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Depuis une vingtaine d’années, les prédateurs sexuels et pédocriminels ont trouvé un nouveau terrain de chasse : Internet. Dans le documentaire “Pédocriminels, la traque” , la réalisatrice et spécialiste des questions judiciaires, Laetitia Ohnona, mène l’enquête sur la prolifération des contenus à caractère pédopornographique sur le web, les nouvelles formes que prennent ces abus filmés, leurs commanditaires, et les institutions qui, à travers le monde, se chargent de les traquer.
Le résultat de ces investigations – qui ont nécessité pas moins de quatre ans de travail, et des entretiens dans plusieurs pays – c’est un documentaire d’1H30 absolument nécessaire, bien que susceptible de vous donner la nausée. Le film est disponible gratuitement sur la plateforme Arte, et on vous donne ici quelques-uns des chiffres-clefs.
1 JEUNE SUR 3
D’après une étude menée par l’ONG We Protect Global Alliance sur un panel de jeunes âgé.es de 18 à 20 ans interrogé.es dans 54 pays, un tiers affirmait avoir été sollicité en ligne par des adultes durant l’enfance.
8000
Selon l’OFMIN, l’office français chargé de lutter contre les infractions graves faites aux mineur.es, c’est le nombre de signalements répertoriés en 2023 pour des tentatives de sextorsion sur des personnes mineures. On appelle sextorsion le chantage – très souvent financier – exercé auprès d’un.e internaute après récupération d’images intimes échangées au cours d’une discussion en ligne.
Pour se rendre compte de l’ampleur grandissante de la menace qui pèse sur les enfants et adolescent.es, il faut savoir qu’en 2020, on comptait seulement quelques dizaines de signalements annuels… La majorité des cas de sextortion de mineur.es concernent des jeunes garçons (ex : 91% des cas au Canada) qui pensent discuter avec des filles de leur âge. Cette nouvelle forme de racket conduit malbeureusement parfois de très jeunes victimes au suicide.
2 MILLIONS ET DEMI
C’est la terrifiante estimation du nombre de pédocriminels qui seraient connectés sur Internet à chaque instant.
1 PHOTO SUR 4
En Allemagne, c’est le nombre d’images d’enfants trouvées sur des ordis de pédocriminels, qui ont été dérobées directement sur des réseaux sociaux appartenant à leurs parents, comme Facebook ou Instagram. Mais nous n’avons aucune leçon à donner à nos voisins d’Outre-rhin en matière de protection de l’image des tout-petits puisqu’en France, un enfant apparaît en moyenne 1300 fois sur les photos et vidéos en ligne de ses parents avant l’âge de treize ans.
700
C’est le nombre de signalements que l’OFMIN reçoit chaque jour, à propos d’internautes qui visionnent ou échangent des contenus pédocriminels dans l’Hexagone.
66%
C’est le pourcentage de contenus pédopornographiques diffusés dans le monde entier, qui sont en réalité stockés sur des serveurs européens, réputés très performants et peu coûteux.
5
C’est le nombre de versions différentes de manuels rédigés à l’intention du “parfait pédocriminel”, qui circulent sur Internet. Entre autres horreurs, on y trouve des recommandations sur la manière de désensibiliser un enfant aux violences physiques, les heures de la journée les plus propices à un kidnapping, mais aussi quelle dose de sirop administrer pour endormir ses victimes sans risque… A l’heure actuelle, seuls l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, en pénalisent la possession.
1 ENFANT SUR 100
C’est le nombre estimé d’enfants victimes de violence sexuelle en ligne aux Philipines. Il s’agit du pays qui exporte le plus de contenus pédopornographiques, notamment en livestream. Avec près d’un quart de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, la prostitution des enfants est une manne financière, parfois organisée au sein même des familles.
70%
C’est le pourcentage de survivant.es de violences sexuelles diffusées sur Internet qui se disent constamment inquiets que quelqu’un découvre un jour des images d’eux en ligne. La persistance du trauma, déjà bien connue des victimes de violences sexuelles, se double ici d’une angoisse permanente d’être reconnu sur des contenus circulant encore sur Internet, et ce jusqu’à la fin de leur vie.
ENTRE 1 ET 3 ANS
C’est en moyenne la durée de la peine de prison infligée aux cyber-pédocriminels arrêtés dans leurs pays d’origine, et qui ont diffusé ou acheté des shows pédopornographiques sur Internet…
Malgré un durcissement de la loi française en 2020, qui permet désormais de juger les commanditaires de ces livestreams pour crimes, et non plus pour de simples délits, mais aussi le travail de fourmis des autorités pour les appréhender, la plupart de ces prédateurs écopent encore de sanctions minimes. Pourtant, ils sont complices de viol par instigation et de traite d’êtres humains. Des faits pour lesquels la peine maximale encourue est de 20 ans…