Logo

Luca De Marco, le photographe qui sublime l’ordinaire

Par
Ouissem
Publicité

Lors du Delta Festival (qui revient en août prochain), nous avons découvert le travail de Luca De Marco. Le photographe, originaire de Montpellier, nous a séduit avec ses portraits exposés dans le village artistique dont URBANIA était partenaire.

Mais au-delà de l’esthétisme de ses clichés, c’est sa démarche artistique qui nous a particulièrement interpellés. Rendre l’ordinaire extraordinaire, c’est le slogan de notre média. Et il s’applique plutôt bien aussi aux clichés de Luca.

Comment as-tu commencé la photographie ?

Comme tout photographe, j’ai commencé là où j’ai grandi. Pour ma part, c’était à Montpellier et j’y ai vite fait le tour.

Quelle est ta démarche ?

Ça ne m’intéresse pas de faire des photos comme les autres photographes le font. Soit je m’éloigne de ma zone de confort, soit je trouve un lieu que j’essaie de l’embellir. Mon but en tant que photographe, c’est surtout de trouver “L’ENDROIT”. Je passe tout mon temps à chercher des spots, un type de lumière, un univers propre à ce lieu. Quand je l’ai trouvé, j’appelle un.e modèle et je lui demande si ça l’intéresse de faire un shooting. Au final, la majorité de mon travail est déjà fait dès la prise de photo.

Publicité

Est-ce que tu penses à un lieu en particulier ?

La photo avec Mahmoudou. On le voit en train de poser sous une cascade, alors qu’on se dit qu’il n’y a pas de cascade à Montpellier. D’habitude, je ne révèle jamais mes lieux. On se doit de les garder secrets pour garder cet émerveillement quand les gens voient nos photos. Je vous donne une exclu : celle-ci, c’était au zoo de Montpellier dans ce qu’ils appellent la “serre Amazonienne”. Comme les gens ne le savent pas, ils se disent que ce n’est pas en France !

Publicité

Comment décrirais-tu ton style photographique ?

Au musée, je vois des oeuvres qui me correspondent. Même s’il y a une explication derrière, je comprends le point de vue de l’artiste, mais le lien peut être complètement opposé. Je suis comme un artiste peintre : c’est juste le matériel qui change. Le peintre a un pinceau, moi un appareil, mais on a le même le but et la même imagination.

La photo dont tu es le plus fier ?

C’est compliqué à dire. Tu le remarqueras, ça fait plusieurs mois que je n’ai pas posté de photos. Ça fait 2 ans que je suis sur un gros projet. J’accumule les photos. Mes photos ont évolué, ma façon de faire a évolué. Ma photo préférée n’a pas encore été publiée.

Et parmi celles déjà publiées ?

Je dirais que la plus belle photo est celle avec Noémie, celle j’ai exposé au Delta.

Publicité

Un jeune photographe qui n’est pas actif sur les réseaux… en 2023, c’est quand même un comble !

C’est exactement ça. Avant, il y avait cette espèce de frénésie où il fallait poster 3 fois par semaine à telle ou telle heure, regarder quand les utilisateurs sont connectés pour avoir la chance de toucher le plus de monde possible… À cette époque déjà, ça m’avait déjà gonflé. Personnellement, je prends du temps à choisir mes modèles et les lieux. Si une photographie ne se faisait qu’entre mon modèle et moi ça irait. Mais un shooting prend du temps à organiser entre la styliste et le make-up. Je ne peux pas faire des photos et poster 3 fois par semaine.

Tu as écrit sur Instagram que tu te sens “hors-jeu”…

Je ne veux pas gagner des followers juste pour la fame. Le seul avantage d’en avoir un grand nombre, c’est de toucher des modèles photos plus connu. Un.e modèle qui a plus de 10 000 abonnés ne va pas forcément calculer un photographe comme moi qui en a 500. J’avais donc besoin de mettre les choses au clair pour expliquer mon rythme de travail aux personnes qui me suivent. Ce n’est pas que je suis inactif et que je ne fais rien. C’est juste que ça prend du temps. Tout ça dans le but d’atteindre des modèles de plus en plus pros.

Publicité

Quels sont tes projets à venir ?

Je n’ai pas l’habitude de parler de mes projets. Je préfère les faire et dire : « Voilà ce que j’ai fait. Le faire en silence et le montrer plus tard, c’est préférable que de le dire à tout le monde pour qu’au final ça ne se fasse pas. J’accumule les photos depuis 2 ans et je ne le fais pas sur Insta. C’est beaucoup plus grand. Instagram aujourd’hui, c’est presque mort.

De plus en plus de photographes se lancent sur TikTok.

Les gens veulent de la vidéo, moi je m’expertise dans la photo. Celles et ceux qui font tout, tant mieux pour eux. Moi, je ne trouve pas ça cohérent. Tu peux être bon dans tous ces domaines, mais tu ne peux pas être excellent. Je reste focus sur la photo, même si la vidéo prime. Je partage ce que je sais faire de mieux. Ce n’était en aucun cas pour avoir de la fame. Regardez mon Instagram : on ne voit pas ma tête, ce sont mes photos qui priment.

Publicité

Et exposer ton travail au Delta, c’était comment ?

Incroyable, c’était très bien organisé. Ça m’a fait plaisir de voir d’autres artistes. Je m’y suis fait des potes, des gens incroyables. C’est important ces réunions pour moi, qui ne suis pas en école d’art, qui suis autodidacte. Mes potes, ils ne sont pas dans l’art. J’ai besoin qu’on me comprenne et d’échanger sur ces sujets. Quand j’ai rencontré ces photographes au Delta, ça m’a fait du bien. On se sent moins seul. Il n’y a eu que de la bienveillance entre nous.