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L’histoire incroyable de Léa : « Ils me sortent un énorme paquet noir, style brique de cocaïne et m’accusent de l’avoir ramené dans la boîte de nuit »

Une soirée, et toute une histoire.

Par
Anne-Laure Mignon
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Depuis cet été, un vendredi sur deux, URBANIA vous propose un rendez-vous de témoignages qui retrace des histoires incroyables. Des moments de vie en voyage, des naissances, des ruptures, des rencontres improbables, des défis insolites… Le genre de série que l’on a envie de scroller sur son téléphone sur la plage, aux toilettes ou même dans le métro. D’ailleurs, si vous aussi avez vécu une histoire incroyable et voulez la partager avec nous, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). En attendant, c’est Léa*, 27 ans, qui raconte…

C’était en avril 2019. À l’époque, je vivais à Madagascar. J’étais en alternance en communication dans une boîte spécialisée dans l’environnement et dans les énergies renouvelables. L’histoire se déroule alors que, mes amis et moi célébrions le pot de départ d’une de nos collègues à Tananarive, dans le centre de la capitale de Mada. Notre programme : apéro chez la nana puis départ en boîte de nuit. Une soirée on ne peut plus classique.

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L’apéro se passe sans accroc. Musique, cocktails, fumette, discours, cadeaux… rien à signaler. On passe tous un excellent moment. Puis ensuite, comme convenu, départ de chez elle vers minuit en taxi puis arrivée à l’entrée de la boîte, une demi-heure plus tard. Toujours rien à signaler. La soirée se passe à merveille. On est dans la queue pour entrer au Taxi-Be, un des clubs les plus réputés de la capitale. C’est ma première là-bas mais on ne m’en a dit que du bien. Apparemment le lieu est plutôt sympa, il rassemble des jeunes et moins jeunes de tous horizons et la musique y est assez cool. J’ai hâte.

Notre tour arrive. Le videur rechigne un peu à nous laisser passer parce qu’on est nombreux – classique – mais nous invite finalement à entrer. Nickel. On n’a même pas eu besoin de négocier plus de cinq minutes. À l’intérieur, effectivement le lieu, l’ambiance et la musique sont bonnes. Juste un peu étonnant, la moitié des gens sont déguisés. J’aurais du mal à définir le thème exact de la soirée mais je dirais un truc comme « flics de l’ancien temps ». En gros, certains sont affublés d’un képi, d’autres un gun des années 50 et encore d’autres une veste d’uniforme. C’est marrant, ça fait un peu tache dans le décor de la boîte de nuit, mais pourquoi pas. Bref, la soirée continue. C’est toujours le top. Encore une fois, la musique est cool et on rigole bien. Et puis à un moment donné, une pote à nous négocie pour qu’on puisse se rendre au deuxième étage du club. C’est un peu l’espace réservé aux V.I.P, avec scène privée et bar privilégié. La classe. Bonne nouvelle qui plus est, nous sommes tous les bienvenus !

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« Il a dû me voir jeter mon joint juste avant de rentrer dans la boîte »

On se dirige donc en nombre vers les escaliers qui mènent au deuxième étage de la boîte – je ferme la marche -, lorsque quelqu’un, un policier à en croire son brassard orange, me chope le bras et m’ordonne de le suivre sur un ton assez sec : « Madame, vous venez avec moi s’il vous plaît ». Incompréhension totale. « Que se passe-t-il ? ». Il ne me répond rien. Bref, pas le choix, je m’éloigne de mes potes et le suis à travers la foule en me demandant ce que j’ai bien pu faire de mal. Même si j’ai quand même une petite idée de ce qui pourrait m’être reproché : « Il a dû me voir jeter mon joint juste avant de rentrer dans la boîte ». Merde. Merde. Merde. Qui plus est, je connais les règles à Madagascar, et je sais que je risque gros. D’ailleurs, je profite du chemin derrière lui dans la foule pour jeter discrètement mon paquet de cigarettes, qui contient le reste de ma weed. Avec une grosse appréhension : que quelqu’un le ramasse et me le rende, sous les yeux du policier. Heureusement, ce scénario ne se produit que dans ma tête et finalement le paquet reste sur le sol et le flic et moi finissons par arriver à l’extérieur de l’établissement.

