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Manger une fille, pour de vrai
Alors que les cannibales refont la Une de l’actualité en France, nous ressortons des archives de document publié en 2010 sur URBANIA.ca. Un article à mi-chemin entre la fiction, la recherche historique et la culture pop. Et même plus d’une décennie plus tard, c’est toujours aussi intéressant.
Le dernier cas célèbre d’anthropophagie remonte au début des années deux mille. C’est en plaçant une annonce sur le gros méchant Internet qu’Armin Meiwes s’est ramassé un fêlé prêt à se laisser bouffer.
Ne reculant devant rien pour devenir un méga reporter qui sait de quoi il parle, j’ai posté une entrée sur mon blogue dernièrement qui disait en gros «j’orcherche quelqu’un qui serait prêt à me donner une morceau de sa chair pour que je puisse y goûter». Je me suis réveillé avec cinq nouveaux messages dans ma boîte mail. Le premier concernait un deadline dépassé mille fois; les quatre autres, la note sur mon blogue.
GORGEOUS6969, lhommesansvie, brigitte_bibeau_1987 et xXIllSuckYourSoulXx étaient tous chauds de se faire charcuter pour satisfaire mon péché de gourmandise.
En partant, j’ai ormercié GORGEOUS6969 pour son dévouement en lui disant que j’allais passer mon tour. GORGEOUS6969 est une vieille alcolo finie qui me harcèle online depuis quasiment un an. Fragile, même dans son offre, j’ai dû aussi refuser à lhommesansvie, de peur qu’il ne prenne peur à dernière minute. Puis xXIllSuckYourSoulXx s’est désistée d’elle-même parce qu’elle venait soudainement de décider qu’elle passait du goth au rockabilly, et que dans le rockabilly, c’est pas nécessaire d’avoir un lifestyle sordide. brigitte_bibeau_1987 allait donc me servir de repas sous peu.
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Des histoires de cannibales, on en connaît tous.
Ça va de l’anecdote douteuse au conte romantique, en passant par le récit d’aventures. Dans ces histoires de cannibalisme de subsistance, de guerre ou tout simplement de pur sadisme, toutes ont un point commun : elles provoquent la répulsion. On dit aujourd’hui que la société a perdu ses valeurs, qu’il n’y a plus de tabous, eh bien, laisse-moi t’aligner quelques faits qui vont te lever le coeur. Comme quoi manger son prochain peut encore (et pourra toujours) couper l’appétit !
En mille neuf cent quatre-vingt-dix, en Tartarie (!), une province au centre de la Russie, la police met la patte sur Alexi Soukletine. L’homme servait depuis deux ans de la viande humaine à ses amis et connaissances qui fréquentaient sa table. Neuf jeunes filles auront été ainsi cuisinées par l’épouse de l’assassin. Une cuisinière émérite, raconte-t-on.
Toujours au début des nineties, les autorités britanniques débarquent au 25 Cromwell Street, à Gloucester. La “maison des horreurs” où habite le couple West, des pratiquants SM plutôt hardcore. Ils enlèvent des auto-stoppeuses afin d’en faire des jouets sexuels.
Après plusieurs jours de tortures et de viols, la victime finit fatalement dans l’assiette des West.
Dans les années soixante, Giuseppe Cravero, un missionnaire italien, participe à plusieurs banquets cannibales dans une tribu du Rio Negro, au Brésil. Dans ses notes personnelles, il explique comment préparer un ragoût humain : Réduire d’abord le corps au squelette, par cuisson prolongée. Hacher finement les chairs et laisser reposer. Préparer une purée d’un beau jaune avec de la chair de bananes additionnée d’eau plate. Mélanger lentement aux cendres humaines à raison d’un litre pour une casserole moyenne de purée. La pâte doit foncer progressivement. Servir après avoir battu.
Du côté de Montréal dans les années 50, Jacqueline Tremblay est reconnue coupable du meurtre de son poupon, à peine âgé de quelques jours au moment des faits. Jaqueline Tremblay, femme de ménage pensionnaire chez un couple de bourgeois de l’Ouest de la ville et fille-mère, a dévoré son petit pour ne pas se faire emmerder par ses employeurs.
Et puis, il y a les nombreuses histoires de serial killers à l’appétit supra vorace.
