Logo

Prenez donc le temps d’apprendre à bien prononcer le nom de vos collègues

Il suffit juste de demander.

Par
Alexandre Perras
Publicité

Le fléau des mauvaises prononciations de prénoms et de noms de famille dure depuis trop longtemps. Du primaire jusqu’à la retraite, plusieurs personnes sont victimes du massacre perpétuel de leur patronyme.

C’est le cas de Laura Luu ou plutôt Bich-Thuy Luu, une comédienne et travailleuse autonome, qui s’est vu ajouter un prénom plus «occidental» par sa mère pour faciliter sa prononciation par des gens moins familiers avec le vietnamien.

«C’est très commun dans la communauté vietnamienne de donner aux enfants un nom plus “occidental” afin de faciliter l’évolution et l’intégration des enfants», m’explique Laura.

«C’est en vieillissant que j’ai compris qu’il était primordial d’en parler. Dans un afterwork, au bureau, peu importe, c’est bien d’en parler avec ses collègues. Il ne faut pas avoir peur de corriger les gens. Tu peux travailler avec les mêmes collègues pendant des années, on ne peut pas passer à côté de ça», ajoute-t-elle.

Et puis, ça aide à se sentir inclus et respecté au travail.

Publicité

LinkedIn à la rescousse

Mais voilà que LinkedIn, tel un pourfendeur des prononciations ratées nous annonce l’arrivée d’une nouvelle fonctionnalité audio qui permet aux usagers d’enregistrer leurs noms pour qui veut bien l’entendre. Elle devrait apparaître d’ici les prochaines semaines.

C’est super simple: vous enregistrez votre voix et vous l’ajoutez à votre profil.

Ensuite, trouvez le bouton 🔊 sur le profil de votre futur employeur, employé ou collègue pour apprendre à bien prononcer son nom!

Le but de tout ça? (À part peut-être éliminer les gaffes de prononciation.)

«Créer un lieu de travail inclusif», a expliqué Joseph Akoni, chef de produit chez LinkedIn, qui a bossé sur cette nouvelle fonctionnalité.

Les problèmes de prononciation

Depuis l’école primaire, mon nom de famille représente le némésis de certains profs, collègues et employés de service à la clientèle qui ont croisé ma route.

Publicité

Perras : le «s» doit-il être prononcé ou non? Une question avec 50% de chance de réussite et qui, pourtant, est un échec pour la grande majorité des gens.

Je ne peux même pas imaginer la réalité d’une personne au nom un tant soit peu moins beige que le mien qui est quotidiennement confrontée aux «gaffes» et prononciations incorrectes depuis leur plus jeune âge.

Et non, mon expérience avec «Perras» ne fait pas le poids à côté de celle de Bich-Thuy (Laura) Luu.

L’importance d’en parler

Laura dit qu’elle n’a pas été confrontée à trop de problèmes dans sa vie professionnelle et que le pire s’est surtout passé de l’enfance à l’adolescence.

«J’ai une amie qui, avec le temps, s’est lassée, et s’est dotée d’un nom occidental à l’âge de 25 ans.»

Publicité

«J’ai toujours utilisé mon nom occidental dans un tel contexte, mais j’ai une amie qui, avec le temps, s’est lassée, et s’est dotée d’un nom occidental à l’âge de 25 ans. De toujours corriger peut devenir fatigant à la longue», me dit Laura.

Son prénom: Phuoc. Je pense que vous n’avez pas besoin d’un dessin. Les blagues douteuses, les malaises au bureau et le bafouillage de gens qui essaient de dire son nom devant d’autres personnes.

C’est pas ce qu’on appelle être traité avec équité.

Mais malgré la fatigue de toujours devoir reprendre les gens sur son nom, Laura croit qu’une brève explication à ses collègues peut régler bien des problèmes.

«C’est l’occasion idéale pour faire de l'”éducation” sur la chose. C’est important de parler de sa culture et de son identité culturelle, de sa fierté, de ses origines», affirme-t-elle.

Laura sait qu’elle ne peut enterrer l’héritage familial.

D’ailleurs, pour l’histoire, Bich-Thuy veut dire «eau d’émeraude». «Même si ça peut se prononcer un peu comme “biscuit” en français», m’a-t-elle expliqué en riant.

Publicité

L’importance de demander

«C’est pas parce que j’ai un nom vietnamien que je ne massacre pas ces autres noms aux origines diverses. Je ne suis pas immunisée et je vais aussi poser la question. Il faut faire un effort, même si ça peut être gênant. C’est démontrer un intérêt pour les gens qui nous entourent», me dit Laura.

Ce n’est pas parce que le nom d’une personne est moins évident que nous avons le droit de le massacrer pour autant. Une personne au nom moins commun sera tellement plus reconnaissante que vous preniez le temps de demander (pour éventuellement maîtriser la prononciation) plutôt que vous le massacriez sans aucune considération.

«Les gens disaient “Bitch” au lieu de Bich. Même chose avec Phuoc, qui se faisait appeler “Fuck”.»

Publicité

Comme Laura dit, vous pouvez travailler très longtemps avec les mêmes collègues. À la longue, le manque d’effort peut se transformer en microagression et devenir extrêmement lassant et frustrant.

Oui, ça peut être gênant et il n’y a personne de parfait, mais faites-vous confiance. C’est pas compliqué, demandez-leur comment ça se prononce. Ne faites pas de blague pour «détendre» l’atmosphère parce que vous êtes trop stressé.

«Les gens disaient “Bitch” au lieu de Bich. Même chose avec Phuoc, qui se faisait appeler “Fuck”», me dit Laura.

Le gag facile avec les noms, ils et elles l’ont entendu des milliers de fois. Pensez straigtforward et soyez réceptifs aux explications.

Ça aide vos collègues à se sentir inclus et respectés. Et ça vous aide à entretenir un bon contact. Gagnant-gagnant.