« Vous aussi, vous avez tapé « lesbian kissing scene » sur Youtube, en espérant tomber sur des vidéos montrant la beauté d’un baiser lesbien ? Vous aussi, vous vous êtes déjà indigné·es contre ces films qui finissent toujours mal, où nos cousin·e·s sont irrémédiablement séparé·e·s ou tué·e·s ? », s’interroge l’équipe du futur et tant espéré podcast, Lesbiennes au coin du feu (dont la cagnotte en ligne est toujours ouverte aux contributions).
Moi j’ai naïvement tapé « Lesbiennes au coin du feu » dans Google pour retrouver le site de la cagnotte en ligne, et… disons que le #SEOlesbienne a, hélas, encore du pain sur la planche pour améliorer le référencement du terme sur Google.
Mais revenons à nos moutonnes. C’est vrai que des histoires lesbiennes qui se passent bien, sans trop de drama, racontées par des queers et pour des queers… c’est encore trop rare dans les films, séries, livres ou podcasts. Et il est temps que ça change. Si tout se passe bien (on compte sur vous), dès novembre, des témoignages d’histoires d’amour lesbiennes heureuses seront diffusées sur toutes les plateformes d’écoute grâce aux « Lesbiennes au coin du feu ».
« L’idée de podcast a émergé de la rencontre entre Athina Gendry, journaliste qui mène des recherches sur le lesbian gaze et Costanza Spina, fondatrice de Manifesto. Un double constat a amené à développer cette création autour des relations lesbiennes : celui du manque persistant de représentations des amours gouins, et d’une critique des histoires trop souvent dramatiques qui existent au cinéma. L’ambition est de fournir les modèles dont tant de personnes LGBTQIA+ ont manqué et dont on manque encore », écrit Apolline Bazin, rédactrice en chef de Manifesto XXI, sur LinkedIn.
« Nos amours doivent être racontés et transmis. Le fait de montrer que nos histoires d’amour ne peuvent pas être pérennes, est souvent repris par l’extrême droite comme argument pour “prouver” qu’on est instables ou qu’on ne peut pas créer de familles, par exemple. Alors c’est important de montrer que nos histoires aussi peuvent être belles, pas forcément sur la durée, mais qu’on peut avoir autre chose que des amours éphémères, passionnels ou qui se terminent de manière dramatique », m’explique Athina au bout du fil, avant de préciser que le podcast invite des femmes et personnes lesbiennes, bies ou pans, seules, en couple ou à plusieurs, à raconter un souvenir heureux de leur vie amoureuse.
Mais c’est quoi une belle histoire, au juste ?
« Ça peut être une rencontre d’une nuit, une amourette de vacances ou une histoire qui remonte à très longtemps, en cours ou passées, mais dont on garde un beau souvenir, malgré tout. Bref, on veut diffuser des histoires lesbiennes pour donner le sourire, émouvoir et faire rêver. Il faut qu’on se satisfasse de choses qui nous ressemblent aussi. Le moment est venu ! »
C’est aussi pour laisser des traces de belles histoires queers, pour les archiver et les transmettre que le podcast des Lesbiennes au coin du feu prend tout son sens. « Ne serait-ce que pour montrer aux futures générations la manière dont on “relationne”, leur montrer comment on règle nos problématiques de couple, etc. Parce que la pop-culture, dans laquelle on baigne, ne nous aide pas du tout à voir comment on vit dans la vie réelle ! Par exemple, le polyamour, quand c’est bien raconté, on comprend que ce n’est pas si compliqué ni malsain, comme on l’entend souvent. Bref, on veut montrer des choses saines, donner des outils, et des modèles d’inspiration », lance Athina, convaincue qu’à force de ne voir, lire, écouter que des histoires queers larmoyantes, « on devient trop cyniques, et c’est dommage ».
L’équipe du podcast est d’ailleurs en quête d’un dernier témoignage*. « On a surtout recueilli des histoires de relations polyamoureuses pour le moment ! (rires) Mais on veut varier les plaisirs… », explique Athina avant de rappeler qu’un épisode bonus pour la Saint-Valentin sera également offert aux auditeurs.trices. Au programme : 1 épisode de 3 fictions érotiques de 3 minutes écrites par Charline Curtelin, Sophie Andry et Romy Alizée.
En attendant, une soirée de soutien est organisée le 22 octobre pour fêter la (presque) fin de campagne de financement du podcast. « Les personnes ayant participé au crowdfunding pourront aussi venir récupérer en mains propres leurs stickers, cartes postales, boîtes d’allumettes et cadeaux mystères », précise l’équipe de Manifesto XXI sur la page de l’événement qui se déroulera à la folie Paris.
« Petit message aux alliés avant la fin de notre campagne de financement : c’est le moment de banquer !! (rires) Plutôt que de financer des films avec des adieux sur des quais de gare, financez nos belles histoires ! » Tout est dit. Ou presque.
« Un jour, en discutant avec Anne-Fleur Multon, elle a lancé une phrase qui résume tout, je trouve : “Même si nos amours ne peuvent pas être oublieuses du monde qui nous entoure, ça peut être beau quand même” », me lance Athina avant de raccrocher, me laissant songeuse et, m’incitant presque à témoigner… Restez à l’écoute.
*Pour témoigner, il suffit d’envoyer par mail ([email protected]) un petit résumé de l’histoire que vous souhaitez raconter. Plus d’infos ici.