.jpg)
Oui bonjour, oui pardon. Tu as de petits yeux fatigués, mon pauvre chaton. Tu n’as plus de repères, tu tournes en rond. Plus rien d’extraordinaire, au pays des faux champions.
Tu te remets en question, tu te compares aux gens autour de toi. Ils ne semblent pas plus heureux de toute façon, est-ce que ça te fait une petite joie ?
Qu’est-ce qui arrive si tu ne saisis plus toutes les opportunités ? Si tu ne vis plus la hustle life à chaque instant. Si tu passes ton tour sans culpabiliser, seras-tu devenu… un fainéant ?
Si c’était la fin du monde dehors, arrêterais-tu ton marathon ? Parce que c’est un peu la fin du monde dehors, et toi, tu cours encore comme un con. Tu cours vers quoi, tu cours vers où ? Tu as déjà de l’argent devant toi, tu en as serré un peu partout.
Ce que tu es, c’est un gros privilégié. Pourtant, plus ta vie est facile, plus tu fais de l’anxiété. Tu finis toujours à bout, malgré la douceur du chemin. Tu veux tellement tout, qu’on dirait que t’as rien.
« LOVE WHAT YOU DO AND YOU’LL NEVER WORK A DAY IN YOUR LIFE »
WOW ! Ça l’air cool. Se faire vendre du rêve à grands coups de citations connes. Que celui ou celle qui n’a jamais l’impression de travailler lève la main. Ah ben voilà, aucune main levée ici, on s’en doutait bien.
C’était quoi au fait, tes passe-temps ? Tu devrais peut-être en faire une carrière. Faire de l’argent avec tes talents, c’est apparemment la seule façon d’en être fier. Est-ce que tu gaspilles ton potentiel si tu ne rentabilises pas toutes tes qualités ? Tes accomplissements doivent être au pluriel, inscrits en gros sur ton CV.
Tu pourrais retourner aux études dès demain, te donner l’impression de reprendre les choses en main. Mais étudier serait seulement ta nouvelle façon de prendre la fuite. Lorsque tu te sentiras inadéquat, tu hurleras tes nouveaux titres.
Tu courras vers ta prochaine passion, en espérant être soulagé. Vivre sa vie dans l’action, c’est la seule bonne façon d’exister. Pourtant, tu culpabilises quand tu es trop occupé, et tu culpabilises quand tu ne l’es pas assez. Tu ne peux pas gagner, on dirait bien. T’es occupé, même quand tu ne fais rien.
« FAKE IT TILL YOU MAKE IT »
C’est ce qu’ils disent, les grands sages. Tu attires les belles choses, lorsque tu prends soin de ton image. Tu t’entoures donc de gens à succès, aux accomplissements les plus gros… et tu t’ennuies de ceux et celles avec qui tu te sentais bien en vrai, et non pas seulement en photo.
Peut-être que le bonheur ne se trouve pas là où on pense. À faire semblant de rire à gorge déployée sur tous les réseaux, abondance et dents trop blanches.
Tu sors de ta zone de confort, tu es un être remarquable. Rien de plus fort, que de passer ta vie inconfortable. Mais la petite dose d’adrénaline, tu ne l’apprécies pas tant. Elle te donne des migraines et des cheveux blancs. Les Advil se font aller. Une solution facile, l’estomac brûlé.
Un petit moment porno pour t’évader, dopamine cheap que tu consommes bien bandé. Tu scroll les vidéos à la recherche du bonheur. Tu te vides les couilles, tu te vides le coeur.
On dirait que t’as le contrôle sur tout, sauf sur comment te tu sens. C’est normal, tu n’es pas fou, tout le monde fait un peu semblant.
« FIND YOUR PASSION AND LET IT KILL YOU »
Let it… kill you? Hey, ça donne envie. Peut-être que la recette miracle n’existe pas, finalement. On voudrait en profiter, mais on ne sait pas comment. Apprendre à se laisser porter par le vent, se contenter de respirer. Peut-être que l’important, c’est comment on se sent, et non ce dont on a l’air sur papier.
Au lieu de « mordre » dans la vie, on pourrait peut-être lui donner de petits bisous. Ça éviterait sûrement quelques cris, ce serait beaucoup plus doux.
Pas obligé de faire des plans, d’être constamment stimulé. De fuir tout moment de silence et d’immobilité. Lorsque le projet du moment sera fini, on ne sera pas plus avancé. On sera revenu à la case départ, on se sera remis à trembler.
On recommencera alors à faire semblant, tels de grands artistes. Les autres suivront le bal en souriant, un spectacle bien triste.