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LinkedIn est-il en train de devenir « in »?
Pendant longtemps, à côté des logos hyper connus d’Instagram, Facebook et Twitter, j’hésitais devant celui de LinkedIn. LinkedIn, c’est un peu le réseau social que je regardais de loin sans trop comprendre ce qu’il faisait là et que j’avais mis sur mon CV « histoire de », mais sans chercher à l’exploiter plus que ça.
Il faut dire que LinkedIn a toujours été un truc pour les cadres qui sont à fond dans l’entrepreneuriat, souvent plein de bullshit néolibérale. Les publications du type : « Believe in yourself », « 100 trucs pour devenir le nouvel Elon Musk »…
Le truc, c’est qu’en entrant dans la vie active, j’ai dû commencer à m’intéresser au réseau social et pas juste pour mon CV. Trouver des idées de reportage, contacter des gens, récolter des témoignages : LinkedIn a commencé à prendre un peu plus de temps dans ma routine d’actualité. Autour de moi, le réseau social a aussi eu l’air de prendre plus de place, car même mes ami.e.s et ma famille m’en parlaient.
Je suis donc allé vérifier les derniers résultats de LinkedIn en matière d’utilisateur.rice.s, et mon intuition s’est confirmée : le réseau prend effectivement de l’ampleur avec 810 millions de comptes, dont 26 millions de membres en France. Avec l’expertise de Bruno Fridlansky, auteur du livre Maîtriser LinkedIn, je vais donc tenter de vous expliquer pourquoi celui que l’on surnommait « LinkedOut », car un peu chiant et pas passionnant, est devenu « LinkedIn », attirant de plus en plus de monde… et peut-être bientôt vous.
Oui, je vous vois, sceptique derrière votre écran.
Pour comprendre l’intérêt de LinkedIn, rien de mieux que de lire ceux et celles qui utilisent la plateforme à fond. Christelle Rouillon, par exemple, contrôleuse qualité, a écrit en début d’année une ode au réseau social, « une vraie mine d’enrichissement personnel » où elle se sent à sa place, appréciant « les conseils de vrais pros », les « personnes motivées et toujours optimistes », « à l’opposé » des personnes avec qui elle travaille au quotidien.
Dans la même lignée, Margaux Duprat, chargée de communication, affirme dans une publication qu’une fois abonné.e « aux bonnes personnes » et bien cerné.e par l’algorithme, « impossible de ne pas scroller à la recherche d’inspirations, des nouveautés social media, des nouvelles études chiffrées ».
Ce qu’on remarque en se baladant sur le réseau social, c’est que les profils sont moins homogènes qu’avant.
« La pandémie de coronavirus a poussé de nouveaux profils, plus diversifiés que seulement des cadres de start-ups ou de grandes entreprises, à s’inscrire sur LinkedIn pour poursuivre leurs activités », confirme Bruno Fridlansky.
Désormais, il n’y a donc plus un type de réseau LinkedIn par pays, réunissant les cadres, entrepreneurs et chefs d’entreprises, mais plusieurs réseaux LinkedIn composés de chaque profession, comme les réseaux des journalistes, des RH, des communicants ou des associations.
Un vrai réseau social ?
Tous ces cercles sont rendus possibles grâce à un atout propre au réseau virtuel : presque chaque utilisateur est inscrit sous son vrai nom.
« Contrairement à Facebook, une personne sur LinkedIn n’a aucun intérêt à ne pas mettre sa véritable identité sur son compte. Il y a toujours quelques faux comptes, un peu plus ces derniers temps, bien que ça reste rare », affirme Bruno Fridlansky.
À une époque où les trolls abondent et où scroller peut parfois être anxiogène, LinkedIn apparaît plus sain et sans doute plus en accord avec ce que devrait être un réseau social : un espace virtuel qui a pour objectif de connecter des individus dans la vie réelle. C’est d’ailleurs le message que transmet Bruno dans ses formations : « LinkedIn, c’est un outil de travail. On l’utilise pour faire du business, pour trouver de l’expertise, pour apprendre de nouvelles choses sur son métier. Il permet d’accélérer les prises de contact pour aller prendre un café, déjeuner avec quelqu’un de sa branche ».
Personnellement, sans passer des heures sur LinkedIn, il m’arrive d’y passer quelque temps, même en dehors du travail, pour voir ce que font désormais mes collègues ou camarades d’école de journalisme, et pourquoi pas avoir aussi des idées pour ma carrière ou saisir les tendances de mon métier. J’ai pu rejoindre via message privé des personnes que je pensais impossibles à contacter afin d’obtenir des conseils : preuve qu’y présenter sa véritable identité aide beaucoup.
Une perte de sens ?
Bon, c’est bien beau tout cela, mais tout n’est pas rose non plus chez LinkedIn. Déjà, le réseau social souffre d’une léthargie totale en matière d’innovation, l’interface est assez vieillotte, les fonctionnalités ne sont pas légion.
« Ils communiquent très mal leurs nouvelles fonctionnalités et les abandonnent quelques semaines plus tard parce qu’on ne les utilise pas », regrette Bruno. Un exemple récent ? La mise en place de petites vidéos de présentations sous les profils, fonctionnalité rapidement abandonnée, malgré le potentiel.
Autre limite : les évolutions de l’algorithme et sa prise en compte par les membres. Bruno a ainsi repéré une tendance à rebours de l’essence même du réseau social : « On voit de plus en plus des publications sur la vie personnelle pour se valoriser, professionnellement parlant. Pour moi ce sont des dérives ».
En jouant sur l’émotion, l’utilisateur.rice génère de l’engagement et de la visibilité. Le truc, c’est que ce n’est pas toujours positif et certain.e.s multiplient les sujets clivants pour gagner en popularité, au détriment de l’intérêt professionnel.
Bruno espère que les évolutions de l’algorithme permettront d’éviter ces démarches racoleuses. La plateforme a d’ailleurs annoncé que désormais, les contenus seront mieux ciblés, en calculant plus précisément le temps que passe chaque utilisateur.rice sur une publication. « Logiquement, si l’on voit la plateforme comme un outil de travail, on va passer du temps sur des contenus qui ont de la valeur, qui permettent d’apprendre de mieux gérer ses projets et donc, on en verra de plus en plus », espère Bruno.
Tout dépend donc des pratiques de chacun : personnellement, je ne me sens pas de passer trop de temps sur LinkedIn, car comme pour tout réseau social, c’est souvent chronophage et pas toujours bénéfique. À petites doses, en revanche, le réseau peut apporter une véritable plus-value à son travail, pour peu que l’on identifie clairement ce que l’on vient y chercher.