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L’histoire incroyable de Nabil : « Un voyage de noce qui restera à sa façon inoubliable »

Ce roadtrip ne s'est pas du tout passé comme prévu.

Par
Anne-Laure Mignon
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Depuis cet été, un vendredi sur deux, URBANIA vous propose un rendez-vous de témoignages qui retrace des histoires incroyables. Des moments de vie en voyage, des naissances, des ruptures, des rencontres improbables, des défis insolites… Le genre de série que l’on a envie de scroller sur son téléphone sur la plage, aux toilettes ou même dans le métro. D’ailleurs, si vous aussi avez vécu une histoire incroyable et voulez la partager avec nous, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). En attendant, c’est Nabil, 28 ans, qui raconte…

C’était début octobre. Après notre mariage, nous décidons de partir quelques jours en voyage de noces avec ma femme. N’ayant rien de prévu initialement, nous nous organisons la veille pour le lendemain et optons pour l’option road-trip en Espagne. Le plan ? Partir de Marseille (où nous habitons, NDLR) en voiture, avec pour objectif d’arriver jusqu’en Andalousie, en passant par plusieurs villes à droite et à gauche, puis ensuite revenir sur nos pas. On décide de ne rien réserver, de vivre l’aventure au jour le jour.

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La veille de notre départ, n’ayant pas une voiture adaptée pour un roadtrip aussi long, j’emprunte la voiture de mon cousin. Nous prenons la route le soir même aux alentours de 2h du matin, de façon à arriver aux aurores à Barcelone et ainsi pouvoir profiter au maximum de la ville. Sur la route, rien à signaler, tout va bien. Juste, ma femme est un peu malade (rien de trop grave, un petit état grippal), mais du coup, elle est relativement fatiguée et dors pendant les six heures de route. J’ai connu des trajets plus fun, mais tout va bien, pas de quoi en faire tout un foin.

Bref, comme prévu, nous arrivons à Barcelone au petit matin. Nous nous garons, reprenons quelques forces, nous nous posons même une petite demi-heure le temps que je fasse une sieste rapide dans la voiture, puis nous décidons de nous rendre à pied à la Sagrada Família. Là, rien à signaler. Le temps est doux. On en prend plein les yeux. On apprécie le moment. On en profite également pour visiter le Parc Güell, puis on continue de vadrouiller dans les rues avant de revenir vers notre place de parking.

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« Nos sacs, qui contenaient tablettes, ordinateurs, appareil photo, papiers… ont été volés »

Lorsqu’on arrive au niveau de la voiture, on tilt direct. Sur le sol, il y a des bris de glace.

La vitre arrière de notre véhicule a été cassée. Notre sac, qui contenaient tablettes, ordinateurs, appareils photo, papiers… ont été volés. Bon, on est assez dégoûtés mais on relativise assez vite : après tout, tout cela n’est que du matériel, ne gâchons pas notre voyage de noces. On rafistole donc la vitre comme on peut avec une toile en plastique et on se rend au commissariat pour porter plainte. Là, le sketch de moi qui essaie tant bien que mal d’expliquer aux policiers l’infraction en baragouinant à moitié en espagnol, en anglais, en français et surtout en langage des signes, commence. M’enfin, au bout de trois heures, l’opération est réussie, la plainte est déposée et ma femme et moi reprenons la route. Notre prochaine étape : Madrid. Six nouvelles heures de route pendant lesquelles ma femme n’est pas dans son meilleur état. Mais je fais avec et je me dis qu’elle ira mieux une fois couchée.

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Mais bref, on arrive sur place, c’est très chouette. On y passe une nuit, rien à signaler si ce n’est que le Airbnb se situe à côté d’une boîte de nuit. Mais on est tellement crevés que ça ne nous dérange pas tant que ça au final. Tout se passe bien à Madrid, puis on continue notre périple jusqu’à Cordoue. Rien à signaler non plus. Le temps est beau, les paysages sont à couper le souffle, les édifices impressionnants, les appartements dans lesquels on s’arrête on ne peut plus agréables… L’incident du début de voyage est derrière nous. Ma femme va mieux. Nous profitons allègrement. Puis nous réfléchissons à notre prochaine escale, Grenade ou Séville ? Ce sera Séville.

Retour dans la voiture, GPS programmé, nous roulons quelques minutes avant de nous insérer sur l’autoroute. Quand l’embrayage du véhicule se bloque d’un coup. Impossible de passer les vitesses. Panique à bord. Je m’arrête sur un zébra sur l’entrée de l’autoroute. Heureusement, j’arrive à débloquer la pédale qui était enfoncée. Ouf. Plus de peur que de mal. On continue donc à rouler tranquillement puis arrivons enfin à Séville. Il doit être aux alentours de 17-18h.

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« On vient de dépenser 200 euros pour une chambre et nous sommes à la rue »

Là, on tourne à la recherche d’une place de stationnement en centre-ville. En cherchant l’entrée d’un parking, je me trompe de chemin et la voiture se retrouve sur la Plaza de Santa Cruz, à l’entrée de la vieille ville. Je vais pour faire demi-tour sur cette petite place pour retrouver l’itinéraire de mon parking sauf que… la pédale d’embrayage refait des siennes. Impossible de démarrer. J’essaie pendant cinq minutes. Dix minutes. Quinze minutes. J’éteins le contact. J’essaie de la redémarrer. Rien à faire. La voiture ne bouge plus. Je passe un rapide coup de fil à mon cousin, qui me dit qu’elle est parfois un peu capricieuse, mais qu’a priori, elle finit toujours par redémarrer. Pas là. Elle est bloquée, bloquée, bloquée. Et je suis super mal garé.

