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Mamanager : et si l’avenir du patronat, c’était le matronat ?

Ou quand les boss sont à deux doigts de pincer les joues du personnel.

Par
Lucie Piqueur
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Avez-vous déjà appelé par erreur votre boss « Maman » ? Même si c’est franchement gênant et freudien, sachez que vous avez peut-être une bonne excuse. La nouvelle génération de managers emprunte de plus en plus un style de gestion bienveillant et un tantinet maternant, qui se mérite le titre officiel de « momaging » soit la contraction de « mom » et « managing ».

Bon, encore quelque chose à reprocher aux femmes en situation de pouvoir ? Effectivement, ce serait les femmes gestionnaires millénariales les principales coupables. Or, peut-on vraiment reprocher à quiconque une vision de la hiérarchie plus empathique ? Et si l’avenir du patronat, c’était le matronat ?

Qu’est-ce qu’un.e « mamanager » ?

Quand j’ai entendu parler de « momaging », j’ai tout de suite imaginé mon boss me demander, en plein party de Noël, si j’avais pensé à faire congeler mes ovules pour lui donner une chance d’avoir des petits-enfants un jour. Fort heureusement, le concept n’est pas basé sur ma propre mère.

Ici, on parle plutôt de managers, en particulier des femmes, qui, au-delà des performances individuelles, ont très à cœur la santé mentale et l’épanouissement personnel de leur équipe.

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Dans le fond, c’est le prolongement de ce que les travailleur.euse.s millénariaux et millénariales souhaitaient pour leur propre personne : des milieux de travail qui les considèrent comme des individu.e.s plutôt que comme de la main-d’œuvre; des patron.ne.s ouvert.e.s au dialogue au lieu de garder une distance hiérarchique avec leurs employé.e.s; de la flexibilité et une tâche qui donne du sens à leur vie (rien que ça).

On ne va pas se mentir. Pour certaines femmes, c’est aussi une façon de s’éloigner du stéréotype des patronnes bitch. Toujours à risque de recevoir les étiquettes « agressive », « autoritaire », « difficile », la nouvelle génération de femmes managers doit se trouver de nouveaux styles de gestion. Et quel est le penchant du stéréotype de la bitch ? Celui de la maman.

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Mamanager ou mère des sept douleurs ?

Mauvaise nouvelle, le capitalisme ne carbure pas à la tendresse. Entre des deadlines et des impératifs de croissance difficiles à tenir, la seule façon de protéger la santé mentale des autres, c’est parfois de compromettre la sienne.

Le risque avec ce style de gestion, c’est de se brûler par excès d’empathie. Sur le forum Reddit, on racontait récemment l’histoire d’une manager de 15 employé.e.s qui, après avoir passé des heures au téléphone à consoler un membre de son personnel aux prises avec de grandes difficultés personnelles, avait dû terminer le projet d’équipe seule, au beau milieu de la nuit. Gérer son équipe avec patience et bienveillance, c’est une chose.

Devenir la béquille morale et le parachute de secours de tout le personnel, c’en est une autre.

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Une relation professionnelle n’est pas là pour remplacer les liens familiaux ou le réseau de soutien d’un.e employé.e.

Comme il existe plusieurs styles de parents, il existe aussi plusieurs styles de mamanager. Pour l’un comme pour l’autre, le but est d’aider celles et ceux dont on est responsable à s’épanouir au meilleur de leur potentiel.

Quoi qu’on en dise, la bienveillance est une force

Au final, tant que les limites de chacun et chacune sont claires, la bienveillance est une force dans les relations de toutes natures. Personne ne pleurera de voir disparaître les vestiges du boomager, qui établissait son autorité avec rigueur et à n’importe quel prix.

Penser qu’un.e employé.e qu’on traite avec empathie et flexibilité aura tendance à abuser de son boss, c’est une mentalité du passé. Pour moi, la mamanger est certainement un modèle de gestionnaire dont on devrait s’inspirer. Contrairement à ce que son petit surnom laisse croire, traiter ses employé.e.s comme des humain.e.s, ce n’est pas les traiter comme des enfants.

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