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C’est l’heure des vacances, youpi, je vais enfin passer plus de temps avec mes enfants, mes chéries, mes petits cœurs, mes roudoudous, mes licornes, mes poupettes, mes grands bébés. Celles avec qui je vis sept jours sur sept, 24 heures sur 24… Que je dois occuper intelligemment, enfin à peu près, pendant les congés, que je dois nourrir, coucher, soigner, genre tout le temps, quoi… Quand je vois les parents ravis de partir en vacances avec leurs mouflets, je suis jalouse de cette confiance qu’ils ont en eux. « Passer deux semaines avec les enfants loin de chez nous ? Easy ! ». Perso, je pleure des larmes de sang quand la dernière sonnerie de la cloche retentit, car le peu de temps libre que j’ai sans mes filles est désormais du temps AVEC mes filles.
Oui, j’aime mes enfants, mais non, je n’aime pas être sollicitée tout le temps pour rien et les vacances, pour moi, c’est mon quotidien, mais en pire. Auparavant, j’ai l’impression que c’était il y a longtemps, je pouvais quand même profiter de mes soirées, mais ma seconde fille a décidé pendant le confinement de 2020 (el famoso) que dormir c’était pour les bébés (elle n’avait pas trois ans). Désormais, mon temps libre pépouze à moi se situe entre 23 heures et 6 heures et demi du matin. Ne vous étonnez pas si vous ne comprenez pas toujours ce que j’écris : mon cerveau est souvent dans le brouillard. Je suis en manque de repos, de solitude, de congés, de pause.
J’ai aussi décidé un truc incroyable, cette année : je vais prendre du vrai temps pour moi.
Bon, ok, c’est vrai, j’exagère un peu. D’abord parce qu’il existe les centres de loisirs, dits également centres aérés, merveilleux espaces où les enfants s’éclatent pendant que les parents travaillent. Paix sur les animateurs.trices de ces centres qui rendent la vie des parents plus faciles. Quant au reste des vacances, j’ai trouvé des solutions pour passer du temps « de qualité » (c’est à dire que je ne suis pas seule avec elles, on va là où on connaît d’autres gens, il y a plein d’activités à faire s’il pleut, etc.) avec mes filles, en vacances, pas excessivement loin de chez nous, des vacances pas trop chères mais divertissantes.
J’ai aussi décidé un truc incroyable, cette année : je vais prendre du vrai temps pour moi. Oui, ce fameux temps pour moi, là, celui qu’on me promet pour « quand les enfants seront plus grandes », ce temps de répit que je n’en peux plus d’attendre.
Les filles vont ailleurs, en colonie de vacances, sans moi, quelques jours. Oh, pas longtemps, hein, d’abord ça coûte un pognon de dingue ces trucs-là, et puis elles sont encore petites mes chattounettes. Pour leur permettre de vivre la grande aventure de la colo, j’ai passé beaucoup (trop) de temps à chercher un séjour inclusif, un vrai, qui mélange enfants valides et handicapés, qui corresponde à mes critères et ne coûte pas un rein. Après cela, j’ai encore dû passer un certain temps à pleurer auprès des organismes pour avoir une aide financière. Et aussi à demander des coups de mains de proches et de la famille pour des détails techniques liés à l’organisation. Mon petit conseil : faut pas s’y prendre à la dernière minute. C’est comme un concert que tu attendrais toute ta vie et qui va enfin se dérouler dans la ville : tu ne vas pas te connecter sur le site deux heures après la mise en vente des billets.
Mais là, c’est bon, c’est ok, c’est signé, c’est payé même : je vais avoir presque cinq jours en entier seule. Ouais, seule, alone comme on dit outre-Manche. Personne pour me demander de lui essuyer les fesses « parce que c’est un gros caca », personne pour me réveiller à 3 heures du matin « parce que maman je n’arrive pas dormir à cause d’une mouche », personne pour me réclamer de chanter en boucle « à la claire fontaine » à la manière de Céline Dion. Oui, oui, c’est à votre tour de me jalouser, vous pouvez. C’est un luxe que je m’offre, là. D’ailleurs c’est tellement un luxe que je n’ai plus un kopeck par-devers moi. Je vais surtout profiter de ce temps libre pour dormir et travailler. Enfin, travailler, doucement, hein. Je vais faire comme les écrivains qui rédigent des journaux intimes pendant leurs vacances dans la campagne normande ou sur une île isolée. Sauf que je vais rester enfermée entre quatre murs à manger des glaces et mater Netflix entre quelques cessions d’écriture intenses.
Pour vous donner un ordre d’idée : au parc, je risque l’infarctus dès que je perds de vue les filles plus de trente secondes.
J’ai l’impression d’être très privilégiée d’avoir quelques jours sans la compagnie de mes filles. Je serai sûrement impatiente de les revoir à leur retour, ça sera de belles retrouvailles. Elles auront grandi. Elles auront gagné en autonomie. Elles parleront cinq langues et se feront à manger seules (oui bah quoi, on peut toujours rêver hein ?). Elles auront appris à se détacher de moi, surtout, j’espère. Et moi j’aurais appris aussi à leur lâcher la grappe. Parce qu’à être tout le temps seule avec ses enfants, le risque de les étouffer est grand. Pour vous donner un ordre d’idée : au parc, je risque l’infarctus dès que je perds de vue les filles plus de trente secondes.
Il est temps qu’elles aient aussi leur temps pour elles. Sans moi, sans la casse-pied qui répète les mêmes consignes cinquante fois par jour, sans leur maman la reloue. Après ce répit pour nous trois, nous seront prêtes à affronter les vacances à la plage en famille, dans la joie et la bonne humeur (et une balise GPS que j’implanterai sous leur peau)*.