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Oui, la police française tue

Quelques chiffres pour nous rappeler ce savoir-faire presque unique en Europe.

Par
Cha Toublanc
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Les meurtres par des policiers ne sont ni des cas isolés ni des faits divers. Si ces dernières années, ils se font plus fréquents, la Police a toujours tué.

Au moins 861 personnes sont mortes suite à l’action des forces de l’ordre depuis 1977 selon le décompte du site basta!.

  • 489 personnes ont été tuées par arme à feu, et 275 d’entre elles n’étaient pas armées,
  • 349 personnes ont perdu la vie en fuyant les forces de l’ordre,
  • 221 décès ont été décomptés à la suite d’une arrestation.

39 personnes ont été tuées par la police et la gendarmerie en 2022 et 52 personnes en 2021.

12 homicides ont été commis par les “gardiens de la paix” durant les 8 semaines de confinement obligatoire en 2020.

Depuis 2020, la police tue deux fois plus que dans les années 2010.
Depuis 2020, la police tue deux fois plus que dans les années 2010.
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la france, championne d’europe

Ces 20 dernières années, la police française est celle qui a causé le plus de mort.es en Europe, si on prend en compte le ratio entre le nombre de décès et le nombre d’habitant.es.

La police tire mortellement trois fois plus que la gendarmerie.

La police et la gendarmerie en France ont tué par tirs 377 % de plus que la police de Grande-Bretagne et 50 % de plus que celle allemande.

Des armes interdites partout sauf en france

3 personnes sont mortes lors de manifestations depuis 2014.

Si la police en France fait tant de dégâts parmi les manifestant.es, c’est parce qu’elle utilise, avec grand zèle, des armes qui sont interdites dans la majorité des pays européens.

Parmi elles, nos chers “lanceurs de balles de défense », aussi appelé par le ptit nom de LBD, uniquement utilisées dans trois anciennes dictatures : la Pologne, la Grèce et l’Espagne. Les forces de l’ordre anglaises et allemandes disposent également de LBD mais elles ne les utilisent quasiment jamais. Motif invoqué par les autorités de nos voisins ? Le risque de “blesser les manifestant.es”. Apparemment, ce n’est pas un prétexte suffisant pour notre démocratie dont la constitution a été écrite durant la guerre d’Algérie.

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Les grenades de désencerclement, projetant des plots en caoutchouc et celles lacrymogènes et étourdissantes, toutes trois officiellement classées parmi les « matériels de guerre », sont, elles, interdites PARTOUT en Europe. Sauf chez nous bien sûr.

Une loi qui a fait exploser l’usage des armes

En 2022, 26 personnes ont été tuées par arme à feu par les forces de l’ordre.

Depuis février 2017 et le vote d’une loi sur le refus d’obtempérer, les forces de l’ordre ne sont plus limitées à la légitime défense pour utiliser leur arme.

L’article L435-1 autorise les les forces de l’ordre françaises à utiliser leurs armes de service à cinq conditions :

  • Si leur vie ou leur intégrité physique sont menacées
  • Après deux sommations
  • Afin d’empêcher un meurtre ou une tentative de meurtre
  • Dans le cas où l’individu cherche à s’enfuir et risque de s’en prendre à des tiers
  • Lors d’un refus d’obtempérer par un automobiliste, si le véhicule menace physiquement un ou plusieurs policiers
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Surtout, l’utilisation de l’arme doit se faire en cas d’absolue nécessité et de manière strictement proportionnée.
Si la loi est critiquée, c’est parce qu’elle est soumise à interprétation. Qu’est-ce qu’un “cas d’absolue nécessité” ? Que signifie faire usage d’une arme à feu “de manière strictement proportionnée” ? Et comment juger que les personnes qui ne se soumettent pas au refus d’obtempérer “sont susceptibles de perpétrer” “des atteintes à leur vie ou à leur intégrité physique ou à celles d’autrui” dans leur fuite ?

Depuis le vote de cette loi en février 2017 :

  • +39% : l’augmentation des tirs de policiers,
  • 5 fois plus de personnes ont été abattues par la police.

la “bonne excuse” du refus d’obtempérer

Nahel n’est pas le premier jeune du mois de juin à se faire tuer par la police lors d’un contrôle routier. Il y a 15 jours déjà, Alhoussein Camara, 19 ans, succombait au tir d’un policier alors qu’il se rendait sur son lieu de travail à proximité d’Angoulême. La famille a porté plainte, convaincue que le jeune homme n’a pas commis de refus d’obtempérer.

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En novembre dernier, Nordine A., un automobiliste dont le corps avait été traversé par sept balles tirées par des policiers lors d’une situation similaire à Stains en août 2021, a été condamné à deux ans de prison. Sa campagne, enceinte, a perdu l’enfant qu’elle portait après avoir reçu une balle.

En 2022, 13 personnes ont été tuées par un tir de la police suite à un “ refus d’obtempérer”. Mais la police ne tue pas que sur les routes.

Il y a un mois, un retenu originaire d’Égypte est retrouvé mort au centre de rétention administrative de Vincennes. Il était en attente de son expulsion du pays. Plusieurs témoins affirment qu’il avait été frappé, la veille, par trois policiers, après s’être plaint de ne pas pouvoir être conduit à l’hôpital depuis plusieurs jours. L’autopsie a conclu que son décès était dû “à une cause naturelle ou toxique». En 2019, déjà, deux hommes sont morts dans ce centre : un Tunisien de 19 ans et un Roumain d’une vingtaine d’années.

Des victimes majoritairement non-blanches

Un décompte de Reuters des fusillades mortelles en 2021 et 2022 montre que la majorité des victimes étaient noires ou d’origine arabe.

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La mort de Nahel relance une nouvelle fois la question du racisme dans la police et s’ajoute à une très longue liste de victimes où figurent une majorité de racisés.

  • Lahouari Ben Mohamed, en 1980
  • Malik Oussekine, en 1986
  • Abdel Benyahia, en 1986
  • Makomé M’Bowolé, en 1993
  • Habib Ould Mohamed, en 1998
  • Zyed et Bouna, en 2005
  • Lamine Dieng, en 2007
  • Amine Bentounsi, en 2012
  • Rémi Fraisse, en 2014
  • Adama Traoré, en 2016
  • Steve Maia Caniço, en 2019
  • Cédric Chouviat, en 2020…

Reste à voir quelle sera la réponse du gouvernement alors que les quartiers de france se soulèvent.