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Ce que plusieurs nations à travers le monde craignaient s’est finalement concrétisé dans les dernières heures : après des semaines de messages flous sur ses intentions envers l’Ukraine, le président russe Vladimir Poutine a décidé de passer à l’attaque sur le pays voisin à l’occasion d’une violente invasion.
À travers des témoignages difficiles et des images bouleversantes, la planète assiste à ce funeste spectacle pratiquement en direct. Si le drapeau russe flotte au-dessus des chars d’assaut et que les milliers de soldats déployés répondent à l’appel du gouvernement de Poutine, cette offensive est loin d’être appuyée par tou.te.s les habitant.e.s de ce gigantesque pays.
On s’est entretenu avec Vesta Zvezdochkina, une Russe habitant au Canada depuis quelques années, qui s’est déjà impliquée ici concernant des enjeux de son pays natal, afin d’avoir son opinion sur le conflit qui déchire l’Europe.
Comment te sens-tu à l’heure actuelle ?
Honnêtement, je me sens horrible. Je suis extrêmement honteuse du gouvernement russe, même si j’ai toujours été farouchement contre et que j’ai essayé de me battre du mieux que j’ai pu pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Je suis consciente de la mauvaise image que cette déclaration de guerre projette sur les Russes et ça m’attriste. Le régime de Poutine est tellement fort que c’est pratiquement inimaginable de penser à la Russie sans l’associer à son président. Pourtant, je connais énormément de gens qui habitent là-bas et à l’étranger qui sont contre l’invasion de l’Ukraine. Il y a eu plusieurs manifestations pour dénoncer ce qui se passe depuis quelques jours et pratiquement tous les manifestants ont écopé d’une grosse amende ou ont été jetés en prison.
Soyons honnêtes, les Russes avaient déjà une mauvaise réputation à travers le monde avant tout ça. Ça risque d’être encore pire dans le futur.
Es-tu surprise de la tournure des événements ?
Comme je suis toujours citoyenne russe même si je vis à l’étranger, tout ce qui touche à la politique de mon pays natal me préoccupe beaucoup. J’ai suivi de près l’escalade des tensions depuis le début et franchement, je ne croyais pas une seconde que Poutine allait passer à l’acte et envahir l’Ukraine, tout comme plusieurs personnes de mon entourage vivant à Moscou.
C’est un politicien un peu fanfaron qui aime parler et montrer ses muscles la plupart du temps, donc on se disait qu’une telle invasion serait beaucoup trop intense pour le personnage qu’il est. Surtout dans un contexte où la pandémie a ébranlé le pays, cette option semblait complètement farfelue. Quand j’ai appris que les militaires avaient traversé les frontières, j’étais sous le choc. Je pensais carrément que c’était des fake news ! J’ai consulté des dizaines de médias de partout pour confirmer que ce cauchemar était bien réel.
Comment entrevois-tu le dénouement du conflit ?
Je crois que, tout comme ce qui s’est passé en Crimée en 2014, Poutine va trouver le tour de s’en tirer d’une manière ou d’une autre. C’est tellement frustrant, parce qu’à la base, l’Ukraine et la Russie sont intimement liées sur plusieurs plans. Nous avons la même culture, quasiment la même langue et nous partageons des frontières. Énormément de gens ont de la famille dans un pays et dans l’autre. C’est comme trahir un frère ou un voisin dont on est très, très proche pour aucune bonne raison.
Aurais-tu un message à faire passer aux gens ?
Je voudrais tout simplement réitérer que les actions d’une seule personne avide de pouvoir ne définissent pas et ne représentent pas une nation entière. La majorité des Russes sont des personnes chaleureuses et bienveillantes qui ne veulent rien savoir d’une guerre avec quiconque. Nous souffrons aussi de ce gouvernement totalitaire. Peut-être même plus que n’importe qui d’autre sur la planète.