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#METOOHÔPITAL : combien faudra-t-il de témoignages pour que ça s’arrête ?

Une nouvelle fois, étudiantes et internes racontent l’harcèlement des médecins.

Par
Ouissem
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La bombe est venue de Karine Lacombe. Dans Paris Match, l’infectiologue a enfin révélé l’identité de ce “médecin prédateur” avec qui elle a travaillé : il s’agit du médiatique Patrick Pelloux.

Cela faisait plusieurs années que la professeure se retenait. En 2020, elle déclarait au Monde, sans le nommer : “J’ai fréquemment observé et subi des actes qui seraient aujourd’hui qualifiés d’agressions sexuelles : une main entre les cuisses, un effleurage de seins, des allusions grivoises.”

“UN JOUR, UNE INTERNE EST DE DOS, IL LA SAISIT PAR LE COU ET FROTTE SON BAS-VENTRE CONTRE ELLE, ‘MMM, TE METS PAS COMME ÇA, C’EST TROP TENTANT, PUTAIN CE QU’IL FAIT CHAUD !’ LA COLLÈGUE SOURIT, GÊNÉE, ET LE REPOUSSE.”

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“Pelloux était loin d’avoir eu un comportement exemplaire avec la gent féminine”, explique l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn qui confie avoir reçu des témoignages parlant d’un “management harcelant et humiliant”.

“C’était pour rigoler, […] j’ai plutôt été le mec qui a protégé les filles.” Patrick Pelloux à Karine Lacombe, des propos rapportés par l’infectiologue dans Paris Match.

Face aux accusations d’harcèlement sexuel et moral, l’urgentiste admet un comportement “grivois” mais “conteste avec force” les “rumeurs relayées” et parle de diffamation.

Cette affaire a permis de voir émerger sur les réseaux le hashtag #metoohopital où les internes et anciennes étudiantes en médecine racontent leur expérience :

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LOIN D’ÊTRE NOUVEAU

Mais ce n’est pas la première fois que de tels témoignages font surface. Voici ce qu’écrivait la journaliste Cécile Andrzejewski en 2019 dans son livre ‘Silence sous la blouse’ : “Les histoires se répètent inlassablement : une agression, la découverte d’autres victimes, la hiérarchie inerte ou culpabilisante, la situation enlisée, les puissants solidaires, les procédures alambiquées et incompréhensibles, jusqu’à l’échappée des proies.”

En 2021, l’Association nationale des étudiants en médecine de France, publiait une enquête sur les violences sexistes et sexuelles. “Nous aurions préféré ne jamais avoir à publier cette enquête. Nous aurions préféré ne jamais avoir à lire les centaines de commentaires et témoignages accablants reçus”, explique alors l’ANEMF dans son rapport.

38,4 % des étudiantes en médecine disaient avoir subi du harcèlement sexuel pendant leurs stages hospitaliers. 49,7 % déclaraient avoir subi des remarques sexistes, et 5,2 % d’entre elles des gestes déplacés comme des mains aux fesses et autres attouchements sexuels.

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Que ce soit dans le cas de Karine Lacombe ou dans l’enquête de l’ANEMF, la même justification : celle d’une “culture carabine” – ou grivoise pour citer Patrick Pelloux – qui banalise “l’humour sexiste” et une ambiance hypersexualisée.

Une attitude qui continue après les études : l’an dernier, huit femmes médecins sur dix affirmaient avoir été victimes de comportements sexistes, dont des gestes inappropriés (30%) et des agressions sexuelles (17%).

Mais les choses pourraient bien changer avec les nouvelles générations de soignants. “La génération des 20-30 ans, qui arrive à l’hôpital, sa mentalité change. Depuis 4 ou 5 ans, les langues se délient”, raconte Camille Shadili, trésorière de l’intersyndicale des internes.

“LE #METOOHÔPITAL, PEUT-ÊTRE QUE C’EST LE TRUC QU’IL FALLAIT POUR QUE ÇA BOUGE”, explique Marie-France Olieric, présidente de Donner des elles à la santé, à franceinfo.

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Le ministre de la Santé a annoncé travailler sur une réponse “globale et ferme”. Wait & see…