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Oui, l’éco-anxiété touche aussi les enfants

Quelle attitude avoir en tant que parent ?

Par
Lory Zephyr
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Je me rappelle de la première fois que j’ai pu observer des symptômes d’éco-anxiété dans mon bureau. Un jeune enfant que je voyais en psychothérapie avait regardé à la télé un reportage sur des catastrophes naturelles. Ces images qui semblaient a priori banales pour ses parents ont plutôt créé chez lui des préoccupations intenses, des perturbations au niveau de son sommeil, une baisse d’appétit et une peur d’aller à l’extérieur. Si, à cette époque, j’en savais encore peu sur ce phénomène, les avancées scientifiques et cliniques nous permettent aujourd’hui de mieux le comprendre, le reconnaître et le traiter.

Le clash des générations

Vos parents avaient probablement l’habitude de vous dire le fameux “Dans notre temps….” que vous avez certainement trouvé agaçant par moment. Cependant, une des principales distinctions de leur époque est que leur enfance comportait somme toute très peu de préoccupations environnementales, voire aucunes. Les enfants d’aujourd’hui sont davantage exposés aux changements climatiques, à leurs conséquences à long terme et, surtout, au sentiment d’urgence.

Par exemple, un sondage mené auprès de 600 enfants âgés entre 10 et 14 ans en Australie a révélé que 44 % des enfants s’inquiètent du futur impact des changements climatiques et qu’un quart d’entre eux craignaient que le monde en soit à sa fin avant qu’ils ne vieillissent.

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C’est là que les parents peuvent faire toute la différence. Parce que les enfants prennent conscience des changements climatiques, mais parfois sans acquérir les outils nécessaires pour faire face aux émotions qui accompagnent ces connaissances récemment acquises.

Cela peut les conduire à ressentir du désespoir ou à vivre du déni. Par ailleurs, si les connaissances générales des jeunes au sujet des changements climatiques sont plutôt faibles, leur niveau d’inquiétude et d’anxiété, lui, est extrêmement élevé. Comment comprendre la présence de ces réactions ?

Il existe 3 catégories d’effets des changements climatiques sur la santé mentale :

  1. Directe : Ces manifestations surviennent après un événement météorologique extrême, tel que des réactions traumatiques suite à une inondation, un tremblement de terre ou un cyclone.
  2. Indirecte : Les changements climatiques peuvent également affecter la santé mentale à travers ses conséquences sur l’économie, les mouvements migratoires, les dommages aux infrastructures physiques et sociales, les pénuries de nourriture et d’eau, par exemple
  3. Par observation : Nombreux sont ceux qui ressentent de la détresse simplement en prenant conscience de la crise environnementale mondiale, sans être directement ou indirectement affectés. On parle alors d’un effet vicariant.
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Dans le cas des enfants, c’est surtout la 3e catégorie qui les affecte. Toutefois, il est important de souligner qu’avoir des inquiétudes sur l’environnement n’est pas équivalent au fait de souffrir d’éco-anxiété qui consiste, selon l’American Psychological Association, en une peur chronique d’un environnement condamné.

Certains enfants seraient plus à risque que d’autres de ressentir un degré élevé d’inquiétude face aux changements climatiques. Par exemple, c’est le cas des enfants qui utilisent des mécanismes d’adaptation axés sur le problème (par exemple, lire beaucoup d’informations), qui n’ont pas la possibilité d’agir contre les problèmes environnementaux ou qui estiment que les réponses gouvernementales ne sont pas satisfaisantes.

Si vous observez que les préoccupations ou les réactions émotionnelles de votre enfant sont persistantes et intenses, une ressource professionnelle en santé mentale est alors à envisager.

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Alors, on fait quoi ?

Plusieurs études récentes se sont penchées sur les attitudes parentales qui soutiennent favorablement les enfants face aux préoccupations environnementales. Voici les principales:

Ouverture et communication

Donnez à votre enfant l’espace nécessaire pour qu’il se sente à l’aise de partager ses préoccupations et ses émotions concernant les changements climatiques. De plus, si la famille visionne un reportage sur le sujet, créez un espace de conversation pour qu’il puisse partager ouvertement ses pensées, ses sentiments et ses questions sur ce qu’il a vu.

À ce sujet, enlevez-vous la pression de tout savoir. Vous aussi êtes en pleine période d’apprentissage et n’avez pas les réponses à tout. Curiosité et humilité seront vos alliés.

Équilibre et espoir

Il est vrai que le portrait global sur l’environnement n’est pas le plus encourageant. Toutefois, pour ne pas uniquement nourrir le désespoir et le sentiment d’impuissance, il peut être utile de relever certains points positifs.

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Que ce soit les projets mis en place par les établissements scolaires vis-à-vis l’environnement, l’évolution des mentalités dans notre entourage ou encore dans notre société, les avancées technologiques au service de l’environnement ou, pour les plus vieux, l’adoption de lois qui visent la protection de ce qui nous entoure, voilà des exemples qui peuvent offrir de l’espoir aux enfants.

Mobilisation et action

Encouragez votre enfant à agir. En se concentrant sur les initiatives locales et des actions tangibles, votre enfant développera un sentiment de contrôle sur le monde qui l’entoure et intégrera l’idée selon laquelle ses actions font une différence. Par ailleurs, en l’appuyant dans cette mission, vous envoyez le message à votre enfant qu’il n’est pas seul à se mobiliser.

Parce que oui, il reste beaucoup de chemin à faire, pour nous tous, mais surtout pour eux.