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Petit guide d’autodéfense LGBTQ+

"Vous allez bientôt utiliser tout l'alphabet!" Oui, tonton.

Par
Marie Darsigny
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Après les guides d’autodéfense URBANIA pour célibataires, étudiants, végétariens… Voici un petit guide pour celles et ceux qui doivent composer au quotidien avec les questions intrusives de leur entourage quant à leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre.

Car c’est bien de ça qu’il s’agit: des remarques qu’on ne dirait jamais à quelqu’un qui fait partie de la majorité, de ce qu’on considère comme étant «normal».

Inverser la situation, c’est se rendre compte de l’absurdité de ces commentaires.

Bêtes de foire à leurs heures, les personnes faisant partie de la communauté LGBTQ+ doivent respirer profondément, tourner leur langue dans leur bouche et cracher une réponse politiquement correcte.

Eh bien, fuck ça.

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À toutes ces questions et remarques, la première réponse qui me vient à l’esprit, c’est tout simplement «Et toi?» Parce qu’il me semble évident que ces détectives de la chambre à coucher n’ont pas pris le temps deux secondes de réfléchir à ce qu’ils disent. Inverser la situation, c’est se rendre compte de l’absurdité de ces commentaires.

Pour mes guerrières et guerriers de l’interaction sociale déplaisante.

Mais bon, puisqu’il faut bien répondre (quoique, l’option «se sauver en poussant des cris de démon ébouillanté» est toujours possible), voici quelques suggestions, quelques pistes de réponses pour vous, mes guerrières et guerriers de l’interaction sociale déplaisante.

***

«C’est juste une phase»

La révélation: «Ah, je n’avais jamais pensé à ça, merci Sherlock. J’avoue que l’orientation sexuelle n’évolue pas au fil des expériences de vie, c’est pas mal coulé dans le béton cette affaire-là, hey, aucune fluidité. Une chance que je dois absolument coller une étiquette sur mes préférences, fiou, il ne faudrait surtout pas mélanger les gens.»

L’innocence: «Une phase? Ah oui, comme la semaine où je mangeais tout le temps de la salade au déjeuner, et après, j’ai eu une phase croque-monsieur!»

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«Oh, j’ai une cousine/amie/voisine/collègue lesbienne, je vais te la présenter!»

Le sarcasme: «OMG OMG UNE AUTRE LESBIENNE, la perle rare, c’est sûr que je vais être pote avec elle à cause de notre point en commun: être lesbiennes! Je connais aussi un gars, je devrais te le présenter, je suis sûre que tu vas l’adorer à cause de votre point en commun: être hétéros, hihihi.»

Le mode drague: «What about tes autres cousines/amies/voisines/collègues qui ne sont PAS lesbiennes? Avec moi, ça pourrait toujours changer! *clin d’oeil*»

«Du coup, t’aimes ça brouter des chattes/sucer des queues/insérer n’importe quel acte sexuel»

La paranoïa: «Quoi! Comment as-tu installé une caméra dans ma chambre!?»

À cette question-là, j’ai aussi beaucoup envie de juste répondre: «Et toi, parle-moi donc de ton intimité?»

«Comment tu l’as su?»

L’intime: «Un beau jour d’été, je marchais dans la rue, il faisait soleil, à peu près 18 degrés, je portais une petite robe blanche avec des sandales noires, je venais de manger un Subway au poulet grillé, et là, juste après avoir traversé au feu vert, ça m’a frappé: JE SUIS LESBIENNE!»

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La pratico-pratique: «En regardant un documentaire National Geographic»

«Tes parents sont ok avec ça?»

La evil: «Parents? Quoi? Qu’est-ce? Quels parents? Ah, ces deux personnes que j’ai dû éliminer suite à ma confession? Muhahahahaha!»

L’apitoiement: «Ben, en premier, ils m’ont enfermé dans le placard, style Harry Potter en dessous de l’escalier. Puis, ils m’ont envoyé dans un camp religieux où j’ai dû suivre une diète spéciale pour me guérir de mes déviances. Finalement, à ce jour, ils ne me parlent plus, sauf une fois par année à la St-Valentin: ils m’envoient des dépliants de sites de rencontres hétéros.»

«Tu vas adopter des enfants?»

L’évidence même: «Des enfants? Ben non, tout le monde sait que les lesbiennes s’achètent des colonies de chats!»

La propagande: «Voyons donc, jamais de la vie, tout le monde sait que les enfants qui grandissent avec des parents queer deviennent des psychopathes!»

Le test: «En fait, j’aimerais mieux concevoir naturellement, tu ne connaitrais pas quelqu’un qui voudrait m’engrosser? Toi? Ton petit-ami? Bref, je vais vous payer!»

«Tu dois avoir de la misère à draguer!»

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Le chialage: «Parle-moi pas de ça! Il faut rédiger des bios Tinder, entretenir des conversations Facebook… Ça, c’est quand il ne faut pas aller dans un BAR QUEER, ouache!»

La difficile: «C’est sûr que considérant que 10% de la population n’est pas hétéro, et que je suis une femme, et que j’aime les blondes, mais pas les fausses blondes, les vraies, ah et puis, faut aussi qu’elles mesurent plus d’1m70, qu’elles soient vegan, que leur couleur préférée soit le rose… Ah, et puis qu’elles soient polyglottes et qu’elles détiennent un post-doctorat. Sinon, je ne sais pas pourquoi, je ne suis juste pas séduite!»

«Queer, ça veut dire que t’aimes tout le monde dans le fond!»

La fausse peace and love: «OUI, J’AIME TOUT LE MONDE, MÊME TOI AVEC TES QUESTIONS FATIGANTES!»