Si vous n’arrivez plus à faire pipi sous la douche sans faire une crise d’angoisse ou si vous vous mettez à pleurer en regardant votre bac à compost, pas de panique ! La BD L’Héritage du Dodo est là pour vous redonner foi en la bataille pour sauver la planète. Créée par le chercheur en écologie Franck Courchamp et le dessinateur Mathieu Ughetti, publiée sur The Conversation, cette bande dessinée remet en perspective avec positivité et humour l’état actuel de la biodiversité planétaire et ce qu’on peut encore faire pour se sauver les miches de la crise climatique. Tout ça avec un dodo et un singe qui parlent, franchement, si ça vous convainc pas de la lire, on sait pas ce qu’il vous faut.
Bon, si on a bien compris, la biodiversité ne pète pas trop la forme et c’est en bonne partie à cause de nous : c’est grave docteur ?
Oui, c’est grave. Et on ne mesure pas à quel point. Certes il y a moins d’oiseaux dans les arbres (d’ailleurs où sont passés les arbres ?!) mais en plus de rendre
le monde plus triste, la perte de biodiversité nous menace directement. Les humains sont dépendants de la biodiversité. Pour se nourrir, pour se vêtir, pour
se soigner… Les trois quarts des molécules de nos médicaments ont été découverts dans la nature et, pour la plupart d’entre elles, on ne sait pas les synthétiser chimiquement. Et puis la biodiversité purifie l’air que l’on respire et l’eau que l’on boit. Sans la diversité des millions d’espèces vivant sur Terre, les écosystèmes ne fonctionneraient pas. Alors quand la biodiversité souffre, c’est tout le système qui en pâtit.
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Comment on fait pour parler sans être trop lourd ou sans être moralisateur ?
C’était tout le défi de notre BD L’Héritage du dodo. Comment trouver le bon ton ? Si on déprime trop nos lecteurs, ils vont simplement baisser les bras. Oui
la biodiversité va mal, beaucoup d’espèces sont menacées, mais la bonne nouvelle, c’est que, dans la plupart des cas, il est encore possible de les sauver. Il suffit de les laisser tranquille. En 1880, il ne restait plus que cinq cents bisons en Amérique, aujourd’hui, on en compte cinq cent mille. Il y a trente ans, on pensait que les baleines allaient disparaître. Aujourd’hui, elles vont beaucoup mieux. Il a suffi d’arrêter de les chasser pour qu’elles remontent la pente.
D’ailleurs, la vitesse à laquelle les populations animales arrivent à se régénérer surprend souvent les scientifiques. La nature est terriblement résiliente. Il y a
certaines espèces pour lesquelles il est trop tard, mais il y en a aussi beaucoup que l’on peut encore sauver… si on se bouge. Quant au risque d’être moralisateur, personne n’est individuellement responsable de la crise actuelle. Il suffit de considérer que l’on est tous dans le même bateau et ne jamais pointer quelqu’un du doigt (enfin sauf les lobbyistes des compagnies pétrolières et les directeurs de Monsanto).
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Des animaux qui parlent, comme dans votre BD, est-ce que c’est plus impactants que les scientifiques du GIEC ?
Moi, je trouve les scientifiques du GIEC très impactants. Mais les animaux c’est bien aussi. Je me suis beaucoup amusé à faire parler les animaux. Une palourde qui remet à sa place un prix Nobel d’économie, ça me fait marrer… L’humour joue un rôle important dans notre BD, ça permet de rythmer la lecture, de ne pas déprimer le lecteur, et de maintenir son attention. Mais vous connaissez ça chez URBANIA. Il est plus facile de faire passer dix pages de concepts scientifiques en mettant des petites blagues dedans.
Comment on lutte contre l’exo-anxiété qui donne envie de tout rage-quit ?
En faisant une BD par exemple… Bon, pas sûr que ce soit un bon conseil pour tout le monde. Par contre, passer à l’action, c’est une bonne solution. Quand je mange végétarien, que je prends le train plutôt que l’avion ou que j’achète un vêtement fabriqué en France, ça me fait du bien. Ça ne sauve pas le monde, c’est sûr, mais ça calme mon éco-anxiété. Aujourd’hui, lorsque je fais des petits gestes écolo, je les fais autant pour réduire mon empreinte environnementale
que pour soigner mon éco-anxiété. Et puis, il y a l’émerveillement de la nature. Ça, c’est un puissant remède.
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On répond quoi aux climatosceptiques qui parlent d’une future dictature écolo ?
On leur dit que c’est justement ce qu’on essaie d’éviter. Car si la situation continue de dégénérer, il arrivera un moment où il sera impératif de prendre des mesures coercitives. Une dictature écolo, ce n’est pas une société où l’on interdit les pesticides et les voitures thermiques. Une dictature écolo, c’est un monde où l’accès à l’eau est rationnée, où l’électricité n’est pas disponible pour tous, où les déplacements sont contrôlés… On préfère tous éviter ça.
C’est quoi cette histoire d’animaux porte-drapeau ?
C’est un concept en écologie (je parle de la discipline scientifique). Un animal porte-drapeau, c’est une espèce charismatique qui permet d’attirer l’attention du grand public sur des problèmes environnementaux et de mobiliser pour sa protection. Par exemple, le panda, le tigre, la girafe… Les meilleurs VRP de la nature, en quelque sorte. Les vautours et les araignées n’en font pas partie.
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Comment on protège tout ce petit monde (dont les araignées même si on les trouve moches) à notre échelle ?
En s’engageant, en soutenant les actions de préservation et les associations, en parlant autour de nous, en faisant basculer l’opinion publique… Et puis, on a tous deux cartes en mains : une carte bancaire et une carte d’électeur. Nos choix de consommation et de vote ont un impact sur la protection du vivant. Par contre, si vous avez des fourmis qui envahissent votre maison, vous pouvez les écraser sans culpabiliser.
Est-ce que le dodo aurait fait un meilleur animal de compagnie que le chien ?
Évidemment ! Il est tellement plus mignon avec ses grosses pattes griffues et son long bec crochu. Mais pas sûr qu’il aurait rapporté la baballe… En tout cas, je n’ai trouvé aucun article scientifique sur le sujet.
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