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*Trigger warning/Mise en garde : cet article traite de la fusillade terroriste survenue à Orlando dans la nuit du 12 au 13 juin 2016 en Floride (États-Unis) dans la boîte de nuit LGBT le Pulse. 50 personnes y sont décédées.

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Eddie : Maman, je t’aime (2 h 06)
Eddie : Ils tirent dans la boîte
Mina : Tout va bien ?
Eddie : Je suis enfermé dans les toilettes (2 h 07)
Mina : Quel club ?
Eddie : Le Pulse. Dans le centre-ville. Appelle la police.
Eddie : Je vais mourir (2 h 08)
Mina : Je les appelle maintenant
Mina : Tu es toujours là ?
Mina : Décroche ton foutu téléphone
Mina : Appelle-les
Mina : Appelle-moi
Eddie : « Appelle-les Maman » (2 h 39)
Eddie : Maintenant
Mina : Y a-t-il des victimes ?
Eddie : Beaucoup. Oui.
Mina : Tu es avec la police ?
Mina : Écris-moi s’il te plaît
Eddie : Non. (2 h 46)
Eddie : Suis toujours dans les toilettes. Il nous tient. Il faut qu’ils viennent nous chercher.
Mina : La police est là, dis-moi quand tu verras la police. (2 h 49)
Eddie : Vite (2 h 49)
Eddie : Il est dans les toilettes avec nous (2 h 50)
Eddie : Dans les toilettes des femmes (2 h 50)
Mina : Est-ce que l’homme est dans les toilettes avec toi ?
Eddie : C’est un terroriste
Eddie : Oui (2 h 51)
Mina : Tu es blessé ?
Mina : Reste où tu es, il n’aime pas les gays (2 h 52)
Mina : Écris-moi s’il te plaît (2 h 53)
Mina : Je t’aime. (2 h 54)
Mina : Reste par terre
Mina : Mon chéri, écris-moi.

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Comme tout le monde, je suis les nouvelles depuis les attentats d’Orlando. J’ai donc lu les textos de ce jeune homme qui a communiqué avec sa mère pour une dernière fois. Comment veux-tu rester insensible devant ça ? Je ne peux pas m’empêcher de penser à ma mère et à toutes les mères.

À 17 ans, j’ai dit à la mienne que j’étais gay à la suite de mauvais résultats scolaires. Elle voulait me couper l’internet, je lui ai avoué mon orientation pour qu’elle change de sujet et qu’elle finisse par me mettre hors de moi avec mon bulletin.

Dans mon élan de grand arrogant, je n’ai pas réalisé ce que je venais de lui mettre sur les épaules. Elle ne m’a pas reparlé de mes notes. Elle ne m’a pas parlé point. Ce soir-là, sa vie de mère prenait un angle non planifié.

De minute en minute, elle avait conscience des difficultés et dangers auxquels son fils homo pouvait être exposé. Je te dirais même qu’elle en était pas mal plus consciente que je pouvais l’être. Pour un parent, c’est inquiétant et angoissant.

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J’ai la chance d’avoir une mère qui m’a toujours accepté et aimé, parce que c’est ça, un parent responsable. Aujourd’hui, j’ai une pensée pour cette mère impuissante face aux derniers : “Mommy I Love You” envoyés par son garçon. Cette maman qui s’est probablement inquiétée pour les mêmes raisons que ma mère.

Son fils a été tué à cause de sa différence

Essayer de comprendre l’incompréhensible.

Aujourd’hui, je ne cesse de penser à ces dizaines de mères qui ne recevront plus jamais de “Mommy I Love You”. Je dois aussi avouer que j’ai incroyablement hâte de serrer la mienne dans mes bras.

#PrayforOrlando

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Ce texte a initialement été publié sur URBANIA. Nous l’avons repris et adapté pour URBANIA France.