Embêté, je contacte donc l’assurance de la voiture et leur explique : je suis mal stationné, quelque part à Séville. Il me faut une remorque rapidement. Leur réponse (pour la faire courte) : on s’en occupe, mais on ne sait pas comment. Je rappelle. Je rappelle. Je rappelle. Je les harcèle au téléphone jusqu’à ce qu’ils cèdent et me confirment qu’ils m’envoient une dépanneuse. Il est à peine 18h. La dépanneuse arrivera à 22h…

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Foutu pour foutu, en attendant la remorque, ma femme et moi essayons de réserver un endroit où passer la nuit. On épluche tous les sites de réservations, les bookings, hôtels.com & cie, le catalogue des Airbnbs, tout. On passe tout au crible. Problème : tous les logements affichent complet ou sont hors de prix. C’est un long week-end en Espagne et nous n’étions pas au courant. On double check les hébergements. Rien. Pas le choix, on cède donc finalement pour un obscur appart-hôtel à 200 euros la nuit. On se rassure en se disant qu’on est tout de même en voyage de noces et qu’on est aussi là pour en profiter. Donc profitons.

22h, la dépanneuse arrive. On souffle un peu. Déjà un problème de réglé. Enfin, de semi-réglé. On commande donc un Uber en direction de notre appart-hôtel. On arrive sur place. On sonne. Personne. On attend un peu. Personne. On sonne une nouvelle fois. Personne. On téléphone. Personne. On commence à s’inquiéter : il est 22h, on est à Séville avec nos bagages, on vient de dépenser 200 euros pour une chambre et nous sommes à la rue. Et on n’a même plus notre voiture pour dormir dedans « au cas où ».

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Je téléphone donc au site de réservation sur lequel on a booké notre chambre, qui me balade de service client en service client pendant une heure. Jusqu’à ce que vers minuit – et alors que je commence réellement à perdre patience – quelqu’un me dise enfin : « C’est bon, on va vous reloger ».

« Je les rappelle pour leur gueuler dessus »

Ouf. On est K.O. On n’en peut plus. On a juste hâte que cette journée se termine. On recommande un Uber et on file à l’adresse du nouvel hôtel, que la hotline est censée nous avoir réservé. Là, grande surprise : on débarque dans un palace 5 étoiles, super chic. Le plus prestigieux de Séville. Comme tous les hôtels sont complets, ils n’ont pas eu le choix que de nous surclasser. On est super contents. Même si, à peine arrivés, on doit encore se battre pendant une demi-heure pour expliquer à l’accueil que tout a été réglé et que c’est le site de résa qui est censé tout prendre en charge… Puis finalement, le mec comprend à peu près (après m’avoir quand même pris l’empreinte de ma carte bleue « au cas où ») et nous donne les clés d’une chambre pour qu’on puisse ENFIN aller se coucher.

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L’hôtel est dingue. On dort comme deux bébés. Et puis le lendemain, gros kiff, on se réveille avec un petit déjeuner royal. C’est l’éclaircie après l’orage. Mais vite, la réalité nous rattrape. On doit se justifier une nouvelle fois auprès de l’hôtel, qui n’avait pas tout à fait compris notre magouille de la veille avec le site de réservation. Rebelote, on passe une bonne heure au téléphone avec les différentes hotlines du service client et on arrive finalement à bout de ce micmac. Eureka ! Enfin… Il nous reste le deuxième chantier à régler, à savoir, comment rentrer à Marseille ? Oui, car nous avions prévu de faire le trajet dans la journée, puisque je reprenais le boulot le lendemain matin.

Me voilà donc reparti une nouvelle fois pour un marathon téléphonique. Impossible de rentrer avec la voiture : nous sommes dimanche, les garages sont fermés et la réparation ne se fera pas en un jour de toute façon. D’accord. L’assurance nous propose de nous faire rapatrier en avion. Problème : nous nous sommes fait voler nos papiers d’identité le premier jour de notre périple. Cette option-là n’est donc pas possible. Comment faire autrement ? Ils nous proposent de louer une voiture. J’émets un doute. Sans papiers d’identité, cela me paraît également impossible. Ils s’obstinent. Ils nous commandent un taxi, qui viendra nous chercher à l’hôtel vers 16h pour nous emmener chez le loueur de voitures. Après tout, ils doivent avoir plus l’habitude que moi de gérer ce genre de complication donc je n’insiste pas trop…

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16h, comme convenu, le taxi arrive et nous dépose chez le loueur de voitures… Qui refuse de nous prêter un véhicule sans papier d’identité. Je le savais, j’en étais sûr ! Je rappelle l’assurance pour leur gueuler dessus. Je perds patience. Déjà, j’ai toujours les cinq heures à attendre la dépanneuse d’hier en travers de la gorge… Au téléphone avec la nana de l’assurance, on épluche tout. Les trains sont tous complets. Les bus aussi. Je craque. Je les avais prévenus, ils n’ont pas voulu m’écouter. Puis à force d’aboyer, la nana finit par nous trouver une solution : un chauffeur va venir nous chercher dans une heure et nous ramener en voiture à Marseille. Sur le moment, j’ai du mal à y croire… Et c’est ce qui s’est passé : nous sommes partis à 18h le dimanche et nous sommes arrivés à 11h le lundi. Et la voiture ? On vient tout juste de la récupérer… Un mois et demi après ce voyage de noces qui restera à sa façon inoubliable.