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Petit tour du monde des pires émissions de téléréalités

Que serait un bon programme sans humiliation ni drogue ?

Par
Malia Kounkou
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On a testé pour vous tout ce que le petit écran peut offrir de pire à travers le monde. Voici donc un (petit) tour du globe des horreurs de la téléréalité.

Parovi (Serbie)

Commençons ce voyage en Serbie avec un monument européen de la télévision trash : j’ai nommé Parovi. Dans une villa située à Belgrade, stars déchues, trafiquant.e.s de drogue, criminel.le.s de guerre et travailleuses du sexe sont séquestré.e.s enfermé.e.s pour une durée indéterminée (une amende d’environ 20 000 euros est requise pour sortir) et noient leur ennui dans un cocktail d’ivresse, de coucheries, de violences physiques et de harcèlement psychologique. « Les audiences montent à chaque fois que les candidats se battent, alors les bagarres, c’est bon pour nous », admet sans rougir l’animateur de l’émission Milomir Maric, interrogé dans le documentaire d’enquête français 66 Minutes.

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Lorsqu’en 2016, le candidat Željko Stojanović accepte d’intégrer la villa, son contrat lui promet un séjour de 150 jours maximum. Le premier mensonge d’une très longue liste. « Je suis resté six mois sans sortir en restant assis 14 heures par jour », témoigne-t-il dans Télé-loisirs. Au total, il sera roué d’une trentaine de coups par les participant.e.s de l’émission et mis en isolement forcé chaque fois qu’il exprimera le souhait de partir. « Tu sors quand la production le décide, poursuit-il. Le patron de la chaîne, c’est un mafieux des années 90, tout le monde a peur de lui. Les candidats ne peuvent pas rompre leur contrat, ils n’ont pas l’argent. »

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Pour s’évader, Željko utilise un procédé tout droit sorti de Prison Break. « On m’avait mis en isolement, raconte-t-il. Avec un micro et un cintre, j’ai réussi à dévisser la poignée de la porte, et j’ai pu m’évader. C’était lundi matin, à 4 h 30. » De là, il se fait passer pour mort chez un membre de sa famille et parvient à quitter la Serbie pour de bon deux jours plus tard par avion.

Les Anges de la téléréalité (France)

Continuons en France avec Les Anges, un programme aux retombées démoniaques. Ici, des stars de la téléréalité française sont envoyées dans des destinations paradisiaques avec un objectif professionnel précis à y accomplir : faire de la musique, devenir mannequin, se lancer dans le cinéma… Toutefois, le véritable côté juicy de l’émission se situe dans les interactions souvent tumultueuses entre ces fortes personnalités en cohabitation. Entre elles, le quotidien est rythmé d’amourettes éphémères, de trahisons routinières et de clashs aux insultes virulentes que de longs bips masquent en postproduction.

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Mais parfois, il arrive que la tension monte d’un cran supplémentaire et tombe dans l’intimidation pure et dure. La candidate Aurélie Preston en fait les frais courant 2016 en subissant l’acharnement régulier de plusieurs candidats qui s’amusent entre autres à lui donner des surnoms rabaissants et à glisser des lézards morts dans son lit. Selon ses dires, un participant en particulier lui aurait même lancé deux seaux de javel au visage avant d’uriner sur son matelas et tenter de la frapper.

Cette expérience laisse des séquelles importantes chez celle que l’on considère comme étant désormais « la candidate la plus harcelée » des Anges, et en octobre 2022, après un inquiétant message sur son compte Instagram, elle fait une tentative de suicide. Une prise en charge médicale d’urgence s’ensuit et elle revient sur les réseaux sociaux quelques jours plus tard pour rassurer ses fans, mais également pour révéler un second traumatisme post-téléréalité : son anorexie. « Je fais 32 kilos, écrit-elle. J’ai beaucoup souffert, ce qui a développé une hypocondrie émotionnelle. Je n’ai pas honte de le dire. On m’aura tout fait, tout pris. »

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Légère consolation : à la suite de ces événements, la toxicité de ces programmes sera débattue plus longuement sur Internet comme dans les médias français. L’aube peut-être d’un changement.

Susunu! Denpa Shōnen (Japon)

Prochain arrêt : le Japon. Pour ce cas, pensez au film The Truman Show et ajoutez-y un degré supplémentaire de sadisme.

L’histoire commence avec un humoriste japonais communément appelé Nasubi qui postule à l’aveugle pour une émission anonyme. Une fois son profil sélectionné, le concept du programme lui est révélé : il doit vivre nu, seul et filmé dans un appartement coupé du monde. Ses seuls compagnons sont des journaux remplis de tirages au sort auxquels il lui faut appliquer pour gagner à terme ¥1 million (soit environ 7000 euros). De ces petits concours dépend également sa propre survie et c’est pourquoi, après une longue période de famine, Nasubi se retrouve à manger tous les lots comestibles qu’il arrive à remporter, qu’il s’agisse de croquettes pour chien ou bien de riz cru.

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Durant tout ce temps, Nasubi pense que les images de son aventure sont collectées pour être ensuite montées en vue d’une diffusion ultérieure. Il ignore que ces séquences sont en réalité diffusées chaque semaine devant 17 millions de télespectateur.trice.s avides de le voir se démener pour exister. La popularité de l’émission est telle que son appartement se retrouve rapidement encerclé par fans et paparazzis, ce qui force la production à le ballotter d’un lieu à l’autre, les yeux bandés. L’un de ces déménagements le mène jusqu’en Corée du Sud, où il lui est ordonné de gagner suffisamment de coupons pour se payer un billet d’avion de retour pour le Japon.

En tout et pour tout, ce manège dure quinze mois. Fait surprenant : malgré le fait que l’expérience ait longtemps altéré sa capacité à interagir avec les autres et à réguler sa température corporelle, Nasubi dit ne garder jusqu’à ce jour aucune rancœur envers la production de Susunu! Denpa Shōnen.

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Jackass (États-Unis)

Terminons cette liste avec un grand classique du pays de l’Oncle Sam : Jackass. Tout est dit dans le titre : le but ici est de poser les actions les plus déjantées et crétines possibles juste pour le plaisir d’obtenir une bonne poussée d’adrénaline. Alors on fait de la planche à rouler en se masquant les yeux, on s’enferme dans une voiture remplie d’abeilles, on se lance des balles en caoutchouc dans les testicules, on saute dans un océan rempli de requins et on en rigole par la suite.

Ou pas. Les épreuves effectuées dans l’émission sont en effet si extrêmes que pour s’y préparer, l’équipe s’adonne à des excès d’alcool, d’antidouleurs et de drogues dures, développant des dépendances qui, aujourd’hui encore, suivent certains de ses membres. En 2011, deux d’entre eux meurent calcinés après avoir conduit ivres en plein jour. Un autre frôle de près le sida après avoir consommé de la cocaïne imbibée du sang de son dealer atteint du VIH.

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Moralité : derrière notre télé se cache une réalité bien souvent morbide.