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Pourquoi Josie et les Pussycats est un film culte en avance sur son temps
Le monde du cinéma peut être cruel envers des films qu’il ne comprend pas ou plutôt, qu’il ne cherche pas à comprendre. Cela entraîne des critiques assassines qui se lisent avec un sourire sur les lèvres des années plus tard, quand ledit film est devenu culte. On pense à Retour Vers le Futur qualifié de « navet », Fight Club de film « débectant, dangereux » ou encore Shining qui « détruit tout ce qui était si terrifiant dans le best-seller » de Stephen King. Mais il ne s’agit pas là de vous parler de ces films qui sont tous aujourd’hui considérés comme d’excellents long-métrages. Le sujet de ma plaidoirie est Josie et les Pussycats.
Une simple comédie feel good ou une œuvre visionnaire ?
Bien avant les séries Riverdale ou Les Nouvelles Aventures de Sabrina, une autre œuvre de l’éditeur Archie Comics voit le jour sur nos écrans : Josie et les Pussycats. Sorti le 11 avril 2001, le film fête ses 20 ans cette année et on s’est dit que c’était le moment parfait pour le réhabiliter. Car à sa sortie, Josie et les Pussycats ne brille pas au box-office et les avis des journalistes cinéma sont assassins. Roger Ebert écrit : « Josie et les Pussycats ne sont pas plus bêtes que les Spice Girls, mais elles sont aussi bêtes que les Spice Girls, ce qui est assez bête. » On voit l’ambiance. Le film est vite catalogué comme une comédie feel good pour les femmes qui ne convainc pas et est un peu bébête. Les critiques ont bien tort.
Mais avant de passer aux choses sérieuses, faisons un petit résumé de ce chef d’œuvre (oui vous avez bien lu). Josie et les Pussycats suit l’ascension fulgurante d’un groupe pop-rock composé de trois amies : Josie (Rachael Leigh Cook), Valerie (Rosario Dawson) et Melodie (Tara Reid). Repérées par Wyatt Frame (Alan Cumming) de MegaRecord, elles sortent rapidement un premier album qui leur apporte la célébrité. Le hic ? Fiona (Parker Posey), la redoutable directrice de leur maison de disques, a un plan machiavélique. Grâce à une machine sophistiquée, elle cache des messages subliminaux dans les chansons de Josie et les Pussycats pour manipuler les masses. Elle travaille même avec le gouvernement américain ! Un peu flippant ? Certes, mais aussi très visionnaire.
Une critique de la société capitaliste
Josie et les Pussycats est un film ancré dans les années 2000. Niveau vestimentaire cela signifie jeans taille basse, crop tops pour montrer les nombrils et talons vertigineux ! Ajoutez à cela : un esthétique camp et un soundtrack incroyable qui rappelle la pop-rock que l’on a adoré mettre à fond dans notre chambre d’adolescent (et qui s’écoute toujours avec plaisir). Josie et les Pussycats s’illustre aussi par ses nombreux placements de produits : Coca-Cola, Ray-Ban, Diesel, Victoria’s Secret, Target… Dans une scène assez surréaliste, les parois de la douche de Melodie sont recouvertes de logo McDonald’s. En réalité, aucune des entreprises n’a payé pour figurer dans le film, les réalisateurs voulaient simplement montrer un monde obsédé par les marques. Comme une prophétie ?
Car si Josie et les Pussycats se veut comme une satire de la société capitaliste, le monde qu’il montre n’est au final pas très éloigné du nôtre. À travers son intrigue absurde, le film s’est imposé comme précurseur de notre époque. Sorti avant les attentats du 11 septembre 2001, le scénario de Deborah Kaplan et Harry Elfont peut se voir comme un reflet de la montée des programmes de surveillance utilisés par le gouvernement Bush dans sa guerre contre la terreur. C’est du moins l’une des théories que développe cet article de Bitch Media.
Une ode aux artistes et à la musique pop
Surtout, Josie et les Pussycats s’en prend à l’industrie musicale. Josie, Valerie et Melodie sont présentées comme des jeunes filles passionnées par la musique, leur amour pour la performance est tel qu’elles se donnent à fond lors d’un concert dans un bowling où personne ne les écoute. C’est une célébration de la pop – ce genre musical longtemps dénigré par les critiques – mais aussi une attaque de l’industrie qui se cache derrière. Les artistes ne sont jamais traités cruellement par le film contrairement aux exécutifs qui s’intéressent plus à remplir leur compte en banque qu’à produire des morceaux de qualité. Le film veut démontrer que les labels de musique créent de toute pièce les pop stars pour pouvoir les remplacer très facilement.
Évidemment à la fin de Josie et les Pussycats, les méchants échouent et l’amour pour la musique et la sororité triomphent. Nos trois héroïnes prouvent que l’on peut rester en phase avec soi-même dans l’enfer capitaliste dans lequel nous vivons. Alors certes, ce film est excessif autant dans son intrigue que ses décors mais après tout, n’est-ce pas ce que l’on attend d’une satire ? Tragiquement incompris à sa sortie, Josie et les Pussycats commence enfin à être reconnu pour ce qu’il est : une comédie en avance sur son temps avec une bande-son incroyable.