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Pierre Rabhi et ses fantômes du passé
Je dois l’avouer : il y a certaines morts qui ne me font ni chaud ni froid. Soit parce que je découvre la personne en apprenant son décès (dommage), soit parce que je ne la portais pas spécialement dans mon coeur et vice-versa. Je ne pleure pas la mort d’un grand-père pédophile, d’un tonton raciste ou d’un Pierre Rabhi homophobe (et j’en passe), par exemple.
Depuis son décès et tous les articles qui le célèbrent ou le vénèrent, j’ai le clavier qui me démange : suis-je la seule à SAVOIR ? Suis-je la seule à être de la jaquette et à porter des lunettes queer sur le monde qui nous entoure ? Pincez-moi. Et puis Baptiste Beaulieu fut, telle la lumière :
On les entend venir de loin les trolls avec leurs gros sabots du monde d’avant : « Mais enfin ! Il faut tenir compte de la génération de tous ces gens-là ». Non, je ne crois pas. L’ouverture d’esprit n’a pas d’âge – et n’est pas non plus une fracture du crâne pour paraphraser Moffat.
La mort, aussi radicale soit-elle, n’efface rien de ce qu’on a été, des mots qu’on a déversés et des maux qu’on a pu infliger. Au contraire. Elle les met en lumière.
Comme on peut le lire ici, « sur le papier, Rabhi n’avait rien pour faire scandale. Il (…) était une figure centrale de l’agroécologie, son mouvement Colibri a formé plusieurs générations d’agriculteurs, de chercheurs et de militants. (…) Toute sa vie, il a multiplié rencontres, conférences, et livres pour promouvoir la cause de la sobriété heureuse devenant une sorte de prophète pour une partie de la gauche et des verts. »
Sauf que, dans mon esprit, Pierre Rabhi est surtout celui qui m’a fait réaliser que je ne pouvais jamais être totalement safe en étant moi-même (homo pro PMA, fan de Taubira, pour aller vite) ni faire confiance aveuglément à autrui malgré les apparences (il paraissait presque inoffensif Rabhi pourtant). Qui a dit, au hasard, entre mille conneries : « Je considère comme dangereuse pour l’avenir de l’humanité la validation de la famille “homosexuelle”, alors que par définition cette relation est inféconde ». Mais oui.
Comme le rapporte le HuffingtonPost, dans un entretien à Reporterre en décembre 2013, il avait également comparé la PMA – sans préciser s’il faisait spécifiquement référence à la PMA pour toutes – à “l’agriculture chimique”. Quelques années plus tard, en 2018, il avait déclaré au journal Kaizen au sujet de l’égalité femmes-hommes: « Il ne faudrait pas exalter l’égalité. Je plaide plutôt pour une complémentarité : que la femme soit la femme, que l’homme soit l’homme et que l’amour les réunisse ».
Même Hamon s’est fait avoir (Benoit, quand même !!) :
Au regard de tous les commentaires et posts confus en mode « Oups, pardon, je ne savais pas que c’était un salopard ! », je me dis que les personnes de la communautés LGBTQ+ ont quand même une sacrée longueur d’avance en matière de détecteur de connards – en plus du gaydar, c’est pas mal. En même temps, « chat échaudé craint l’eau froide », on n’est pas fous… (folles, ça nous arrive, par contre).
Bref, pour celles et ceux qui n’y croient toujours pas et qui veulent laisser papi Rabhi au rang de bisounours, il suffit de lire cette enquête publiée dans le Monde Diplomatique en 2018 pour se faire une idée assez précise du personnage. De rien.
Rabhi était un conservateur réac qui tenait des propos homophobes, misogynes, etc. Et sa mort n’y change rien, hélas. Maintenant vous savez.