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Pourquoi on s’est encore fait avoir par les téléfilms de Noël ?

Une recette réchauffée qu'on aime détester.

Par
Thomas Bédard
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Le synopsis est simple :

Une femme (appelons-la Kathleen), caucasienne aux cheveux blonds, entre 28 et 37 ans, conforme aux standards de beauté, exerçant une carrière accomplie dans une grande métropole. Elle est froide et récemment divorcée, et donc, naturellement, elle déteste Noël.

Kathleen prend enfin des vacances pour le temps des Fêtes et retourne dans son village natal, dans lequel il n’y a pas deux pieds carrés qui ne sont pas recouverts de décorations de Noël. Kathleen séjourne chez sa mère (appelons-la Sandra), une dame qui se mêle câlissement pas de ses affaires et qui passe sa retraite à faire des biscuits au pain d’épice.

C’est alors qu’apparaît dans le décor un homme (appelons-le Jack), caucasien aux cheveux bruns, entre 33 et 45 ans, conforme aux standards de beauté, exerçant un métier manuel un peu bourrin, mais au comportement excessivement généreux et empathique pour un homme de son profil. Car bien sûr, Jack est un père monoparental élevant une jeune fille (appelons-la Emma) de 7 ans, débordé entre son travail d’homme à tout faire et ses heures de bénévolat à la soupe populaire.

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Jack et Kathleen se connaissaient à une autre époque, mais, à cause de la carrière de celle-ci, leurs chemins ont fini par se séparer. Et voilà qu’ils se retrouvent à nouveau, avec l’opportunité de recommencer à zéro. Une amitié naît, puis, quelques minutes plus tard, c’est l’amour (c’est ben dépendant affectif, les banlieues canadiennes). Quelques clichés passent et Kathleen réapprend à vivre le moment présent et à aimer. La magie de Noël fait son effet, les décorations aussi, notre protagoniste finit par faire la paix avec la fête du p’tit Jésus.

À la veille de son retour au travail en ville, Jack tente de la retenir, de la convaincre de rester et de vivre avec lui. Et parce qu’une histoire d’amour de deux semaines est OF COURSE plus importante pour une femme que l’entièreté de sa carrière, elle lâche tout pour également travailler à la soupe populaire et s’occuper d’une fille qui n’est pas la sienne.

Fin.

Prenez ce scénario, ajoutez quelques twists, changez les noms, les âges (mais JAMAIS le casting), et vous avez droit à touuuute la collection des téléfilms de Noël de la chaîne américaine Hallmark, qui en produit environ une quarantaine chaque année. Une chaîne propriété de Crown Media Holdings qui vend aussi… des cartes de vœux Hallmark.

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Ces films, je ne les aime pas, mais je ne les déteste pas non plus. Plutôt, j’aime les détester. Ils sont clichés, vite faits, cheaps… et ils éveillent en moi quelque chose de malsain. Les téléfilms de Noël, c’est du so bad it’s good à son zénith.

À partir du 20 octobre, chaque année, chaque fois que je retourne chez mes parents ou chez ma grand-mère, les images défilent sur la télévision du salon, et ces longs-métrages s’enchaînent tous les uns après les autres. Ils racontent tellement la même affaire, en plus d’avoir la même esthétique et les mêmes dynamiques de personnages aux mêmes profils, on pourrait jurer qu’il s’agit d’un seul long film qui a duré toute la journée.

Ces films, c’est de la musique à mes oreilles. Lirrétalement. Parce qu’après cinq minutes, ça devient un bruit ambiant dans la maison. Ça comble un vide, ça rajoute une ambiance à laquelle personne ne porte attention, mais qui est pourtant bien présente. Ils sont la télé-réalité des fictions : des péripéties d’amour kitsch qui mettent le cerveau en pause.

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Ces films, c’est une micro-industrie à elle-même qui fait travailler plein d’acteurs et d’actrices qui n’ont pas percé ou qui ont eu leur apogée de carrière dans les années 90. C’est aussi probablement le plus gros client mondial d’accessoires et de décorations de Noël. Pour de vrai, y’a pas un plan dans ces productions qui ne contient pas au moins une guirlande ou un sapin.

Bref, des films avec plein de merdouilles, mais des merdouilles avec des décorations de Noël dessus.