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Mon collègue travaille trop. Est-ce que je devrais lui dire ?

Quatre approches pour mieux lancer le dialogue.

Par
Sonia Kwemi
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On connait tous quelqu’un qui envoie des mails le week-end et avance ses dossiers jusqu’à tard le soir. Au premier coup d’œil, on peut se dire : wow, quelle motivation, trop cool !

Mais après quelques réflexions, on se rend rapidement compte que ce n’est pas très sain, ni pour cette personne ni pour l’organisation. La question de savoir si je devrais me mêler de mes affaires ou lui en parler peut donc se poser. Le dilemme se pose aussi parce que c’est clair que je risque de passer pour l’employé.e paresseux.se si je fais ça, mais, en même temps, c’est bon pour personne d’avoir un collègue workaholic. Voici quelques pistes de réflexion.

Je commence avec une réponse un peu chiante : ça dépend

La première piste de réflexion réside, selon moi, dans la compréhension des raisons pour lesquelles cette personne travaille le week-end et les soirs. Est-ce que c’est parce qu’elle aménage son temps de travail différemment ou est-ce que c’est réellement du temps supplémentaire ? Est-ce que cela coïncide avec un gros mandat qu’elle doit effectuer ou encore avec le jalon d’un projet important ? Bref, est-ce que son temps supplémentaire est temporaire et justifié, ou non ?

C’est sûr que je vous conseillerais de lui en parler, mais avec beaucoup de tact.

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Si ce n’est pas le cas, de par la nature de ma profession de conseillère en ressources humaines, c’est sûr que je vous conseillerais de lui en parler, mais avec beaucoup de tact.

Approche #1, le helper : « Hey, je constate que tu en donnes vraiment beaucoup depuis les dernières semaines, c’est cool, mais est-ce que tu aurais besoin d’aide pour certaines tâches ? »

C’est subtil, amical et ça ne fait pas culpabiliser votre collègue. De plus, cette approche permet de lui dire que de l’aide est disponible et que vous voyez son engagement d’un bon œil, mais que vous êtes prêt à l’aider.

Approche #2, le contextueux : « Avec tout ce que l’on vit actuellement, prendre le temps de se déconnecter me fait le plus grand bien. Toi, comment tu déconnectes le week-end ? »

Cette approche permet de mettre de l’avant que vous valorisez la déconnexion et ça donne l’ouverture pour que votre collègue avoue qu’il ou elle travaille plus tardivement et vous pourrez aborder le sujet ensuite.

« Sache que si je l’aborde avec toi, c’est parce que je t’apprécie profondément et que je me soucie de ton bien-être. »

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Approche #3, allons droit au but, mais avec amour : « Salut ! Je sais que tu es super occupé, alors je ne passerai pas par quatre chemins pour te parler de ce qui m’inquiète depuis quelques semaines déjà. (…) Sache que si je l’aborde avec toi, c’est parce que je t’apprécie profondément et que je me soucie de ton bien-être. »

Cette approche est sans doute ma préférée, c’est aussi celle que j’ai reçue deux ou trois fois déjà. Utilisez-la avec des collègues qui apprécient les discours directs et qui risquent de ne pas comprendre exactement ce que vous voulez dire avec les deux approches précédentes.

Approche #4, the final countdown ! À utiliser avec des collègues dont vous êtes particulièrement proche et avec qui vous avez une belle relation: « Hey buddy, depuis quelques semaines, je constate que beaucoup de tes mails sont envoyés le soir et le week-end. Plus d’une dizaine dans la dernière semaine. Je ne te cacherai pas que même si je sais que tu aimes énormément ton job, je crois que tu en fais trop, d’autant plus que tu sembles plus fatigué et irrité. »

Le fait qu’une personne de l’extérieur nous en parle nous fait réaliser la situation.

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Tout le monde n’est pas à l’aise avec celle-là, mais je dois vous avouer que c’est celle que moi j’aime le plus utiliser. Vous apportez des dates, des faits, des constants tangibles et ce n’est pas enrobé d’une belle introduction. À mon humble avis, une formule idéale si vous avez utilisé l’approche 1 et 2 sans succès ou si vous savez que votre collègue ne se vexera pas.

Peu importe l’approche, n’hésitez pas à en parler. Parfois le fait qu’une personne de l’extérieur nous en parle nous fait réaliser la situation. Et bien entendu, si vous constatez que la situation persiste, n’hésitez pas à demander conseil à votre gestionnaire ou conseiller RH.

Un mot pour les employeurs

Il ne faut pas hésiter à aborder le sujet du droit à la déconnexion dans vos organisations.

Parlez, par exemple, de la corrélation entre le repos et la performance.

C’est bien connu, ce n’est pas parce que nous travaillons plus ou que nous sommes connectés plus longtemps qu’on est nécessairement plus efficace. Je parle de ce sujet en long et large dans mon article sur l’heure à laquelle nous devrions déconnecter.

Parlez d’équilibre entre le travail et la vie personnelle !

Parlez de l’importance de la santé mentale et physique et de vos réelles attentes face à votre travail.

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Cette thématique ne devrait pas être taboue. Parlez de l’importance de la santé mentale et physique et de vos réelles attentes face à votre travail.

Encore plus en temps de pandémie, parce que pour des millions de personnes, la maison et le bureau ne sont plus qu’une seule et même place. Les frontières sont tombées et le problème est grandissant. La question du “droit à la déconnexion” est apparue en France. Une loi a été adoptée en réponse aux préoccupations selon lesquelles les technologies mobiles nuisent à la conciliation travail-vie personnelle. Depuis, 4 pays ont adopté une loi sur le droit à la déconnexion, et d’autres étudient la question.

Plusieurs entreprises avant-gardistes se dotent déjà d’une politique qui encadre l’obligation de connexion. Le fondement est simple: si certains souhaitent travailler à toute heure du soir et de la fin de semaine, cela ne devrait pas mettre de pression informelle sur les autres employés.

Tout le monde est libre de travailler au rythme qui lui convient, sans que la connexion permanente se transforme en norme malsaine.

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