Fritz Haarmann, le “boucher de Hanovre”, fut jugé coupable des assassinats de vingt-sept enfants. En plus d’être cannibale, le bonhomme fourgait clandestinement sa viande à bas prix à la clientèle de sa boucherie.
Rayon “vieux pervers”, Andreï Tchikatilo, crédité pour cinquante-cinq meurtres, avait pour habitude de prendre une bouchée dans la face de ses victimes en les violant. Et Albert Fish – à l’origine de l’expression n’accepte pas les bonbons d’un étranger qu’on s’est fait répéter par nos chères mamans quand on était petits – dévorait ses jeunes proies pour effacer les traces de ses crimes.
Par ailleurs, je te partage les choix des chefs : Kemper préférait les bras et les cuisses cuits ou crus, en autant qu’il y ait du ketchup ; Chase s’empiffrait de cervelles crues ; Djoumagaliev et Sagawa avaient une préférence pour les seins ; Haarmanor et Kuzikoz raffolaient des viscères en saucisses ; Otis Toole et Jeffrey Dahmer s’offraient des queues en hors-d’oeuvre.
Jeffrey Dahmer, l’ogre !
Il bouffe plus d’une quinzaine d’homosexuels à Milwaukee à la fin des années quatre-vingt. L’affaire Dahmer éclabousse au moment où (encore une fois !) Le Silence des Agneaux fait un hit au grand écran.
Silence Of The Lambs (Jonathan Demme, 1991) s’inspire plutôt librement de l’histoire d’Ed Gein. Ce vieux débile, à qui la mère décédée manquait terriblement, s’est mis à tuer et à manger des femmes. Outre le film de Jodie Foster, Ed Gein inspira (tout aussi librement) Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hooper, 1974), Deranged (Alan Ormsby, 1974 aussi) puis fuckin’ Psycho (Alfred Hitchcock, 1960).
Le cinéma a son lot de bobines cannibales. À commencer par toutes le versions de Dracula, si on considère que le suçage de sang est un acte cannibale. Dans l’désordre, il y a eu le classique gore Bloodfeast (Herschell Gordon Lewis, 1963), le chef d’oeuvre ultime Cannibal Holocaust (Ruggero Deodato, 1980) puis sa pas si pâle copie Make Them Die Slowly (Umberto Lenzi, 1981), passons rapidement sur l’ennuyeux Anthropophagus (Joe D’Amato, 1980) malgré sa scène d’autocannibalisme ultra complaisante, sans oublier de souligner l’effort de Motel Hell (Kevin Connor, 1980) pour m’avoir fait pisser dans mes culottes plus d’une fois. Dans un registre plus mainstream, il y a eu Alive (Frank Marshall, 1994), la célèbre histoire du crash d’avion sur la cordillère des Andes où dix-sept passagers ont dû survivre soixante-dix jours en bouffant tout cru les morts.
Si on regarde ça de près, le cannibalisme nous entoure, il s’agit pas de folklore ni de légendes !
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brigitte_bibeau_1987 est arrivée en fin de soirée, après que tes enfants soient super bien endormies.
Punkette hyper mignonne, la jeune femme m’a été agréable dès les premiers mots. Je l’ai ensuite introduite au docteur, le Viet’ proprio de l’épicerie au coin de la rue qui allait procéder à la chirurgie. Elle lui a filé son pedigree médical, (…) impec’ selon le toubib.
“T’inquiète, on a d’la bonne dope pour pas que tu sentes grand-chose!” que je lui souffle en arrière du lobe.
Mes mots enjambent ses quatre cinq piercings et se rendent jusqu’à sa cervelle. Elle sourit en coin puis courbe son dos. Le doc la perfore avec sa grosse seringue, il lui injecte un puissant sédatif.
Une fois la fille stone, il découpe un morceau d’un centimètre par douze juste dessous son appétissant pli de fesse, il défigure ainsi à jamais l’arrière-train de la femme.
Il l’opéra tandis qu’un de mes potes – Louis-Fred, un des seuls mecs que je connais de qui je peux aveuglément accepter la cuisine – me fera cuire la tranche de brigitte_bibeau_1987 assaisonnée juste comme il faut.
J’y goûterai du bout des lèvres, puis je ramènerai le restant dans un doggy bag pour ma chienne.
Parce que j’ai rien contre le cannibalisme. Je suis prêt à suivre le mouvement qui propose qu’on se bouffe entre nous afin de régler le problème de la surpopulation sur la planète.