis, certes), des compotes ou crèmes à boire, des biscuits, voire des chips ou n’importe quoi de salé si ça risque de durer plus longtemps. En voiture, pareil, je suis armée. Un embouteillage ? Faut pas se laisser surprendre. Avoir de quoi nourrir les petites, c’est ma base pour survivre en voiture. Les miennes sont en plus assez cool pour ça, elles ne sont pas malades en bagnole.
On ne peut pas vivre un bon ORA si on ne sent pas bien personnellement, tout le monde vous le dira, mais encore faut-il réussir à avoir des temps de répit, ce fameux « temps pour soi », qui a l’air bien caché la plupart du temps. Comme tout le monde, je hurle dans des coussins quand j’ai envie d’insulter l’ensemble de la population mondiale âgée de moins de dix ans (et ça, ce n’est vraiment pas bien), je saute sur dix minutes de libres pour vider le lave-linge, parfois j’arrive à pratiquer un peu de relaxation (j’ai découvert la « relaxation progressive de Jacobson », je la conseille, ça revigore plus qu’une sieste). Le soir, je m’enfile des chocolats de Pâques devant Netflix sans remord, ça c’est le plus important. Ne jamais culpabiliser de ne pas reprendre la lecture du dernier Goncourt qui prend la poussière si vous sentez que votre cerveau n’est pas disponible. Faites en fonction de vos goûts, bien entendu, et de vos moyens.
Pour terminer, j’ajouterais : n’écoutez aucune injonction, même pas les miennes.
Photo : réciter des mantras en étendant le ligne, mon astuce peau douce.