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Là, il me fait rejoindre deux mecs en tenues de militaires, fusils sur l’épaule, accoudés sur des grosses motos. Ils portent le même brassard orange que lui et sont physiquement assez impressionnants. Je vais me pisser dessus. Surtout qu’ils m’attaquent directement à coups de : « On sait ce que vous avez fait ». Descente d’organes. « Ils parlent du joint c’est sûr », me dis-je. « À moins que… En début de soirée, un de mes potes a eu une embrouille avec un flic pour une autre histoire de weed et il a payé un bakchiche, pour être tranquille. Peut-être ont-ils reconnu que j’étais avec lui ? Ou alors ils font juste partie des gens déguisés de la boîte et ils me prennent pour un jambon, parce que je suis une vaza (étrangère) ? ». Ça y est, je suis complètement confuse. Je n’ai plus aucune idée de ce que je fous là. Eux continuent : « On sait ce que tu as fait et tu vas venir au poste avec nous ».

« Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Comment est-ce que je vais me sortir de là ? »

Je suis toujours dans cet entre-deux, où mon cœur va sortir de ma poitrine tellement il bat fort, mais en même temps – c’est peut-être dû au fait que je sois ronde comme une queue de pelle – je ne peux m’empêcher de penser que tout ceci est une entourloupe. J’essaie donc de parler un peu malgache pour leur montrer que je ne suis pas une touriste. Sans succès. Et là, de nulle part, ils me sortent un énorme paquet noir entouré de ruban adhésif, style brique de cocaïne dans les films et m’accusent de l’avoir ramené dans la boîte de nuit. « Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Comment est-ce que je vais me sortir de là ? », je me demande, toujours paralysée de stress. J’essaie de négocier d’aller chercher un ami malgache à l’intérieur de la boîte pour qu’il m’aide à traduire tout ce dont ils m’accusent. Au début, ils sont rédhibitoires, c’est non, non et non. Puis au bout d’une dizaine de minutes, ils cèdent. Ok pour aller chercher mon ami mais à la seule condition que l’un d’eux m’accompagne. Ils veulent être sûrs que je revienne. Ça me va. Je retourne donc à l’intérieur de la boîte, à moitié escortée par le flic qui m’a interpellée.

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Au bout d’à peine deux mètres dans la foule, le mec se fait alpaguer par un groupe de nanas (des prostituées) et commence à parler avec elles. Je l’attends un mètre plus loin. Ils discutent. 2 minutes, 5 minutes, 7 minutes… Je me rends compte que le type m’a COMPLÈTEMENT zappé. J’en profite donc pour me tirer rapidement et rejoindre mes potes au deuxième étage, en espérant qu’ils y soient toujours. Et c’est bel et bien le cas. Là, je leur explique la situation complètement paniquée : le brassard, la weed, les deux militaires sur leurs motos, le paquet de cocaïne, les prostituées… Eux me calment et me certifient : « Ce ne sont pas de vrais policiers, ils ont juste voulu voir s’ils pouvaient t’arnaquer. Tu as bien fait de te méfier ».

Ouf. Je suis soulagée, même si j’ai encore la boule au ventre de les croiser, quand on sortira de la boîte. Mes potes me rassurent : « T’inquiète, on est tous avec toi ». On se tire immédiatement. En passant, on récupère mon paquet de clopes – tout de même – qui était par chance toujours au milieu de la piste de danse et on se casse. Miracle, en sortant, plus de militaires, plus de mecs, plus de motos, plus de paquet de cocaïne…

*Le prénom a été modifié

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