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Mon objectif : égaler un jour les Parisiens

En partenariat avec la ZEP (Zone d’Expression Prioritaire).

Par
La ZEP
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Ce récit provient des ateliers d’écriture animés par les journalistes de la Zone d’Expression Prioritaire (la ZEP), un média qui accompagne l’expression des jeunes pour qu’ils et elles se racontent en témoignant de leur quotidien et de toute l’actualité qui les concerne.

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J’ai été accepté au stage « Olympic’ Maths », dans le 5e arrondissement de Paris. C’est le jour où j’ai appris la différence de niveau entre un élève de lycée parisien et un élève de banlieue.

J’étais en terminale quand mon professeur nous a parlé de ce stage de maths. J’ai donc postulé avec une lettre de motivation et j’ai été pris. Nous étions dans un petit amphithéâtre à l’entrée de l’établissement, c’était très impressionnant. Il y avait plein de conférences chaque semaine, avec des gens du monde entier. L’ambiance était centrée sur la passion des mathématiques. Ce stage consistait à résoudre un maximum de problèmes olympiques et nous étions encadrés par deux élèves de l’X polytechnique, la meilleure école d’ingénieurs de France.

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Seulement cinq originaires de banlieue

J’étais avec un ami. Dans notre amphithéâtre, j’étais au milieu de vingt élèves, de la seconde à la terminale. Nous nous sommes tous présentés et ça se voyait qu’on était que cinq de banlieue. Leur vocabulaire était comme le mien, de « banlieue » avec des mots de base comme… « de base ». Ça ne se dit pas à Paris. Mais aussi, ça se voyait par rapport à notre couleur de peau.

La journée était divisée en deux. La matinée, c’était leçons et, l’après-midi, nous devions résoudre les problèmes olympiques affichés sur le tableau. Vingt problèmes au total. La première matinée, on nous a demandé qui connaissait le « théorème des chaussettes ». J’ai cru que c’était une blague, mais non : presque tous les Parisiens ont levé la main, mais pas nous. J’ai regardé mon ami, surpris. On n’avait jamais entendu parler de ce théorème et pourtant on avait tous les deux un très bon niveau en maths.

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Une différence d’ambitions

Les après-midis du stage, nous étions avec un élève parisien de seconde pour résoudre ces problèmes. Et, malgré son âge, il était clairement plus fort que nous. Alors qu’on était en terminale ! Lui, comme tous les Parisiens de ce stage, connaissait notre programme. Il était très rapide et trouvait facilement les réponses. J’étais étonné, amusé et surpris. Je ne savais pas qu’il y avait un tel niveau à Paris.

Puis, nous n’avions pas les mêmes ambitions. Des élèves sont venus pour le stage uniquement car ils visaient l’X, donc pour parler avec les deux étudiants de là-bas. Alors que moi, j’étais juste là pour apprendre quelques méthodes et pour améliorer mon dossier post-bac…

Depuis ce stage, motivé comme jamais, avec une envie de me surpasser, je vise un parcours plus ambitieux. D’abord pour rattraper mon retard, et avec comme but d’égaler, un jour, les Parisiens.

Arsan, 18 ans, lycéen, Le Bourget