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Ah, en voilà un sujet qui enflamme les débats, en particulier entre féministes et masculinistes, les seconds mettant parfois une énergie folle à tenter d’expliquer qu’il n’y aurait, en réalité, pas de discrimination de genre dans le monde du travail. On entend parler de 25%, de 15%, de 5%, de 2% d’écart salarial entre hommes et femmes, en moyenne, dans les entreprises françaises ? Vous aussi vous êtes perdu.e.s ?
Pas de souci, on revient aujourd’hui en détails sur les réalités des inégalités salariales en France.
Inégalités et discrimination, la nuance qui change tout
Pour comprendre la réalité des inégalités salariales en France, il faut en fait avoir plusieurs niveaux de lecture.
Selon les chiffres de l’INSEE datant de 2017 sur le salaire moyen des Françaises et des Français, les hommes gagnent 1968 euros nets par mois, là où les femmes en gagnent 1505 euros. Un écart important donc, de l’ordre de 23%, qui cache en réalité plusieurs éléments.
Tout d’abord, ce chiffre est calculé sur la moyenne de tous les citoyen.ne.s. Ainsi, il ne prend pas en compte les disparités liés au contrat ou au temps de travail (CDI temps plein versus CDD temps partiel par exemple).
Ainsi, si l’on décide de calculer l’écart salarial sur la base d’un contrat de 35 heures semaines, pour faire disparaître ces disparités liés à la diversité des contrats de travail, on passe à un écart de “seulement” 16,8%, en faveur des hommes, qui sont toujours mieux payés que les femmes.
En moyenne, les femmes sont donc, toujours en 2022, discriminées par leur genre, à hauteur de 5,3%.
Pourquoi ? Parce qu’il y a évidemment des différences liées au secteur, d’une part : les métiers les plus féminisés, en particulier les secteurs du care (infirmières, aide-soignantes, assistantes à domicile, etc) sont en général moins valorisés et donc moins rémunérés.
D’autre part, le niveau de responsabilité rentre aussi en ligne de compte : à cause du plafond de verre, plus l’on monte dans les échelons d’une entreprise, et moins il y a de femmes. Ces emplois étant généralement bien mieux payés … Vous en déduisez facilement que le capital économique des entreprises appartient plus aisément aux hommes.
Ainsi, si l’on décide d’aller encore plus loin et de calculer l’écart salarial “toutes choses égales par ailleurs”, à savoir un profil similaire, avec même niveau de diplôme, de compétences, et même poste, on obtient un chiffre de 5,3%.
En moyenne, les femmes sont donc, toujours en 2022, discriminées par leur genre, à hauteur de 5,3%. Si l’écart peut s’expliquer en partie par les raisons évoquées plus haut, ces 5% restants, inexplicables, relèvent là de la discrimination pure.
Des inégalités qu’on peut effacer ?
Quand on a exposé ces chiffres, et qu’on travaille comme moi dans les sphères féministes, on entend parfois certaines réactions étonnantes : « Les femmes n’ont qu’à travailler plus », « Faire moins de temps partiel », « Gravir les échelons plus vite ».
Si c’était seulement aussi simple…
En effet, les femmes sont surreprésentées dans les contrats précaires et à temps partiel, pour plusieurs raisons, notamment l’arrivée du premier enfant dans le foyer. Gagnant moins, c’est plutôt elles qui “décident” de passer à temps partiel, voire d’arrêter complètement leur carrière pendant un temps, pour s’occuper de l’enfant de la famille. Elles perdent donc en revenus, une perte qui se reflète sur le temps long : quand elles reviennent sur le marché du travail, elles sont bien souvent discriminées par cette pause.
Un moyen simple de réduire ce plafond de verre serait d’établir un congé parental non genré, égal pour les deux parents du foyer.
Pourtant, un moyen simple de réduire ce plafond de verre et donc ces inégalités salariales serait d’établir un congé parental non genré, égal pour les deux parents du foyer : tout le monde passerait autant de temps à s’occuper de son enfant, les employeur.e.s n’auraient ainsi plus d’excuses pour préférer un profil masculin à un profil féminin, puisque les deux auraient pris une pause de carrière équivalente.
Cela permettrait aux femmes de mieux gagner leur vie, en accédant à des postes plus prestigieux. Concernant les contrats à temps partiel, ils seraient eux aussi plus facilement pris soit par le père ou la mère, indépendamment du salaire gagné.
On avance… doucement
La bonne nouvelle (car il y en a une), c’est que cet écart salarial a pas mal baissé depuis dix ans. Si l’on prend les chiffres calculés en 2012 sur le sujet, on remarque que l’écart salarial “toutes choses égales par ailleurs” est passé de 10,5% cette année là, à 5,3% aujourd’hui.
Que nous montre cette évolution ? Que la discrimination à l ’encontre du genre féminin baisse peu à peu en entreprise, ce qui est une bonne chose.
L’écart global, lui, diminue également, mais beaucoup moins lentement : il est passé de 25,7% en 2012 à 23% aujourd’hui. Un bon moyen de garder le cap, et pour les associations et lobbies féministes, de continuer leurs efforts pour que les chiffres continuent d’évoluer dans le bon sens !