.jpg)
Pourquoi vous devriez regarder Billions
C’est facile d’haïr les gens qui travaillent dans la finance.
De l’ex-PDG du groupe financier Goldman Sachs Hank Paulson au trader Fabrice Tourre, ce n’est pas rare que leurs décisions aient un impact sur nos vies et cet impact se traduit plus souvent qu’autrement en pertes d’emplois, expropriations, ruine financière et autres calamités dont ils semblent se foutre éperdument s’ils obtiennent leur bonus de performance à la fin de l’année.
Billions occupe une drôle de place dans la culture populaire. Malgré un succès critique indéniable, elle ne s’est jamais démarquée comme étant LA série à voir depuis ses débuts en 2016.
À première vue, ça semble une drôle d’idée de vouloir regarder une série télé sur ce milieu. C’est peut-être pour ça que Billions occupe une drôle de place dans la culture populaire. Malgré un succès critique indéniable, elle ne s’est jamais démarquée comme étant LA série à voir depuis ses débuts en 2016. J’ai moi-même attendu jusqu’à l’hiver 2021 pour lui donner une chance.
Maintenant que c’est fait, je peux l’affirmer aussi : Billions, c’est vraiment bon. C’est pas juste une série qui parle de gens riches et chiants. En fait, c’est un peu ça, mais les créateurs Brian Koppelman, David Levien et Andrew Ross Sorkin explorent aussi – à travers leurs personnages de banquiers irresponsables et de présidents de fonds d’investissement corrompus – notre rapport à l’argent et au bonheur.
Les rouages psychologiques du capitalisme
Billions est l’histoire de l’interminable confrontation légale entre le propriétaire d’Axe Capital Bobby Axelrod (interprété par Damian Lewis) et le procureur général du district sud de New York Chuck Rhoades Jr. (Paul Giamatti). Inspiré de nombreux crimes financiers réels dont la fraude des bons du trésor américain commise par la firme d’investissements Solomon Brothers, la série met l’accent sur des conflits d’égo qui prennent le dessus sur la justice et l’argent des investisseurs.
Les deux protagonistes sont perpétuellement convaincus que la prochaine victoire leur apportera une paix d’esprit âprement désirée, mais cette dernière ne vient jamais.
Dans l’univers de Billions, la responsabilité morale et/ou financière n’existe pas. Tout ce qui importe, c’est de gagner. Faire plus d’argent, écraser son adversaire ou dominer une plus grande partie du marché. Pourtant, cette course vers la suprématie des marchés financiers ne semble satisfaire personne. Sous la pression incessante du procureur, Axelrod s’éloigne graduellement de sa famille afin de protéger ses investissements. Après une saison, il est complètement englouti par son travail. De l’autre côté, Chuck perd la tête à essayer de coincer le puissant Axelrod et n’hésite pas à mettre famille et amis dans la ligne de mire afin d’obtenir ce qu’il veut. Les deux protagonistes sont perpétuellement convaincus que la prochaine victoire leur apportera une paix d’esprit âprement désirée, mais cette dernière ne vient jamais.
Leur psychologie ressemble plus à la nôtre qu’on aimerait le croire. Tout comme nous, les millionnaires et milliardaires de Billions sont conditionnés à croire que la réponse à leurs besoins se trouve dans ce qu’ils ne possèdent pas. C’est l’illusion que le bonheur se trouve dans la prochaine acquisition. Si pour nous, c’est dans l’accès à la propriété, la voiture de nos rêves ou simplement dans la prochaine session de shopping, pour eux, c’est dans l’achat de la prochaine compagnie, l’augmentation des parts de marché ou dans la prochaine victoire sur leurs adversaires. Bien sûr, les désirs d’Axelrod et de ses subalternes Wags, Dollar Bill et cie. sont complètement décalés, mais ils sont soumis à la même logique toxique du capitalisme que nous. Ça ne les rend peut-être pas sympathiques, mais ça les rend intéressants !
Les problèmes des personnages de Billions sont différents des nôtres, mais ils en souffrent de la même façon : ce n’est jamais assez.
https://www.youtube.com/watch?v=0FwlC5kwV8M
La championne discrète de la diversité à l’écran
Hello, I’m Taylor. My pronouns are they, theirs and them.
À ma connaissance, Billions est la première série à mettre en vedette un personnage majeur non binaire et ce personnage ne sert pas uniquement à discuter des problématiques d’identité de genre. Taylor Mason s’identifie comme étant ni homme ni femme et c’est à peu près la seule chose qu’on apprend à ce sujet. Après quelques épisodes (et quelques blagues douteuses qu’on espère être mortes et enterrées en 2017), les Axelrod, Wags, Rhoades, Connerty et autres intègrent les pronoms non genrés de Taylor à leurs vocabulaires et on en fait plus une histoire.
L’inclusivité ne s’arrête pas là. On y compte plusieurs personnages féminins importants et la diversité est omniprésente dans la série. Pourtant, Billions n’en fait pas tout un plat. Ces personnages font partie de l’intrigue principale le plus naturellement du monde et c’est vraiment rafraîchissant. La plupart des séries ne sont pas encore rendues là, mais Billions met la diversité de l’avant de main de maître.
Si ça vous tente de changer le mal de place et de lâcher les séries pompeuses à gros budget pour quelque chose d’intelligent, bien écrit et avec le coeur à la bonne place, misez sur Billions. Si vous y prenez goût, sachez que la série a été renouvelée pour une sixième saison !