Les meilleurs et pires logos de 2021

Mine de rien, la « logosphère » mondiale a fait son chemin en 2021, insensible aux variants viraux, aux passeports sanitaires et même à la multiplication des téléréalités. Parce que l’identité visuelle s’intègre lentement à nos vies, l’année qui s’achève (enfin) est une excellente occasion de faire un bilan. Outre le clin d’œil en couverture, il ne sera pas question ici de Squid Games ni d’aucune sorte de calmar. Go, logos !

Entamons la revue par un logo québécois, récipiendaire d’un prix au dernier concours Idéa. Le studio montréalais Wedge a créé pour la crèmerie végétalienne Swirl un logo typographique qui semble sur le point de vous couler sur les doigts, tout en communiquant la fraîcheur, le dynamisme et le plaisir. Vive la crème molle folle !

Kinema est une plateforme américaine de partage de films dont le nouveau logo, conçu par Mucho, est radicalement old school. La typo anguleuse (aucune lettre n’est ronde dans K-I-N-E-M-A) s’appuie sur un « KI » qui représente un bon vieux projecteur de cinéma, ou le genre de caméra qu’aucun.e jeune cinéphile n’a jamais vue. La charte graphique se décline en élégantes dominantes mauves sur fond noir, créant une ambiance nocturne de ciné-club.

Basée en Suède, Mojang est l’équipe derrière le célèbre jeu Minecraft. Pour être en phase avec son œuvre – et parce que le design aussi est un jeu –, elle a permis à l’agence Bold d’exploiter la grille de création des blocs Minecraft (16×16) pour chacune des lettres de son logo. À l’ère des identités mobiles, la nouvelle image de Mojang connaît une vie palpitante en deux et trois dimensions, dans un esprit ludique très nippon.

Jouer avec l’emblématique fleur de lys peut être dangereux : il suffit de voir le cas du Parti Québécois (PQ) (ci-dessous) ! C’est pourtant ce qu’ont fait les concepteurs de ce logo en combinant la flore et la faune pour donner naissance au redoutable lion-de-lys du club de hockey des Lions de Trois-Rivières. Le roi des animaux saura-t-il imposer le respect aux équipes de l’ECHL ? En attendant, les fans rugissent de plaisir.

Et s’il suffisait de voir l’image de marque comme un jeu pour trouver des solutions fonctionnelles et drôles ? Pari réussi pour le cabinet d’architectes britanno-colombien HCMA, qui a dessiné son propre logo en déformant les quatre lettres jusqu’à ce qu’elles forment un rectangle, au péril de la lisibilité du M ! Accompagné d’une charte graphique d’inspiration suisse et de couleurs savamment choisies, ce logo à fort impact se décline avec bonheur !

Comme vous l’aurez deviné, Rädda torsken! signifie « Sauvez la morue! » en suédois. Ce logo très « déco », dont le but est littéralement de sauver la morue (suédoise), s’articule sur trois symboles complémentaires : le cœur (la passion), le sablier (le temps), et la courbe croissante (la pénurie). L’ensemble forme un poisson hyper stylisé qui se décline sur de multiples supports.

Impossible de faire sourire avec une campagne contre le suicide ! Du calme, voici CALM (Campaign Against Living Miserably, soit « Campagne contre la vie misérable »), une initiative britannique qui tente d’insuffler l’espoir grâce à une imagerie colorée et très assumée. L’approche visuelle développée par le studio londonien Reed Words cible clairement les jeunes, et se situe à mi-chemin entre les affiches de concerts et les comics. Plutôt que de s’apitoyer, on provoque le changement !

Realm est un producteur américain de podcasts et de livres audio de fiction, du « cinéma pour vos oreilles », d’où le recours à Ruby, la mascotte rigolote qui tient le rôle du R et qui définit le reste du logo. Realm illustre aussi le retour en force des polices des années 70 qui soufflent un vent de fraîcheur sur le monde souvent aride de la typographie. C’est une création de Mother Design, de New York.

Le dévoilement du logo du film Dune, en avril, était un événement en soi. Rien ne vaut un design minimaliste pour illustrer une saga intersidérale. C’est donc la répétition d’une forme pure qui dessine les quatre lettres de DUNE. Un coup de chance, car rares sont les titres qui offrent cette possibilité. Notons que dans la toute première version, les graphistes avaient négligé d’ajouter l’élément horizontal dans le E, ce qui avait fait dire aux fans les plus susceptibles que le film s’appellerait DUNC. Duh.

Voilà un savant mélange de malentendus, de mauvaises idées, de manque d’inspiration et de frustration, sur lequel je m’étais étendu en janvier. L’année commençait en beauté.

Le vénérable groupe General Motors vient de réviser son image « pour accentuer son futur dans l’électrique ». Le futur de GM semble quand même avoir une quinzaine d’années de retard sur celui du reste de l’humanité, si l’on en juge par ce dégradé douteux, ce petit relief photoshopé et cette typographie très 2000. Qu’est-ce qui pourrait aller mal ?

Vedette involontaire d’une campagne fédérale vite oubliée, ce sous-logo du Parti conservateur du Canada essaie de dire « Agir pour l’avenir », mais s’emmêle dans des traits maladroitement agencés. Pour comprendre d’où vient ce naufrage, il faut se reporter au vrai logo, celui qui a été pensé in English. On y comprend mieux le principe du cadenas entre le U et le R. L’adaptation bâclée en français, conjuguée à la proximité du C unifolié, explique-t-elle la défaite des conservateurs ?

Créer un nouveau symbole graphique efficace et élégant n’est pas à la portée du premier venu. Le Angel City Football Club, nouvelle équipe féminine basée à Los Angeles, vient d’en faire la démonstration. À la base, dessiner un ange rose dans le but d’évoquer le sport, c’est un méchant défi… qui requiert un solide talent en illustration. Sinon, gare au cul de poule, aux ailes biscornues et à la face plate. Des maladresses que le blason et la typographie ne parviennent pas à rattraper.

Ce logo n’est pas laid ni choquant, ni même surprenant. En fait, son problème ne se voit pas avec les yeux : c’est une question politique. Comme son nom l’indique, le Musée des beaux-arts du Canada est une institution nationale. Or, la création de sa nouvelle image de marque a été confiée à AREA 17, une agence américaine. Si les institutions canadiennes ne sont pas fichues d’adopter des politiques d’achat local dans un pays où le design graphique est pourtant florissant, on a un sérieux problème.

« Nous ne sommes pas une méchante pétrolière polluante : nous avons un nouveau nom et un logo arc-en-ciel ! »

Le Parti Québécois vient de dévoiler son nouveau logo. Au premier coup d’œil, rien de grave : le triangle vert laisse place à une fleur de lys, tandis que le bleu se fonce. Mais vous savez comme sont les gens. Ce bleu est volé aux conservateurs. C’est le retour de Québecair. C’est un serpent qui se mord la queue, ou un teckel qui court après la sienne. Le gagnant de ce concours de sarcasmes, c’est l’internaute qui a trouvé la ressemblance troublante… avec le logo d’une entreprise du Kazakhstan ! Borat style.

Est-ce bon ou mauvais ? Est-ce même un logo ? Candidat controversé à la présidence de la République française, Éric Zemmour apparaît sur ses affiches à côté d’un grand Z qui attire l’attention. Z comme Zorro ? Comme la dernière lettre de l’alphabet ? Comme zzzzzzz, le sommeil ou la mouche du coche ? Personnellement, ça m’évoque surtout Z, de Costa Gavras, un beau film de Noël qui parle de corruption politique !

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Sur ce, passez de belles Fêtes et soyez sages comme des images (de marque) !