Si je vous demande de vous imaginer Wall Street, vous invoquerez sans doute des images de messieurs frais rasés, avec de jolis bronzages, qui crient fort dans leurs habits à 3000 euros.
Il est beaucoup moins probable que vous pensiez à une dame.
On a tendance à croire que la bourse, c’est une affaire d’hommes. Et si on se fie à la démographie de Wall Street, ce n’est pas faux; le centre du monde capitaliste est encore largement dominé par les hommes. Ça fait à peine un an qu’une femme a été nommée pour la première fois à la tête d’une grande banque américaine.
Pourtant, si on se fie aux chiffres de la firme Fidelity partagés par le New York Times, les femmes seraient bien meilleures pour gérer votre portefeuille d’investissement. En effet, sur une période de 10 ans, les gestionnaires de la gent féminine ont eu des rendements supérieurs de 0,4 % comparativement à leurs collègues. Ça peut paraître minime, mais quand on gère des millions de dollars, c’est une sacrée différence.
Comment expliquer cela ?
En faire moins
Le secret des femmes ? Elles en font moins que les hommes (l’ironie, hein).
On le répète toujours : la pire affaire quand le marché se met à bouger, c’est de se mettre à paniquer et à prendre des décisions impulsives. En général, la chose la plus sage à faire est d’attendre; avec le temps, on est gagnant.e.s.
Les femmes seraient beaucoup moins portées aux excès de confiance que les hommes.
Mais même les investisseurs professionnels qui sont payés des sommes gargantuesques pour suivre le cours des marchés ne suivent pas toujours ce conseil. Pourquoi ? Parce qu’on est humains. On ne veut pas dire à notre client.e qu’il ou elle est ruiné.e parce qu’on a regardé le cours des actions dégringoler sans rien faire.
Et surtout, on pense toujours qu’on est LA personne qui va flairer la bonne affaire et battre le marché.
En fait, je dis « on », mais ce sont surtout les hommes qui font trop de transactions, jusqu’à deux fois plus que leurs collègues féminines. Pourquoi ? Les femmes seraient beaucoup moins portées aux excès de confiance que les hommes.
Et là, on vous parle pas de conneries pseudoscientifiques (les femmes sont tellement plus douces, les hommes c’est des chasseurs, entendez mon cri viril).
Selon le neurologue-investisseur William J. Bernstein, il y aurait une coupable : la testostérone. Cette hormone typiquement masculine aurait pour effet de diminuer la peur et d’augmenter l’avarice et la confiance. C’est aussi l’une des coupables pour la durée de vie plus courte des hommes; la testostérone nous fait croire qu’on est capables de conduire à 200 km/h sur l’autoroute comme si on était James Bond.
On n’est pas capables.
Les côtés sombres du manque de confiance
Cette confiance en soi plus mesurée de la gent féminine vient avec ses avantages et ses inconvénients.
En plus des avantages déjà mentionnés, les femmes seraient également plus disciplinées dans leurs transactions financières.
Avant d’acquérir une entreprise, par exemple, elles feraient davantage leurs devoirs, prenant le temps de lire sur l’entreprise, ses résultats financiers, le marché, etc.
Même si elles performent mieux que leurs collègues masculins, elles sont une majorité écrasante à croire qu’elles feront MOINS bien qu’eux.
Les hommes feraient confiance à leurs « guts ». Parlez-en à Rupert Murdoch, qui a payé 580 millions pour acheter MySpace… en 2005 (il l’a revendu pour 35 millions en 2011).
Mais l’inconvénient, vous le devinez déjà; les femmes se font moins confiance, et c’est une des raisons pour lesquelles elles se tiennent loin du monde des finances. Même si elles performent mieux que leurs collègues masculins, elles sont une majorité écrasante à croire qu’elles feront MOINS bien qu’eux.
Et même en matière de finances personnelles, ce manque de confiance se fait ressentir; si 50 % des hommes se disent confiants quant à leurs décisions d’investissements, ce chiffre tombe à 42 % pour les femmes. Et moins du tiers des millénariales ont confiance en leurs capacités.
On vous dira pas « let’s go les filles, vous êtes capables ». Ça dépend de chacune. Mais une chose est sûre, en tout cas : vous n’êtes pas pires que les gars !