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L’histoire improbable de Pauline : « Pour plaisanter, un des flics me propose le lit réservé aux gardes à vue »
C’est reparti ! Les histoires incroyables sont de retour. Cette fois, c’est Pauline, 29 ans, qui nous raconte son trajet interminable…
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Ça s’est passé cet été. J’avais une cousinade d’organisée à Dole, petite bourgade située à 50 km de Dijon. Le plan était tout simple : je devais prendre un premier train Nantes-Paris en début de soirée puis un second train Paris-Dole, dans la foulée. Arrivée prévue à 23h30. End of the story.
Sauf que… C’était sans compter les perturbations dues à la canicule, le jour J. Gros bordel à la SNCF, tous les trains sont retardés. J’arrive donc à Paris vingt minutes plus tard que prévu. Problème : mon prochain train part dans quarante minutes d’une autre gare (Montparnasse pour les connaisseurs), située à une bonne demi-heure de transport. Je suis donc clairement ric-rac. En plus, c’est le dernier train de la journée, donc si je le loupe, je dors à Paris.
Je préviens rapidement une pote, savoir si elle pourrait m’héberger, au cas où. Sa réponse est oui. Cool, me voilà soulagée. J’ai un plan B. Je me démène quand même pour attraper ma correspondance. Je cours partout, et EUREKA, j’arrive dans le train de justesse (lui aussi était en retard).
« Véronica Mars, je te maudis »
Je m’installe à ma place. J’ouvre mon ordi et je lance ma série du moment : Véronica Mars (no comment). Concentrée, j’en oublie mon environnement et l’heure qu’il est. J’entends vaguement le chauffeur annoncer que pour compenser notre retard, il ne s’arrêtera que quelques minutes à chaque gare, mais je ne réagis pas.
Épisode 4. Épisode 5. Fin de l’épisode 5, je sors momentanément de ma transe. Je jette un œil par la fenêtre et observe : j’arrive en gare. Le conducteur baragouine le nom de l’arrêt – que je ne comprends pas puisque j’ai toujours mes écouteurs vissés sur mes oreilles – mais sûre qu’il s’agit du mien, je rassemble mes affaires en deux-deux et sors en trombe. Les portes du train se referment derrière moi. Il repart. Je regarde ma montre : 22h30.
Sur le quai, personne. C’est le désert complet. J’avance vers la gare et je croise un employé de la SNCF. Je lui demande – convaincue de la bonne réponse, juste étonnée que la gare soit aussi vide – « On est bien à Dole ici ? ». Ce à quoi il me répond : « Ah non, pas du tout ! Ici on est à Montbard. Dole, c’est dans 4 arrêts ». What ?
Merde. Merde. Merde. Je suis descendue du train trop tôt. Je lui demande donc ce que je peux faire pour rejoindre Dole. Il grimace. Il m’annonce un peu embêté pour moi : « C’était le dernier train. Je suis en train de fermer la gare ». Il ajoute : « Puis ici, on est dans un endroit un peu paumé… Vous ne trouverez pas grand-chose…». Effectivement, je suis entourée de champs. Super. Il confirme ensuite mon diagnostic : je suis à 1h de train, 2h30 de voiture de Dole. Véronica Mars, je te maudis.
« Qui aurait cru que Montbard serait The Place to Be »
Il est 22h45, il ferme la gare. Il m’accompagne pour checker les deux hôtels du coin. Ils affichent complets. Dans ma tête, j’hallucine : «What ? Mais qui dort à Montbard, sérieux ?». Bref, le mec finit par se barrer, un peu désolé de me laisser solo, mais en même temps qu’est-ce qu’il pouvait bien faire pour m’aider ?. De mon côté, je continue à rechercher des hôtels aux alentours. Même combat, tous affichent complets. « Qui aurait cru que Montbard serait The Place to Be ? ».
Je continue à scroller les hôtels et à leur téléphoner. Quand une voiture de flics arrive. Ils viennent me voir. Je leur refais le topo. Train pour Dole. Véronica Mars. Montbard. Hôtels complets… Sympa, ils m’aident à rechercher côté Airbnb. Rien. Même à une heure de route, tout est complet… « Dans quoi est-ce que je me suis encore fourrée comme galère ? Je me sens hyper con ».
Dans ma tête, je fais défiler les hypothèses. Je peux toujours dormir devant la gare en attendant le premier train pour Dole… Pour plaisanter, un des flics me propose le lit réservé aux gardes à vue. Je suis carrément partante ! Ça m’éviterait de devoir dormir dehors ou de payer une nuit d’hôtel…
Bref, ce n’était malheureusement qu’une plaisanterie. On continue donc tous les trois à chercher une solution quand l’un des deux finit par se souvenir que la mère de son ex tenait un hôtel, à une demi-heure en bagnole. Il l’appelle. Il négocie une chambre (parce que lui aussi affiche complet). Elle finit par accepter de me louer une petite piaule que l’hôtel ne propose normalement pas, parce que trop près de la route donc trop bruyante. J’accepte. 80 balles. Clairement j’aurais préféré la cellule…
Mais bon… Je ne chipote pas. Après tout, c’est de ma faute. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même. Me voici donc en route avec les deux policiers (qui sont hyper sympa de s’être occupés de moi). Ils me déposent à l’hôtel et repartent. Je dors. Puis je me réveille le lendemain avec le même but que la veille : rejoindre ma cousinade.
« C’est de nouveau le cirque »
Je descends à la réception. On m’informe qu’il y a un bus pour Dole à 9h30. Parfait. Je sors de l’hôtel. Je demande mon chemin. Et là, c’est de nouveau le cirque. Untel me dit que l’arrêt de bus est à côté de la pharmacie, untel m’emmène en face du tabac… Résultat : 9h40, je n’ai pas toujours pas trouvé l’arrêt et l’ai loupé mon bus… Bon… Je soupire un grand coup et me rabats sur l’option de faire de l’autostop. Je retourne à l’hôtel pour demander un carton et un feutre à la nana de l’accueil. Elle me file un set de table en papier et un bic. Ça fera le taff.
Me voilà repartie. Je marche une demi-heure pour rejoindre la route et je commence à faire du stop. Je suis finalement prise par une voiture qui me dépose à je-ne-sais-plus quelle-gare. Je prends ensuite le train pour Dijon. Puis un nouveau bus Dijon-Dole. J’arrive finalement chez mes cousins à 14h34. ENFIN. Sauf qu’avec tout ça, il est presque déjà temps de repartir…
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Si vous aussi avez vécu une histoire incroyable, qu’il s’agisse d’un braquage sanguinolent (mais qui finit bien), d’un voyage complètement loufoque, d’une histoire un poil honteuse ou comme Pauline, d’un trajet interminable, n’hésitez pas à nous écrire à [email protected] (à l’attention d’Anne-Laure Mignon). Nous nous ferons une joie de la retranscrire – avec humour – dans nos colonnes.