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Ode à «Maman, j’ai raté l’avion!»

Ce classique de Noël a fêté ses 30 ans cette année et on l'aime toujours autant.

Par
Benoît Lelièvre
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Traitez-moi de grincheux si vous voulez, mais je n’aime pas les films de Noël.

Quand il y en a un à la télé pendant les Fêtes et que la conversation est lancée dans le salon, c’est moi le salaud qui change de chaîne en douce pour regarder le hockey ou des reprises de Hell’s Kitchen en rafale. J’aime mieux regarder Gordon Ramsey traiter créativement ses sous-fifres de sans-génies pendant six heures en ligne que de me taper Miracle sur la 34e rue juste parce que mon p’tit neveu de 4 ans ne l’a pas vu.

Ça, c’est la règle. Mais comme toutes les règles, elle a ses exceptions. L’une d’entre elles a d’ailleurs célébré son 30e anniversaire cette année. Si vous m’invitez chez vous pour regarde Maman, j’ai raté l’avion!, je vous jure que je ne serai pas désagréable.

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Fuck la magie des Fêtes

Les films de Noël qui débutent avec un petit gars turbulent et impoli qui refuse d’écouter ses parents sont nombreux, mais très peu célèbrent les écarts de conduite de son protagoniste comme Maman, j’ai raté l’avion! le fait avec Kevin McCallister. Plus jeune fils d’une famille de cinq enfants, il est laissé à lui-même dans le chaos pré-voyage. C’est là que la magie des Fêtes embarque… ou, devrais-je dire, débarque.

Le seul élément magique du film à proprement parler (même s’il est implicite), force Kevin à défendre sa maison tout seul contre une invasion de domicile.

La seule allusion directe à la magie des Fêtes dans Maman, j’ai raté l’avion!, c’est quand Kevin fait disparaître sa famille avec un souhait. À cause de cette damnée magie, il se retrouvera à affronter ses peurs, dont : la fournaise du sous-sol, son voisin tueur en série (ou pas) et les casseurs-flotteurs. Le seul élément magique du film à proprement parler (même s’il est implicite), force Kevin à défendre sa maison tout seul contre une invasion de domicile. On est loin des lutins et des rennes au nez rouge.

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C’est une des raisons qui me fait apprécier ce film « pour enfant » : le personnage doit faire face à une réalité brutale et apprendre à confronter ses peurs. Voilà quelque chose qui me parlait à huit ans et qui me parle encore aujourd’hui. Oui, j’ai le même âge que Kevin McCallister. En fait, Maman, j’ai raté l’avion! est sorti en salles le jour même de mon huitième anniversaire.

Plaidoyer pour une enfance éternelle

Une autre leçon originale de Maman, j’ai raté l’avion! c’est que laisser les superstitions et les croyances magiques de l’enfance de côté, ça peut être une bonne chose. L’enfance n’y est pas représentée comme un état idéalisé, mais comme un état d’esprit à partir duquel on peut évoluer.

Prenez l’exemple de la relation entre Kevin et son voisin, le père Marley. Vous ne vous souvenez peut-être pas de son nom, mais vous vous souvenez de sa face:

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Kevin est tout d’abord terrifié chaque fois qu’il l’aperçoit, parce que son grand frère Buzz lui raconte continuellement des histoires d’épouvante à son sujet. Sa connexion avec le monde est limitée. Contrôlée par son contexte familial.

Maman, j’ai raté l’avion! ne présente pas l’enfance comme quelque chose de nécessairement négatif, mais pas comme quelque chose de magique. Ce qui est magique dans cet univers, c’est la maturité.

Mais lorsque le contexte en question est modifié de manière draconienne à cause d’un malencontreux oubli parental, Kevin découvre un vieil homme chaleureux et amical. Une nouvelle amitié qui vaut son pesant d’or. Encore une fois, la perte de naïveté et d’innocence vient en aide à Kevin. Elle vient aussi en aide à son vieux voisin isolé qui ne cherche qu’un peu de contact humain. Maman, j’ai raté l’avion! ne présente pas l’enfance comme quelque chose de nécessairement négatif, mais pas comme quelque chose de magique. Ce qui est magique dans cet univers, c’est la maturité. C’est comme développer un super pouvoir.

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Dans le cas de Kevin, il s’agit peut-être d’un super pouvoir d’enfant ingénieur, mais vous voyez ce que je veux dire! L’histoire ne dit pas s’il avait déjà une connaissance encyclopédique du pouvoir destructeur des objets dans sa maison, mais c’est lorsqu’il a arrêté d’avoir peur qu’il s’est mis à les utiliser pour vaincre l’ennemi.

C’est ce qui fait que j’aime ce film… et pas les 1668 autres films de Noël (à part Die Hard). Surtout parce que c’est un film qui ne croit pas au père Noël, ni à ses lutins ou à son traîneau. Il présente l’enfance comme une partie importante de la vie, mais à partir de laquelle on doit évoluer sans toutefois l’abandonner complètement. Un beau message.

Pas mal plus beau que brosse tes dents, fais des prières et obéis à maman et papa. Vous trouvez pas?